Il l’est parce qu’il respecte ce qui est une évidence de la nature: chaque individu possède une individualité qui n’est réductible à aucune autre, chaque individu à des différences qui le rendent unique et qui font que son intérêt pour vivre son individualité passe par sa liberté dans l’égalité de tous les autres et dans la protection de sa dignité par la société administrée par la démocratie républicaine libérale.
Une société qui assure à tout individu la sécurité de pouvoir vivre son individualité ce qui implique, en retour, qu’il respecte l’autre, tous les autres et leur dignité c’est-à-dire un cadre où il partage, en tant qu’être social, une organisation indispensable pour son existence de sa naissance à sa mort, même s’il décide de vivre en ermite, il appartient toujours à cette société à laquelle il est redevable de sa liberté, de son égalité, de la fraternité qu’elle lui apporte et du respect de sa dignité qu’elle lui assure.
Ce régime est dit «naturel», non pas parce qu’il existe ou s’impose naturellement mais parce qu’il est celui qui correspond à l’essence même de l’individu dès sa naissance et est inhérent aux droits que lui donne son existence même.
Dès lors, si la démocratie est un dû, elle est tout sauf un don de la nature aux humains.
Car, oui, si la démocratie est due à chaque individu, elle n’existe pas chez les humains à l’état de nature.
Elle est donc une construction culturelle qui demande des efforts, donc qui se mérite.
Ainsi, si tout individu est légitime à réclamer la condition et les droits que lui offre la démocratie, il doit pour cela se comporter en homo democraticus.
Et dans ces temps troublés où les peuples et leurs dirigeants perdent le sens des valeurs et la boussole démocratique, il est bon de rappeler cette double évidence.
Aucun peuple, aucun individu n’est légitime à refuser que la démocratie républicaine soit le régime qui gouverne les humains.
Mais ce régime ne peut vivre sans le devoir des peuples et des individus, un devoir qu’ils rendent à eux-mêmes, in fine.
Or, en ce début de 21e siècle et de troisième millénaire, ce devoir est de moins en moins rempli, de plus en plus critiqué ce qui a pour conséquence d’affaiblir la démocratie et fait peser sur elle une menace de mort.
Parce que la démocratie est le régime du plus faible, c’est-à-dire qu’elle est le régime qui, en accordant des droits également à tous, en accordant la même dignité aux plus faibles et aux plus forts, est en position de faiblesse face à tous les autres régimes qui valorisent les plus forts au détriment de la liberté de tous, de l’égalité entre tous, de la dignité accordée à tous et la fraternité partagé entre tous.
Ainsi, si, demain, la démocratie disparait les seuls responsables seront nous-mêmes.
Alexandre Vatimbella