Les Actualités sur Mondiaglobalisation

jeudi 30 janvier 2025

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie républicaine vit grâce à la raison et meurt sous les passions tristes


Les émotions ne sont pas illégitimes dans la sphère publique et à bannir du débat politique, surtout quand elles sont positives et qu’elles permettent de renforcer l’application des valeurs humanistes et l’adhésion des individus à celles-ci.

Pour autant, la raison est essentielle pour mettre en place la meilleure gouvernance possible du projet démocratique qui doit obéir à des principes applicables à tous au-delà de toute émotivité.

Cette raison doit être guidée par la modération et par un juste équilibre.

Néanmoins aucune société ne peut complètement faire fi de l’affectif que portent les humains et, surtout, qui nous permet de ne pas tomber dans un rationalisme absolu qui serait aussi dangereux que de n’apprécier les faits uniquement par les émotions.

Mais il est une règle intangible: la démocratie républicaine ne peut vivre que si elle est assise sur la raison et son existence est mise en danger de mort par des émotions négatives lorsqu’elles deviennent ce que Deleuze a appelé des passions tristes, répertoriées et définies par Spinoza.

Celles-ci sont, notamment, la haine, la peur, la colère, le mensonge, la violence, la rage, l’envie portées à leur paroxysme.

Elles sont à la base des idéologies extrémistes et populistes.

Les démagogues qui les diffusent sont des agitateurs dont l’objectif est d’exciter le corps social afin de susciter des mouvements de foule qui fragilisent la démocratie et qui peuvent parvenir à la détruire par la rue ou par les urnes.

Ce n’est pas pour rien que le parti d’extrême-droite FN/RN en France entretient depuis toujours la peur de l’immigration qui va submerger la France et aboutir au fameux «grand remplacement».

Et Trump avait tout compris quand en 2016 il avait déclaré au journaliste Bob Woodward que «le pouvoir c’est la peur».

Instiller l’angoisse, la peur voire la terreur à un niveau extrême c’est permettre à la haine et à la violence de se libérer.

Quant Kamala Harris lors de le dernière campagne présidentielle américaine parlait du «care» et d’unir tous les Américains autour d’un consensus où personne ne serait laisser en chemin, Donald Trump parlait de l’effondrement des États-Unis et de la culture blanche du pays qui était en danger par des ennemis de l’extérieur et de l’intérieur.

Et, évidemment, c’étaient bien des immigrés illégaux noirs, des Haïtiens en l’espèce, qui mangeaient les animaux domestiques des «bons» Américains, dans cette fameuse fake news que l’extrémiste populiste n’a jamais démenti.

Mais, attention, la peur suscitant la haine et la violence produit sa propre rationalité.

Celle-ci est négative comme le fut celle propagée par les nazis dont le summum fut atteint par l’organisation bureaucratique extrêmement efficace de leur solution finale.

Il faut donc combattre à la fois ces passions mortifères et ne pas confronter leur rationalité et celle de la démocratie comme se plaisent trop souvent à le faire les médias dans un soi-disant souci d’«égalité».

Pour atteindre l’objectif d’imposer la raison dans la politique, il est indispensable de mieux former et informer les individus.

Mais il aussi essentiel que l’ensemble des acteurs de la vie politique cessent d’instrumentaliser nos émotions à tout bout de champ.

Ici, ce ne sont pas seulement les extrémistes et les populistes qui usent et abusent du procédé de l’émotion, ce sont tous les politiques qui y trouvent le moyen de réaffirmer leur légitimité, de susciter un élan positif envers leur personne et de se mettre en scène comme étant une personne compassionnelle.

Or, bien évidemment, devant telle ou telle catastrophe qui touche l’Humanité entière ou une population, montrer de l’empathie et de la compassion est un comportement humaniste.

Cependant il doit demeurer digne et surtout ne pas être une manière de s’attirer les faveurs de la population au détriment du contenu d’un projet politique et de la manière de gouverner, ce qui est malheureusement de plus en plus souvent le cas.

Pour en revenir aux passions tristes, ce qui pose problème n’est pas tant que les individus ou des groupes d’individus expriment des émotions négatives comme la peur ou la colère dans certaines circonstances qui parfois sont légitimes mais que des politiques extrémistes et populistes au lieu d’apaiser et d’appeler à la raison pour éviter qu’elles ne deviennent des passions tristes, s’empressent de les exciter et de les instrumentaliser pour faire en sorte qu’elles se transforment en ces dernières puis les récupèrent pour les utiliser à leur profit et attaquer la démocratie républicaine libérale.

Sans oublier, évidemment, lorsqu’ils les suscitent eux-mêmes afin de créer des atmosphères instables et un chaos dont ils veulent profiter pour leur quête de pouvoir.

Parfois, ces passions tristes sont suscitées et exploitées par des groupes autonomes dans le but de défier l’ordre démocratique.

Que ce soient des politiciens ou des séditieux qui se servent des passions tristes, la démocratie républicaine doit les combattre et les punir et promouvoir la raison mais sans refouler les émotions qui s’expriment pour que la dignité des individus soit respectée et protégée ou lorsqu’elles sont empathiques suite à des événements catastrophiques.

