- la colonisation a été un mouvement qui, malgré les volontés humanistes de
certains de ses partisans, fut une erreur et, parfois, un crime;
- elle fut permise parce que l’Europe et l’Occident colonisateurs étaient plus
puissants que les contrées (certains de ces territoires ne devinrent des pays
que par la volonté des colonisateurs) qu’ils ont colonisées mais si cela avait
était le contraire, nombre des pays colonisés auraient pu être colonisateurs du
monde occidental sans aucun problème ce qui laisse à penser que cette
colonisation n’est pas un mouvement dont on peut dire qu’elle est marquées
culturellement tout comme l’esclavage qui a été pratiqué – et qui
malheureusement continue d’être pratiqué – partout sur la planète.
Ayant dit cela, après avoir profité de cette colonisation en exploitant les populations et les terres colonisées, les populations des pays colonisateurs sont en train d’en payer le prix.
Ici, pas question de désigner un coupable parmi les populations actuelles des pays colonisateurs ou des pays colonisés, ni même de stigmatiser les unes ou les autres.
Aujourd’hui, la réalité c’est qu’aucun citoyen des pays colonisateurs n’a prix une part à la colonisation (même si certaines personnes âgées ont pu profiter de celle-ci).
Et personne ne reprochera aux combattants de la décolonisation encore vivants leur engagement.
C’est un simple constat.
Bien sûr, on ne peut pas imputer systématiquement à ce retour de bâton de la colonisation les massacres et génocides qui eurent lieu dans certaines de ces contrées, ni les régimes autoritaires et totalitaires qui lui succédèrent, ni les difficultés économiques et sociales qui peuvent exister ainsi que le terrorisme islamistes qui aurait sans doute existé quoiqu’il arrive.
Oui, il y a des responsabilités des colonisateurs dans les événements qui ont suivi la décolonisation mais oui aussi il y a des responsables des colonisés qui ont décidé en toute indépendance de mener telle ou telle politique.
Néanmoins, on ne peut rendre responsable l’ensemble des colonisés de ce retour du bâton en fustigeant leurs propos, leurs comportements et leurs agirs même si un esprit de vengeance en anime plus d’un.
En revanche, on peut condamner le néo-colonialisme pratiqué par certains pays au passé colonisateur – sans oublier que celui-ci existe de la part de pays qui n’étaient pas des colonisateurs – et par leurs entreprises avec la complicité de certaines élites locales corrompues.
Et on peut comprendre l’opposition et la combat des populations de ces ex-colonies contre ces pratiques et ces comportements.
Si les pays qui furent des colonies s’opposent souvent à ceux qui furent leurs colonisateurs, fragilisant la position internationale de ces derniers, ce que nous voyons surtout dans la période actuelle c’est les conséquences sur les sociétés des pays colonisateurs.
D’abord parce qu’il y avait une partie de la population de ces pays colonisés qui vivaient dans celles-ci et qui, une fois la colonisation finie ne sont pas retournées, pour des motifs variés, dans leurs contrées.
Ensuite parce que les pays colonisateurs ont fait venir une importante main d’œuvre de leurs anciennes colonies –parce qu’elle était nombreuse et pas chère, acceptant d’occuper des emplois mal payés – et beaucoup de ces personnes s’y sont établies avec leur famille.
Enfin, la faim, la pauvreté et la violence dans certaines de ces anciennes colonies a provoqué une immigration vers les anciens colonisateurs.
On comprend bien que dans ces populations, beaucoup n’avaient pas choisi de vivre chez leurs anciens colonisateurs parce qu’ils partageaient leurs modes de vie et leurs cultures.
Et il n’y avait souvent aucune une volonté d’intégration, seulement celle de vivre décemment et, potentiellement de «retourner au pays» à la fin de son existence.
Dès lors, en venant avec leurs cultures qui étaient parfois en opposition frontales avec celles des populations de leurs ex-colonisateurs, la probabilité d’une confrontation culturelle était hautement probable même si elle n’avait pas forcément à prendre de l’ampleur avec le temps.
Il suffit de regarder, à l’opposé de toutes les images d’Epinal et les mensonges véhiculés, avec quelles difficultés le fameux «melting-pot» étasunien s’est constitué et continue à se former, pour comprendre qu’il n’en serait pas autrement dans la relations avec les populations des ex-colonisateurs et des ex-colonisés.
Aux Etats-Unis, d’ailleurs, ce ne sont pas seulement les cultures occidentales et les cultures des autres parties du monde qui se sont affrontées mais des cultures occidentales entre elles et aussi entre des cultures de populations en dehors du monde occidental.
Ainsi des Irlandais contre les Italiens, ainsi des populations issues de l’Afrique et celles venues d’Asie.
Dès lors, l’universalisme prônée par la démocratie était en grand danger d’autant qu’il n’avait jamais existé concrètement!
Mais l’idée même du communautarisme qui fut le réponse des Etats-Unis – non pas dans le projet des Pères fondateurs qui était universaliste mais par démission des élites qui ont renoncé de créer des vrais liens afin d’intégrer tous les groupes nationaux et ethniques dans une même communauté intégrée et partageant les mêmes valeurs – fut combattue par les nationalistes de tout bord, combat qui en fait était mené contre l’intégration même des populations immigrées, ce qui le rendit connoté raciste alors même que le refus de ce communautarisme était légitime pour mettre sur pied des communautés intégrées.
En effet, seul l’universalisme, ses principes et ses valeurs peuvent être le fondement d’une société harmonieuse et apaisée.
Or que voyons-nous en ce moment: la confiscation du débat public par tous les adversaires de l’universalisme, des nationalistes extrémistes aux communautaristes tout aussi extrémistes.
Et le terreau de prédilection de ces derniers sont les populations immigrées et les descendants d’immigrés plus ou moins bien intégrés.
Les affrontements dont sont responsables les extrémistes politiques et communautaristes, les uns par calculs politiciens, les autres par cette idée de vengeance, à l’occasion de l’attaque terroriste du Hamas contre la population vivant en Israël le 7 octobre 2023 et le réponse militaire du gouvernement Netanyahu, font partie de ce retour de bâton évoqué plus haut et ce, quelle que soit la légitimité du combat des uns et des autres qui n’est pas ici le propos.
Alors que l’on aurait pu espérer que du brassage des populations, sortent des sociétés tolérantes et ouvertes, c’est tout le contraire qui est en train de se produire avec une amplification ces dernières années avec comme principes l’intolérance et le cloisonnement entre des communautés que parfois l’on crée de toutes pièces.
Sans doute que la montée de l’extrême-droite dans l’ensemble des démocraties est en partie la réponse de cet échec d’une société partageant les mêmes valeurs (bien sûr l’extrême-droite véhicule des idées notamment racistes et antisémites ainsi qu’une vision totalitaire mais qui ne sont sans doute pas les raisons majeures à l’origine de l’actuelle popularité dont elle bénéficie), ce qui est un autre prix que nous payons à la colonisation.
En conclusion, on peut dire que la colonisation fut une erreur politique et que nous en payons le prix sociétal qui pourrait bien être extrêmement élevé.