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jeudi 28 décembre 2023

Editorial. Jacques Delors, l’homme qui a changé l’Europe


Il aurait pu, il aurait du être Président de la république.

Non pas pour lui mais pour le bien de la France.

Alors, il est devenu Président de la Commission européenne.

Pour le bien de l'Europe.

Jacques Delors qui vient de disparaître à l’âge de 98 ans aura marqué la politique française en étant celui qui pouvait réconcilier l’idéal et le concret, la rigueur – mot qu’il défendait – et l’audace, la compétence et le cœur.

Il était le représentant emblématique avant l’heure de ce que l’on appelle aujourd’hui l’axe central, cet espace politique allant des libéraux de droite réformistes aux sociaux-démocrates en passant par les libéraux sociaux centristes.

Si, en 1995, fort des bons sondages, il s’était présenté à l’élection présidentielle, il aurait eu de grandes chances d’être élu et la France des grandes chances d’avoir un président d’une qualité exceptionnelle.

Mais il a refusé de candidater parce qu’il estimait qu’élu, il n’aurait pas une majorité à l’Assemblée nationale pour entamer ce qu’il considérait comme les réformes indispensables au pays.

Et Jacques Delors était un homme d’honneur et de responsabilité.

Le pouvoir ne l’intéressait que s’il y avait la possibilité de l’utiliser pour le bien commun, une leçon que nombre de ceux qui ont occupé le fauteuil élyséen devraient méditer là où ils sont aujourd’hui…

Mais si la France n’a pas eu le grand président qui aurait pu changer son destin, l’Europe a eu son grand président, en l’occurrence de la Commission européenne qu’il dirigea pendant dix ans après qu’il fut mis sur la touche par Mitterrand qui voyait en faire son premier ministre en 1984 mais qui refusa le demande de Delors d’être en même temps ministre de l’économie et des finances pour pouvoir redresser le pays après les premières années catastrophiques du retour de la Gauche aux affaires en 1981.

L’Union européenne est devenue, sous la direction de Jacques Delors, une vraie actrice de la communauté internationale et une vraie composante politique qui a changé la vie des Européens avec l’instauration du grand marché unique mais aussi d’autres réalisations secondaires mais néanmoins importantes comme Erasmus.

La dernière partie de la vie de Jacques Delors est à l’image de l’homme intègre et sans compromission qu’il fut quand il était aux affaires.

Si on lui demandait souvent ses conseils – sauf en France! – il ne fut pas utilisé comme il aurait pu l’être, comme il aurait du l’être dans ce début de troisième millénaire où sa voix et ses idées auraient été précieuses.

 

mardi 26 décembre 2023

Editorial. Les droits de l’humain ne sont pas négociables

On a fêté cette année, le 10 décembre dernier, le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’humain (homme) signée à Paris en 1948 et qui reprend la Déclaration des droits de l’humain (homme) et du citoyen(ne) élaboré lors de la Révolution française (26 août 1789) et préambule de notre actuelle Constitution ainsi que le Bill of rights, ajouté à la Constitution étasunienne en 1791.

En ces temps troublés, nombre de voix se font entendre pour remettre en cause le «droit-de-l’hommisme» qui serait, selon elles, une conception abusive des droits de l’humain mais qui, en vérité, tentent de les délégitimiser.

Partout dans le monde, des forces sont mobilisées pour les détruire et en faire un simple sujet historique avec, à la baguette, la Chine de Xi et la Russie de Poutine.

Or, il faut réaffirmer sans hésitation et avec la force nécessaire que les droits de l’humain ne sont pas négociables, ni aujourd’hui, de demain, ni jamais.

Aucune idéologie, aucune religion, aucune communauté n’a la moindre légitimité à demander la non-application de ceux-ci et encore moins leur disparition.

La liberté, l’égalité, la fraternité, la dignité et le respect de l’autre sont à ce prix.

 

lundi 25 décembre 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La fausse opposition entre individualisation et individualisme

L’anarchiste Stirner, individualiste notoire, estimait que le plus important chez l’être humain était son individualité. 

Il concevait fort bien que sa liberté devait être bornée par celle des autres dans la société. 

En revanche, il refusait que l’on touche à ce qu’il était, à son individualité. 

Ainsi l’individualisme est la pensée du respect de l’individualisation.

Être individualiste est d’abord être défenseur de son individualité ou, si l’on préfère, de sa différence.

Opposer individualisme et individualisation est donc un non-sens qui recèle en fait une idéologie holiste qui veut confondre individualisation et socialisation, c’est-à-dire que l’individualisation de l’individu devrait se faire uniquement pour le bien de la société.

Aucun individualiste ne remet en cause la nécessité de vivre en société et de limiter la liberté quand celle-ci vient à menacer celle des autres et leur dignité.

En revanche, l’individualiste estime qu’il doit être, dans tous ses actes, responsable de son existence et des choix qu’il fait dans le cadre du respect des règles du bien vivre ensemble.

Et c’est au nom de son individualité, de la vivre et de la développer, qui n’est réductible à aucune globalité qu’il revendique cette responsabilité.

