Mais ce scepticisme sur la capacité des Européens de jouer à
armes égales avec les Américains et les Chinois et, plus profondément, sur leur
valeur a, certes, quelques éléments de réalité mais est surtout entretenu par
une armée de défaitistes et de déclinistes qui cherchent systématiquement le
verre à moitié vide et nous prédisent sans cesse l’apocalypse en utilisant
voire en instrumentalisant des statistiques quand ils ne les inventent pas.
Il serait évidemment tout aussi mensonger de prétendre que
tout va pour le mieux dans le royaume de l’Union européenne.
Mais même si les choses allaient aussi mal que le prétendent
tous ces oiseaux de mauvais augure, cela ne justifierait pas d’insuffler constamment
le défaitiste et d’instiller sans arrêt le déclinisme dans les neurones du
peuple européen, l’enfonçant ainsi de manière irresponsable dans le renoncement
au lieu de le réveiller pour inverser cette soi-disant tendance.
D’autant que leurs propos sont repris sans aucun filet de
sécurité par les médias pour qui, rappelons-le, la règle éditoriale est que les
trains qui arrivent à l’heure ne sont pas une information et qui se délectent
donc des propos où l’on parle de difficultés, d’échecs et de déclassement.
Ce qui est encore plus condamnable est que l’Union
européenne possède les atouts qui lui permettrait d’être, aux côtés des
Etats-Unis et de la Chine, dans le trio des grandes puissances.
Les Européens ne sont donc pas condamnés à jouer les seconds
rôles, à se retrouver les obligés des Américains et des Chinois ainsi que leurs
inférieurs, bien au contraire.
Mais ne soyons pas trop eurocentrés en l’occurrence car les
mêmes défaitistes et déclinistes existent un peu partout dans le monde et sont
particulièrement bruyants aux Etats-Unis depuis que le pays accédé au début du 20e
siècle au statut de grande puissance.
Ils ne sont d’ailleurs pas tout à fait étrangers à la
popularité de Trump et à ses victoires aux présidentielles.
Car, au-delà de saper la confiance et d’entretenir le
découragement, les défaitistes et les déclinistes font le lit des populismes et
des extrémismes partout dans le monde.
Que ce soit dans les démocraties occidentales comme en France
avec le RN, l’AfD en Allemagne et les Frères d’Italie ou dans les
totalitarismes comme en Russie avec Poutine, ils jouent sur la peur du
déclassement de la population pour l’exciter contre la précarité et la
vulnérabilité du projet démocratique qui serait le responsable de tous les
malheurs en l’espèce.
En ce sens, défaitistes et déclinistes sont éminemment
dangereux pour la démocratie républicaine libérales et non des lanceurs d’alerte
comme ils tentent de se présenter.