Pendant ce temps les régimes despotiques et totalitaires croissent dans le monde.
Est-on dans la phase d’un grand basculement avec en ligne de mire la disparition de la démocratie républicaine libérale?
Tout semble se conjuguer en ce début de troisième millénaire et troisième décennie de ce vingt-et-unième siècle pour que ressorte la bête immonde qui sommeille en chaque peuple.
Car celle-ci n’était sans doute qu’endormie ou, plutôt, tombée dans un coma qui commença en 1945 avec la défaite du nazisme et du fascisme et qui en remis une légère couche en 1989 avec celle du communisme soviétique.
Mais, avec notre cécité légendaire, nous aurions pu constater que la bête immonde bougeait encore comme le démontrait avec tout le cynisme et la violence requise le Parti communiste chinois.
Bien sûr, nous avions encore l’espoir de la terrasser définitivement – notamment en espérant que le régime despotique chinois accepte dans une sorte d’épiphanie démocratique soudaine se saborder lui-même! – puisque le sens de l’Histoire semblait donner raison à la démocratie et à l’humanisme.
Quelle déception!
Non seulement la bête n’était pas morte mais elle n’était même pas dans un coma profond!
Elle était plutôt en hibernation, ménageant ses forces pour, une fois sortie de sa tanière logée dans nos fragiles cerveaux, elle se montre avec sa fourrure toute luisante et sa cruauté réaiguisée.
Les temps sont-ils revenus aux pires moments qui commencèrent, est-ce un mauvais tour de l’Histoire, dans la troisième décennie du 20e siècle?
Et le grand basculement interrompu par l’échec du nazisme et du fascisme pendant la Deuxième guerre mondial et par la soi-disant mort du communisme après la chute du mur de Berlin, est-il en train de reprendre sa marche inexorable?
Les preuves de ce mouvement global qui semble se dessiner dans le monde.
Des totalitarismes qui gagnent du terrain, des autocrates qui prennent le pouvoir dans les démocraties, partout des représentants d’une société autoritaire voire totalitaire qui damnent le pion aux défenseurs de la démocratie républicaine.
Et, la plupart du temps avec l’assentiment et le soutien des populations.
Comme ce fut le cas pour le nazisme et le fascisme et peut-être même le stalinisme et le maoïsme tellement les crapules de Staline et Mao furent pleurer à leurs morts par les Russes et les Chinois.
Cette constatation explique pourquoi Donald Trump est en position de se faire réélire à la tête des Etats-Unis, pourquoi Marine Le Pen est en tête dans les sondages ainsi que son parti le RN en France, pourquoi Orban est toujours au pouvoir en Hongrie, pourquoi Meloni l’a conquis en Italie, pourquoi Wim Wilders va diriger les Pays-Bas, pourquoi Vox en Espagne et surtout l’AfD en Allemagne progressent, pourquoi après un Bolsonaro au Brésil, un Milei a pu se faire élire en Argentine, pourquoi un Modi triomphe en Inde, pourquoi les juntes militaires ont pu s’installer au Mali et au Niger et ainsi de suite, les exemples sont malheureusement trop nombreux.
Et nous parlons ici que de régimes qui étaient ou sont démocratiques, des pays où étaient ou sont encore organisées des élections.
Faudra-t-il encore l’échec dans la violence et le sang dont ils étaient les responsables, pour que ces régimes totalitaires et autoritaires s’effondrent?
Problème: au train, qui s’est largement accéléré, où le grand basculement se déroule, restera-t-il assez de démocraties assez puissantes pour se dresser – encore une fois trop tard pour éviter le pire – contre ce qui semble inéluctable?
Je ne ferai pas ici de politique fiction parce que tout ce qu’il faut dire, redire et clamer ici et maintenant, c’est que le scénario est possible et, sans doute, n’a jamais été aussi possible que dans les années qui viennent.
Alexandre Vatimbella