Ainsi, nous pouvons tous, avec raison, réclamer notre liberté mais celle-ci ne nous est pas donnée automatiquement.
Pour preuve, les régimes autocratiques et totalitaires qui peuplent la planète depuis toujours, depuis que les humains se sont constitués en sociétés structurées.
Auparavant, cette liberté n’était pas non plus donnée et la loi du plus fort était la règle.
Dès lors, pour être libre, nous devons nous organiser, c’est-à-dire créer les modalités pour que la liberté soit la règle des communautés dans lesquelles nous vivons.
Et l’on comprend bien que la loi du plus fort est une constante menace face à la loi de l’égalité entre tous qui est la base de la liberté pour tous.
Imposer sa force est, de plus beaucoup plus facile, que d’imposer le respect de la dignité de tous sur un pied d’égalité.
Or donc un régime autoritaire ou totalitaire est plus «solide» qu’un régime démocratique qui est «fragile» parce qu’il interdit aux individus d’exprimer sa liberté et, surtout, de la mettre en pratique, donc de devoir gérer une société de la diversité et de la différence.
Car, pour que la liberté existe, il faut qu’elle soit, non seulement, défendue mais, en plus, par une majorité des membres d’une communauté.
Mais être libre nécessite de se battre contre tous les ennemis de la liberté ainsi que contre tous nos comportements qui fragilisent cette condition.
Or, que voit-on dans les démocraties républicaines de ce troisième millénaire?
Un renoncement à défendre la liberté parce que cela impose des devoirs alors que la plupart d’entre nous ne parlent que de droits et refusent la responsabilité qui va nécessairement avec la condition d’être libre.
Beaucoup, d’ailleurs, estiment qu’être libre est plus fatiguant que de vivre dans un régime autoritaire ou totalitaire qui nous décharge de cette responsabilité.
La plupart d’entre eux regrette cette posture mais une fois que la démocratie a disparu.
Parce que, s’ils ne risquent plus d’être «fatigués» par leur devoir démocratique, c’est dans des prisons, des camps ou dans une tombe qu’ils risquent de se retrouver plus que fatigués.
Reste qu’il semble que de plus en plus de gens sont prêts à échanger leur liberté contre un soi-disant monde «simple» où l’on pense et on agit pour eux si on leur laisse du pain et des jeux.
Oui, la fatigue démocratique est un des principaux dangers qui guettent notre monde libre.
Et qu’effarées regardent ceux qui vivent sous le joug des autocrates et des dictateurs.
En tout cas, nombre d’entre eux…
Alexandre Vatimbella