Lors du génocide de 1994 au Rwanda, une manipulation à grande échelle des médias particulièrement efficace a été menée par le FPR (Front patriotique rwandais), l’organisation rebelle essentiellement composée de Tutsis établis à l’étranger contre le gouvernement dominé par les Hutus.
Il s’agissait de délivrer un message à tous les journalistes qui venaient couvrir l’événement tragique, afin de leur expliquer qu’il y avait les «bons», le FPR, et les «mauvais», les Hutus.
Dès leur arrivée dans la capitale, Kigali, ils étaient pris en main par des militants de ce parti souvent maquillés comme membres d’organisations humanitaires créées par celui-ci.
D’où, devant des scènes d’horreur et des centaines de milliers de morts, hommes, femmes et enfants, souvent massacrés à la machette, des journalistes sidérés et révulsés – n’ayant souvent aucune connaissance de l’histoire du pays et le recul nécessaire pour apprécier la situation objectivement –, qui furent prêts à prendre fait et cause pour les «bons» du FPR et à désigner comme les «mauvais», ce peuple hutu qui avait versé dans la barbarie, voire même qui n’en était jamais sorti.
Cette campagne de presse a atteint ses objectifs au-delà même de tous les espoirs du chef du FPR, Paul Kagamé, qui était largement responsable du déclenchement du génocide (et auteur de massacres contre les populations civiles) et qui ne fit absolument rien pour l’arrêter alors qu’il se déroulait devant les yeux de ses troupes déjà stationnées dans le pays.
Et l’indignation provoquée par les images, par les récits des rescapés mais aussi par les mensonges proférés par des agents du FPR ou des personnes manipulées par celui-ci, ont fait réagir les gouvernements des pays démocratiques qui se sont tous rangés, sans exception, derrière les «bons», l’organisation rebelle désormais au pouvoir.
Les rares voix dissidentes et pointant du doigt la coresponsabilité du FPR dans le génocide, notamment de spécialistes reconnus du pays, furent couvertes par cette propagande, voire furent diffamées.
Paul Kagamé s’installa au pouvoir avec l’appui de tous les gouvernements du monde libre et installa son régime dictatorial qu’il dirige maintenant depuis plus de 30 ans.
Et il mène une guerre contre son voisin, la République démocratique du Congo, depuis des années afin de s’emparer de son territoire et de ses richesses naturelles par le biais de groupes terroristes, voire directement avec son armée.
Et ceci avec la mansuétude de la communauté internationale alors que des voix de plus en plus nombreuses d’opposants, souvent emprisonnés ou en exil, ainsi que d’organisations internationales mais aussi de certains gouvernements autrefois dithyrambiques sur Kagamé, se faisaient de plus en plus entendre sur la nature du régime et ses exactions.
Aujourd’hui, avec la situation dans les territoires de la RDC, notamment le Sud Kivu, envahies par les troupes du Rwanda et leurs supplétifs du M23 où se déroulent des massacres de civils et des destructions massives, enfin, il y a une indignation de la communauté internationale.
En France, Emmanuel Macron, s’est ému de la situation très préoccupante dans le Sud Kivu et soutient le Congo en demandant instamment un cessez-le-feu immédiat , le retrait des troupes terroristes du M23 et du Rwanda.
Au Parlement européen, le groupe Renew Europe, par la voix de sa députée Hilde Vautmans a déclaré:
«Nous avons tous vu
les images effrayantes. Des images de mères assassinées avec de petits bébés
dans leurs bras. La réalité est horrible.
C’est pourquoi nous avons adopté une résolution forte, soutenue par une large
majorité. Le Parlement européen demande des sanctions contre les responsables
de la violence, mais aussi contre le Rwanda en tant que pays en violation du
droit international. Nous voulons le gel complet de toutes les aides
européennes au Rwanda (y compris le financement du Global Gateway) et
l’annulation des championnats cyclistes 2025 à Kigali.
La Commission européenne et les États membres devraient mettre en place une
aide humanitaire, garantie par un mandat renforcé de l’ONU pour le maintien de
la paix afin de rétablir la stabilité dans la région.»
Il faut espérer qu’enfin les pays démocratiques se réveillent et considèrent Kagamé pour ce qu’il est, un dictateur sanguinaire et manipulateur.
Dans le même temps, il faut absolument que cesse l’agression du Rwanda avant qu’une catastrophe humanitaire de plus grande ampleur ne s’installe.