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mardi 4 février 2025

Editorial. Les réseaux sociaux jouent désormais contre la démocratie républicaine


Il est rare qu’un raciste défile tout seul dans une ville avec banderole, mégaphone et autres ustensiles du parfait manifestant en éructant des propos abjects.

Une foule, elle, le fait.

Ce n’est évidemment pas une découverte tant les phénomènes de foule avec leurs comportements haineux et violents ont été documentés.

Les lynchages aux Etats-Unis au cours des deux derniers siècles en sont parmi les exemples les plus répugnants.

Or donc pour déverser sa haine, sa rage, ses insultes et inciter à la violence, il vaut mieux se réunir à la fois pour voir qu’on n’est pas le seul à les partager et pour se donner du «courage» ou plutôt pour se chauffer les uns les autres pour devenir des haineux et souvent passer au stade supplémentaire de brutes belliqueuses protégées par ses congénères.

Mais il n’était pas toujours facile de se retrouver et de se mobiliser dans l’«ancien temps» quand internet n’existait pas même si les chasses aux sorcières sont souvent parties des places de village ou des tavernes, voire des lieux culte...

Depuis une vingtaine d’années, les réseaux sociaux ont permis ces rencontres et ces mobilisations.

Citons-en deux particulièrement emblématiques: le mouvement du Tea party aux Etats-Unis en 2008 et celui des Gilets jaune en France en 2018.

Et il y en a qui ont compris tout l’intérêt d’utiliser ces nouveaux moyens de communication: les populistes et les extrémistes.

Ainsi du Tea party récupéré par l’aile extrémiste du Parti républicain et des Gilets jaunes récupérés par LFI et le RN.

Des populistes et des extrémistes qui ont compris également que les médias, notamment audiovisuels et plus particulièrement les chaines d’info en continue, seraient friands de cette soi-disant «colère du peuple» et feraient les parfaits vecteurs de leurs mises en scène haineuses.

Pendant longtemps, les réseaux sociaux ont prétendu qu’ils n’étaient que les messagers ou les entremetteurs mais qu’ils ne pouvaient être tenus pour responsables de leur survenance.

Et pour prouver leur «innocence», ils acceptèrent de mettre en place des services de modération et de fact-checking afin de neutraliser tous les appels à la violence ou les insultes les plus abjectes.

Mais les masques viennent de tomber.

C’était déjà le cas avec Twitter devenu X dans les mains de l’extrémiste libertarien Elon Musk.

C’est maintenant le cas avec Facebook et Instragram.

Et l’on ne parle même par de réseaux sociaux moins grand public mais qui s’étaient fait une spécialité dans ce «laisser-faire» tel Telegram ou Truth (le réseau social fondé par Trump).

On peut dire, dorénavant, que les réseaux sociaux qui furent, au départ, considérés – avec une certaine naïveté pour certains et un cynisme certain pour d’autres – comme des outils pour approfondir la démocratie républicaine et vendus comme tels par leurs initiateurs et créateurs, sont devenus des armes contre celle-ci.

Dès lors, on ne peut plus avoir ce regard bienveillant sur leur existence et sur leur capacité à devenir de vrais vecteurs de la démocratie républicaine sans un cadre réglementaire contraignant.

Il y a désormais une nécessité, surtout une urgence d’une législation dans toutes les démocraties du monde et, en Europe, pour l’UE avec, comme sanction ultime l’interdiction de ceux qui ne la respecteraient pas.

Croire et faire croire que ces outils sont neutres et s’autorégulent est un mensonge qui déstabilise petit à petit la démocratie au nom de la liberté qu’elle offre et que les réseaux sociaux n’hésitent pas à transformer en licence et en arme contre cette même démocratie avec des propriétaires qui, outre leur motivation à gagner le plus d’argent possible, ont la fâcheuse tendance à se prendre pour les maître du monde et à vouloir abuser du pouvoir qu’ils ont acquis pour diffuser leurs thèses nauséabondes.

Et l’on ne peut plus faire semblant de ne pas savoir alors que la mascarade a pris fin avec le coming-out extrémiste de personnages comme Musk ou Zuckerberg et que l’on connaît désormais avec précision l’utilisation par la dictature chinoise des données de TikTok.