La prospérité de nos sociétés occidentales s’est bâtie sur la consommation, bien aidée en cela par l’invention du marketing.
Toujours est-il que cela a créé de la richesse, des emplois et un évident bien-être.
Mais c’est aussi une société du gaspillage, du «toujours plus» et d’une fuite en avant où les désirs matériels ne sont jamais rassasiés.
Cette société de consommation nous a, en outre, amené à des impasses comme le changement climatique, l’épuisement de certaines ressources naturelles et une existence souvent pas vraiment équilibrée.
Face à cette société de la croissance, certaines prônent la décroissance.
Si tel devrait être le cas, il faudrait que celle-ci soit mondiale car ceux qui s’y risqueront pendant que les autres continueront à porter le même modèle de développement seront des perdants.
D’autres opposent la frénésie de la consommation à la sobriété c’est-à-dire à une modération de la consommation.
Dans cette optique, on peut réfléchir à mettre en place une société de la frugalité où l’on achèterait et consommerait avec responsabilité ce qui est essentiel à notre existence mais aussi à un bien-être qui ne serait pas basé uniquement sur une possession sans fin d’objets qui comblent souvent un vide existentiel.
Bien évidemment, il n’est pas question de dire aux pauvres, dans les sociétés développées, et aux peuples qui n’ont pas atteint un certain bien-être, qu’ils vont être les double perdants de cette frugalité, eux qui n’ont d »jà pas accès à certains biens indispensables tout court ou en quantité nécessaire.
Cependant, une redistribution à l’échelle planétaire semble utopique en l’état car on ne voit pas comment on pourrait obliger certains pays à décider de tirer un trait sur leur croissance pour permettre à d’autres d’en profiter à leur détriment.
De même que fixer une limite au développement économique dans un monde où la concurrence entre pays fait rage est voué à l’échec.
Ce dilemme est au cœur des réflexions sur l’avenir de nos sociétés et la soutenabilité de leur développement.
Et dans la controverse qui s’est faite jour entre le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et celui de la Transition écologique, Christophe Béchu.
Ce dernier a lancé une campagne de communication par le biais de l’Ademe, l’agence chargée de la transition écologique, afin de promouvoir la sobriété et un comportement frugal où l’achat doit être un acte réfléchi ainsi que raisonné et non impulsif voire irrationnel qui a été critiqué par le premier nommé qui voit d’un mauvais œil que l’on tente de brider la consommation, moteur de la croissance.
Mais ce débat se rattache à deux conceptions de l’existence dont la philosophie s’est emparée depuis toujours et dont Diogène de Sinope en est un des personnages emblématiques, et que l’on peut résumer dans le choix entre une société de l’être et une société de l’avoir, sachant que la première souhaite l’épanouissement de l’individu quand la seconde privilégie la possession comme preuve de réussite de sa vie.
Si l’on veut donc parvenir à cette frugalité dans l’avoir, il faut développer l’abondance dans l’être, ce qui est un des objectifs du projet démocratique qu’il a, largement, échoué jusqu’à présent à mettre en œuvre.