Aujourd’hui, l’individualiste est comparé à une personne qui en ce 21e siècle, utilise l’autonomie que lui garantit la société démocratique pour agir de manière irresponsable et être potentiellement le grand prédateur de celle-ci.

Demandant constamment en en tout une sur-reconnaissance et une sur-égalité, il est dans une démarche consumériste où son autonomisation est égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse.

Il veut du plus et du mieux pour lui seul, considère qu’entre son intérêt et celui de la société, le sien doit toujours primer et qu’il n’a aucun devoir et aucune concession à faire au vivre ensemble.

Il est la résultante d’une avancée mécanique de la démocratisation de la société, due à la durée de plus en plus grande d’existence de ce processus toujours en mouvement mais qui, en revanche, a failli à former un citoyen éveillé et responsable, capable de prendre son existence en main et d’assumer ses choix parce que les moyens n’ont pas été mis pour y parvenir.

Rien à voir avec l’individualisme qui est justement tout le contraire.

On comprend bien le dessein de ceux qui veulent le diaboliser en présentant cette personne qui utilise son autonomie grandissante de manière irresponsable comme sa résultante obligée.

Cela permet de développer des discours autoritaires et de prôner une société moins ouverte et tolérante, non pas vis-à-vis de ce phénomène d’autonomisation viciée mais contre l’individualisme qui est au cœur même du projet de la démocratie républicaine libérale en ce qu’il demande une personne bien formée et informée, responsable et respectueuse de l’autre.

Il ne faut pas s’y méprendre, condamner l’individualisme c’est mener le combat contre la démocratie républicaine libérale.

Alexandre Vatimbella

 

 

dimanche 24 décembre 2023

Le Focus – Inde: Ne faisons pas avec Modi ce que nous avons fait avec Poutine


La suspension de 149 députés de l’opposition est le dernier acte après bien d’autres qui met à mal la démocratie de du Premier ministre de l’Inde.

Narendra Modi, nationaliste et populiste, n’aime guère la contradiction et dirige le pays d’une main de fer pour imposer son «rêve indien» fait de puissance, de prospérité et de valeurs hindous traditionalistes et souvent extrémistes mettant en danger les minorités religieuses au premier desquelles la musulmane, mais surtout les libertés de tous les citoyens.

Ce n’est pas la première fois que l’opposition est sanctionnée et menacée alors que Modi continue à bénéficier d’une forte popularité dans le pays.

Mais sa dérive autoritaire devrait alerter les pays démocratiques et les faire réagir pour que la situation n’empire pas.

Que nous oublions pas que Vladimir Poutine a commencé par ce type d’entorses à l’Etat de droit avant de devenir un autocrate puis un dictateur criminel de guerre dont un des objectifs principaux est de détruire la démocratie dans le monde.

Ne faisons pas de Modi, un nouveau Poutine.

Le problème est que l’Occident, tout à son combat contre les totalitarismes chinois et russe, a fait constamment les yeux doux à Modi, de Biden à Macron.

Ce dernier vient d’ailleurs d’envoyer un tweet de remerciement à «son cher ami Narendra» qui l’a invité aux cérémonies de la fête nationale indienne auquel le président français participera.

Heureusement, par ailleurs, que la Chine soit l’ennemie héréditaire de l’Inde mais, à l’inverse, a toujours entretenu de bonnes relations avec la Russie qui la soutint aux temps où l’URSS et la République populaire de Mao se menaçaient constamment d’en venir aux mains (nucléaires).

Oui, l’Inde n’est pas encore une dictature ou une autocratie mais les signes de détérioration du régime démocratique sont trop nombreux pour les passer par pertes et profits pour ne pas froisser un homme qui, ne l’oublions pas, à du sang sur les mains, ayant soutenu, lorsqu’il était gouverneur du Gujarat, une chasse aux musulmans par les extrémistes hindous qui fit de très nombreux morts.

Notre intérêt est d’avoir l’Inde de notre côté mais jusqu’à quel prix?

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 

Editorial d’Alexandre Vatimbella. La haine de la démocratie est la haine de l’autre et réciproquement

La haine de la démocratie est la haine de l’autre qui est la haine de la démocratie. 

Celui qui déteste la démocratie ne peut avoir de la considération pour l’autre, celui qui ne pense pas comme lui. 

Respecter la dignité et l’individualité de l’autre est l’injonction impérative du projet démocratique dont un des principes est le refus de l’intolérance. 

Sans ce respect de l’autre, la démocratie qui est fondée sur la liberté dans l’égalité de chacun de ses membres ne peut exister. 

L’inacceptation de l’opinion, de la manière de conduire son existence, des choix de l’autre est la négation du système démocratique. 

Et cette négation veut justement empêcher l’autre de vivre en être autonome, responsable de sa vie. 

Toute idéologie politique, religieuse ou philosophique qui affirme détenir la vérité et qui veut l’imposer à l’autre par toutes les manières possibles dont les violentes et les coercitives est une idéologie de haine de la liberté et de l’égalité de cet autre, de haine de la démocratie. 

