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mercredi 6 novembre 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La terrible défaite de la démocratie


Oui, nous le savions et je l’ai malheureusement écrit tant de fois ici, le seul régime qui peut s’auto-détruire est la démocratie.

Ainsi, par le vote, les électeurs peuvent élire un adversaire de la démocratie républicaine libérale et c’est ce qui vient d’advenir aux États-Unis.

Et, cette fois-ci, pas de doute sur la victoire de Donald Trump qui l’emporte en nombre de voix sur Kamal Harris ce qu’il n’avait pas réussi à faire en 2016 face à Hillary Clinton, bénéficiant alors d’un système électoral d’un autre âge, toujours en place.

Si 2016 avait été un choc, 2024 est un séisme qui peut conduire la première puissance mondiale et jusqu’à présent plus vieille démocratie de la planète vers une autocratie voire pire.

Nous n’en sommes pas encore là mais réélire un personnage comme Trump alors que sa première présidence avait été catastrophique, qu’il avait tenté un coup d’Etat en 2021 pour ne pas quitter la pouvoir et qu’il a tenu des propos mêlant insultes, mensonges, élucubrationismes (théories du complot) et menaces contre tous ceux qui sont ses opposants, promettant des mesures antidémocratiques à la pelle et montrant des signes évident d’incapacité mentale à diriger un pays, est au-delà de ce que l’on pouvait imaginer de la part d’un peuple d’un pays du monde libre.

Cependant, il faut le dire, je ne suis pas surpris plus que ça de cette victoire.

Depuis tant d’années que je parle de ce délitement de la démocratique républicaine et des valeurs humanistes, que nous voyons devant nous monter les régimes autocratiques et totalitaires, que nous constatons la montée des extrémismes populistes dans les démocraties, la victoire de Trump est somme toute normale, la normalité étant juste ce qui doit se passer par rapport à une situation objective.

Mais celle-ci démontre l’échec du projet démocratique qui, je le rappelle une énième fois, était de créer un régime de liberté et d’égalité avec des citoyens c’est-à-dire des individus formés et informés pour devenir des personnes responsables de leur actes et de leur vie, capables de se prendre en charge dans le respect de l’individualité et de la dignité de l’autre.

Or, la constatation est devant nous: la majorité des électeurs étasuniens ne correspond pas à cette définition.

Mais ils ne sont pas les seuls considérant, par exemple, qu’en France le vote pour les partis extrémistes et populistes sont majoritaires et que le premier parti du pays depuis les élections législatives de juillet est le RN de la famille Le Pen.

La démocratie serait-elle inaccessible et une utopie vouée à disparaître faute de capacités des humains à s’élever à son espérance?

C’est possible d’autant qu’il ne faut jamais oublier que son existence dans l’Histoire humaine est une goutte d’eau, de moins de 250 ans.

Et que le premier pays à l’avoir mis en place est en train de la détricoter.

Le vote des Américains n’enlèvent pourtant pas cette réalité que la démocratie républicaine est le meilleur système qui puisse exister et que les valeurs humanistes sont indépassables.

Un système qu’il doit être considéré comme «naturel» en ce qu’il est le plus respectueux de la dignité et de l’individualité de chaque humain, c’est-à-dire qu’il est la référence ultime de l’organisation de toute société humaine.

C’est en ce sens que j’ai dit ici qu’il ne devait jamais être possible, même par une élection, de le remettre en cause.

Certains objecteront que la démocratie a déjà connu des crises bien plus paroxystiques avec sa destruction dans des pays comme l’Allemagne ou l’Italie, remplacée par le nazisme et fascisme et qu’elle a ensuite triomphé.

Certes.

Sauf que l’implantation de la démocratie dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne à l’époque et plus près de nous, la Russie étaient fort récente avant leur effondrement.

Ce qui n’est évidemment pas le cas aux États-Unis.

Sauf que, apparemment, les humains n’en ont tiré aucune leçon et s’apprêtent donc à retenter l’expérience qui, in fine, mena le monde à la plus grande boucherie que l’Humanité est produite à ce jour et pourtant elle n’en a pas été avare espèce durant son histoire…

Quoi qu’il en soit, avec la victoire de Trump (ainsi qu’un Congrès et une Cour Suprême dominés par les républicains extrémistes) mais aussi les menaces sur tous les pays démocratiques sans exception, des jours sombres sont devant nous.

Alexandre Vatimbella

 

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