Alexandre Vatimbella

 

 

mercredi 29 janvier 2025

Le Focus. Le Royaume Uni a besoin de l'Union européenne mais les Européens ont-ils besoin des Britanniques ?


La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne a été une catastrophe pour les Britanniques alors que les Européens ont peu souffert de ce départ même si celui-ci a concerné un pays aussi important.

Il faut dire que la Grande Bretagne n'était guère un membre fiable de l'UE et qu'elle certainement fait perdre des années à la construction européenne tout en montrant aux gouvernements populistes et extrémistes comment se jouer des règles de l'Union tout en bénéficiant de ses bienfaits et surtout de ses subsides comme ce fut le cas de la Pologne de Kaczynski et l'est toujours de la Hongrie d'Orban et de la Slovaquie de Fico.

On peut dire sans exagérer que l’Europe manque au Royaume-Uni mais que le Royaume-Uni manque peu à l’Europe.

Pourtant, celle-ci est prête à entamer des négociations pour mieux s’associer avec celui-ci.

Mais pourquoi négocier avec un pays néfaste pour l'Union?

La situation mondiale demande qu'une union des démocraties européennes se renforce, c'est une réalité.

Et le Royaume Uni en est une des principales.

Ainsi, tout rapprochement serait bénéfique mais ne semble pourtant pas nécessaire au vu de la proximité des positions en matière de relations internationales.

En revanche, lui faire bénéficier des bienfaits notamment commerciaux de l'UE alors qu'elle a décidé souverainement de s'en aller serait un bien mauvais signe pour les gouvernements extrémistes et populistes qui comprendraient certainement qu’il n’y a jamais grand-chose à perdre à s’opposer à Bruxelles.

Toujours est-il que des négociations pourraient donc bientôt débuter pour inclure les Britanniques dans le grand marché européen qui regroupe, outre les pays de l'UE, un certain nombre d'autres comme la Norvège ou la Suisse.

 

 

mardi 28 janvier 2025

Le Focus. Etats-Unis - Trump égal à lui-même dans l'extrémisme populiste et contre la démocratie


Lors de la première semaine de sa nouvelle présidence, Trump a été, comme prévu, égal à lui-même, un extrémiste populiste d’autant plus dangereux dorénavant qu’il se croit investi d’une mission et se considère tout puissant estimant, de manière mensongère, qu’il a obtenu un mandat de l’énorme majorité des électeurs (rappelons qu’il ne dépasse pas la barre des 50% de voix et que l’écart avec Kamala Harris est l’un des plus serrés de toutes les présidentielles américaines).

La plupart des propos qu’il a tenus sont scandaleux voire infâmes et toutes les décisions qu’il a prises tournent le dos au projet démocratique étasunien et fragilise les Américains notamment les plus modestes.

Il s’est évidemment empressé de commencer à détruire systématiquement le bilan du centriste Joe Biden.

Au niveau international, il a déjà décidé de quitter l’accord sur le climat de Paris (comme il l’avait fait en 2016 et malgré une situation environnementale qui a empiré), il se prépare à rencontrer Poutine et à tourner le dos à l’Ukraine, il soutient sans aucune restriction son ami Netanyahu qui est son pendant israélien et il s’apprête à fragiliser l’OTAN tout en menaçant ses alliés de tout un tas de sanctions et de rétorsions.

Un programme qui est bien celui d’un autocrate qui tourne le dos aux valeurs démocratiques.

dimanche 26 janvier 2025

Le Focus. Ukraine: la question n’est pas la fin de la guerre mais de l’agression de Poutine


Donald Trump veut arrêter la guerre en Ukraine.

Tout comme Vladimir Poutine.

Mais la question n’est pas la fin de la guerre mais bien celle de l’agression de Poutine contre le peuple ukrainien.

Et ce n’est pas du tout la même chose.

Pour Poutine comme pour Trump, la fin de la guerre signifie la défaite de l’Ukraine dans le sens où celle-ci ne verrait pas les troupes russes quitter son territoire qu’elles ont envahi mais figerait sans doute la ligne de front donc entérinerait de fait les conquêtes de Moscou.

C’est évidemment inacceptable pour les Ukrainiens mais aussi pour tous ceux qui ne peuvent accepter qu’un pays totalitaire qui a décidé d’envahir un pays démocratique qui lui résiste avec bravoure et courage, soit récompensé de son agression.

Le problème est que Trump se souci moins de l’Ukraine que de sa relation avec Poutine.

De même, il n’a aucune sympathie, ni compassion pour un pays démocratique.

En outre, être celui qui met fin au conflit flatterait son égo surdimensionné et alimenterait son hubris.

Reste à savoir si le Volodymyr Zelenski peut résister à la volonté de Trump.

Pour cela, il faudrait que le président ukrainien puisse compter sur un soutien sans faille des Européens et d’un décuplement de leur aide militaire.

Or rien n’indique que cela puisse se concrétiser.

Reste donc à espérer que Trump et Poutine ne parvienne pas à s’entendre…