Attention, nous dit-on, les Brics (lire ici les définitions) se renforcent et vont devenir un véritable concurrent voire adversaire et même ennemi à l’Occident et aux démocraties.
Rappelons que les Brics furent d’abord le Bric, une association créée en 2008 (l’acronyme existait avant, créée par les financiers de… Goldman Sachs!) où l’on retrouvait le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, soit trois grands pays que l’on appelait à l’époque «émergents» plus la Russie qui était plutôt en décadence et qui espérait trouver dans ce club une influence perdue, voire une capacité à développer son économie.
Voyant qu’il y manquait le continent africain, on a intégré, sans aucun critère rationnel, l’Afrique du Sud qui n’avait encore moins en commun avec les quatre fondateurs que ceux-ci entre eux.
Ce Brics (S pour South Africa, Afrique du Sud, pays intégré en 2011), devenu aujourd’hui ces Brics, se sont donc vus pendant des années, ont discuté, ont même pris des décisions mais aucune n’a eu un impact mondial voire même dans chacun des pays membres...
Il fut même question de créer une monnaie commune pour concurrence le dollar mais la Chine qui veut que son yuan devienne, à terme, la devise internationale de référence, a enterré le projet.
La raison du peu de poids des Brics: il n’y a aucune réelle solidarité entre ses membres.
L’inde déteste la Chine qui déteste l’Inde qui, elle -même, lutte de toute son énergie pour ne pas être le dindon de la farce de l’économie chinoise sans parler des multiples conflits latents ou ouverts qui ont déjà conduit à des guerres jusqu’à présent limitées dans le temps et l’espace.
Le Brésil n’est qu’un vendeur de matières premières pour la Chine et éventuellement un soutien à ces initiatives diplomatiques au grand dam de Brasilia qui voudrait exister mais n’a même pas une prééminence régionale que lui dispute l’Argentine (qui in fine a refusé d’inclure le nouveau Brics).
La Russie est terrorisée par l’idée que la Chine pourrait la marginalisée et en faire un simple pays satellite voire un pays d’émigration pour les Chinois notamment dans les régions frontalières entre les deux pays (ce qui est déjà en cours depuis plusieurs années).
Et ce que recherchait vraiment la Chine dans le Bric?
Non pas une solidarité et un avenir commun mais qu’il soit le marchepied pour sa volonté de puissance et de domination du monde.
En matière d’intérêts communs, on fait mieux!
Avec l’arrivée dans ce club de l’Arabie Saoudite et de l’Iran – deux ennemis pour la prééminence régionale, l’un chef de file des sunnites, l’autre chef de file des shiites –, des Emirats Arabes Unis, de l’Ethiopie et de l’Egypte, cette absence d’intérêts communs va se multiplier à presque l’infini.
Ajoutons à cela que celle qui devait être le onzième membre, l’Argentine, a annoncé ne pas rejoindre les Brics depuis l’élection de Javier Milei.
Un premier camouflet pour la Chine et la Russie qui sont évidemment à la manœuvre pour élargir ce club et en faire un outil de leur souhait de devenir les puissances dominantes de la planète et qui passe d’abord par l’affaiblissement puis la destruction de tous les régimes démocratiques de la planète.
Ce qui pose déjà un problème majeur puisque l’Inde et le Brésil sont deux démocraties…
Sur ce que l’on a vu du fonctionnement des Brics et avec l’arrivée de pays aux préoccupations et aux intérêts souvent très divergents, on a peu de raison d’avoir des craintes quant à sa capacité à changer le monde.
Reste que ce club existe et que rien ne dit que ses membres pourront s’unir dans certaines circonstances qui pourraient impacter les relations internationales.
Cependant, pour l’instant, ce n’est pas le cas même si le ressentiment à l’égard de l’organisation des relations internationales où chacun des membres du club estime ne pas avoir le rôle et le statut qu’on devrait lui reconnaître peut les pousser à des actes qui seront d’abord symbolique mais qui pourraient, à terme, mettre du chaos dans ce qui est déjà bien désorganisé…
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]