Entre un radicalisé d’extrême-gauche ou d’extrême-droite et un radicalisé religieux ou sectaire, il y a un combat commun dans les détestations d’un régime qui permet la multiplicité des opinions et des comportements. 

Ce combat commun passe par l’élimination de cet autre soit en l’empêchant de vivre une existence d’humain libre, soit en le faisant disparaitre physiquement. 

On ne peut construire un régime de respect de l’autre sans accepter ses différences, ce que refuse tous les extrémismes quels qu’ils soient. 

Faire croire à des lendemains meilleurs ou à un paradis de l’au-delà par l’élimination de ceux qui ne pensent pas comme vous est de ce point de vue une escroquerie intellectuelle propagée par des idéologies haineuses. 

En ce début de troisième millénaire, ces idéologies de l’exécration fleurissent et se propagent à nouveau dans l’ensemble des sociétés de la planète. 

Elles s’en prennent en priorité à la démocratie et ce n’est pas un hasard de voir une alliance objective entre les totalitarismes, les fanatismes et les terrorismes, tous ces «ismes» qui se nourrissent des pires inclinations et des plus bas instincts de l’humain. 

Mais le constat préoccupant est bien que cette haine est partagée par de plus en plus d’individus, en témoigne les succès des extrêmes et des populismes dans les élections des pays démocratiques ainsi que la communautarisation des sociétés où les groupes divers et variés s’opposent de plus en plus frontalement dans des discours d’exclusion de l’autre et d’agressivité à son encontre qui vont jusqu’à la violence physique. 

Cette montée de la haine amène à un deuxième constat, le plus inquiétant, l’incapacité de nos sociétés à avoir réalisé effectivement le projet démocratique qui, s’il avait continué à progresser, aurait dû l’éliminer, à tout le moins, la diminuer. 

Et l’on en vient à cette question que tout démocrate redoute mais se pose de plus en plus: l’humain est-il fait pour la démocratie? 

Si l’on ne peut encore répondre par la négative, on a de plus en plus du mal à répondre par un oui catégorique. 

Alexandre Vatimbella

 

samedi 23 décembre 2023

Editorial. Ecologie: faisons d’abord ce qui est faisable!

L’urgence écologique que ce soit en matière de climat, de pollution et de développement durable est une réalité. 

Ce qui est également une réalité, c’est ce qu’est le monde actuel. 

Il y a des pays riches, des pays qui le sont moins et d’autres qui sont loin de l’être. 

Et dans les pays riches, il y a des riches, des moins riches et des pauvres. 

Tout l’agenda écologique qui est pour la plupart constitué de mesures à prendre au plus vite, lui, est réaliste vis-à-vis de la situation en la matière que nous connaissons mais ne l’est pas face à cette réalité des différences de développement et de condition. 

Au-delà d’une injustice que l’on ferait peser sur les plus pauvres en les obligeant à ne pas se développer ou atteindre un niveau de vie acceptable, une autre réalité c’est qu’ils ne peuvent financer ces mesures et, surtout, que les prendre aurait un impact désastreux sur ses populations qui dans bien des cas manquent de l’essentiel. 

Certains prônent, pour que l’on parvienne malgré tout à tenir cet agenda, de faire une large redistribution, à tout le moins que les riches financent largement les mesures à prendre par les pays les moins développés. 

Cependant, là aussi, la réalité n’est pas celle-là. 

Oui, il y a des aides mais elles ne sont pas à la hauteur des objectifs poursuivis et ne peuvent l’être pour deux raisons: le refus des populations des pays riches d’être une sorte de vache à lait en l’espèce et la limite des aides que les pays riches peuvent distribuer, tous pays riches qu’ils sont. 

Cela pose la question de savoir quoi faire. 

S’il est vrai qu’une vraie révolution des comportements est nécessaire pour que notre monde puise faire face à la hauteur des enjeux à cette urgence écologique, tout aussi vrai est que constamment culpabiliser les humains de par la planète pour leur irresponsabilité est in fine contre-productif. 

Demander, par exemple, la fermeture immédiate des usines polluantes est ainsi une illusion car quel pays accepterait de mettre des centaines de milliers de ses ressortissants au chômage? 

Quelles populations resteraient les bras croisés devant cette casse sociale? 

Ce ne serait soutenable, ni économiquement, ni socialement et cela aurait comme conséquence de braquer les populations contre l’indispensable transformation écologique de nos modes de vie. 

L’idée est donc de faire ce que l’on peut faire et de bien le faire, ce qui est loin d’être le cas. 

Exemple en ce sens: avoir un comportement individuel mais aussi collectif responsable en matière de gaspillage, de déchets, de pollution, voilà qui est possible et qui reste encore beaucoup trop limité voire embryonnaire. 

D’autant que développer le plus possible des pratiques et des comportements vertueux  dans un principe de réalité enclencherait une dynamique qui permettrait de changer d’échelle tout en faisant des populations, non pas des ennemies à stigmatiser sans cesse, mais des alliés dans un but commun: sauver l’Humanité.