«Ne pas s’en prendre au messager», vont répondre ceux qui viennent de lire indignés le titre de cette chronique.
C’est vrai, ils ont raison, mais ajoutons immédiatement que l’on ne peut s’en prendre au messager sauf s’il a manipulé le message.
Et c’est bien de cela qu’il est question ici.
Le catastrophisme des écologistes qui remontent à l’origine de la création de leurs organisations contemporaines au cours des années 1960 est directement corrélé au fondement idéologique de leur lutte qui était à la fois dirigé pour un environnement sain mais aussi contre une société libérale et capitaliste qu’ils rendaient responsables de cet état de fait et contre laquelle ils se battaient déjà politiquement parlant.
Ainsi, dès le départ, le combat de l’écologie a suscité beaucoup de scepticismes et de résistances voire d’opposition frontales au message lui-même dans la population parce qu’il a sciemment mélangé les deux problèmes (alors même que les pratiques des pays de communistes de l’époque ont été encore plus ravageuses en matière d’environnement).
Et avec le temps et un entrisme de plus en plus grand de groupes d’extrême-gauche, la lutte anti-libérale et celle pro-écologie ont été de plus en plus liées, ce qui n’était pas, ce qui n’a jamais été et qui n’est toujours pas une quelconque nécessité.
Car les comportements humains sont partout les mêmes quel que soit la société où l’on vit avec des exceptions qui concernent souvent que des micro-communautés.
Dès lors, que de temps perdu dans la polémique alors que l’action immédiate était indispensable et devait être portée par un message universaliste, consensuel et se focalisant avant tout mais pas exclusivement pour autant sur les mauvaises habitudes de l’espèce humaine.
Et non pas pour espérer faire une révolution chimérique mais pour engager des réformes concrètes et en profondeur qui, aujourd’hui, auraient déjà transformé nos sociétés si elles avaient été mises en place il y a soixante-ans.
Mais les militants et dirigeants écologiques avaient fait une OPA sur l’environnement avec l’incantation et la contestation parfois violente comme mode de fonctionnement là où il fallait mettre en place du consensus et donner la priorité au développement d’initiatives concrètes.
Et leur aveuglement idéologique tout autant que leur ignorance crade des problèmes et de leurs solutions ont, pendant trop longtemps, ghettoïsé l’écologie.
On se rappelle du fiasco du «retour à la terre» qui commença à la fin des années 1960 et qui précarisa toute une partie de la jeunesse qui n’y connaissait rien pour, non seulement, vivre de la nature mais vivre dans la nature.
Aujourd’hui nous en sommes à une véritable prise en otage de la défense de l’environnement par l’extrême-gauche et par des bobos plus misanthropes qu’amoureux de la nature.
Et l’écologie qui est revendiquée passe plus de temps à s’attaquer aux valeurs de la démocratie républicaine qu’à combattre la pollution ou le dérèglement climatique.
Le temps perdu à cause des écologistes et de leurs organisations ne se rattrapera sans doute pas mais cela ne justifie pas que, puisque le messager est un imposteur, le message et le contenu du message soit à ignorer comme le font certains en prenant prétexte de cette mystification pour les remettre en question.
Parce que, réellement, la mobilisation écologique n’est pas une option, c’est une obligation.
Certains la pratiquent déjà dans leur coin, n’ayant jamais voulu se faire chaperonner ou rejoindre des agitateurs qui ne savaient pas de quoi ils parlaient.
D’autres se sont fait abuser par ceux-ci mais ont gardé une vraie volonté d’agir pour sauver l’Humanité.
Par son ambition et son champ d’action, l’écologie ne peut être qu’un mouvement transpartisan et non récupéré par la Gauche, le Centre ou la Droite.
Une initiative dans ce sens serait la bienvenue même si on a compris que l’écologie fait désormais plus partie de l’électoralisme que de la défense de l’environnement stricto sensu.
Et pourtant le temps presse.