Le niveau de vie est-il conciliable avec sa préservation?
Peut-on, à la fois sauver l’Humanité face aux défis de l’environnement tout en assurant un niveau de vie meilleur, voire simplement équivalent?
N’est-ce pas plutôt un défi impossible et paroxystique où apparait dans toute sa brutalité notre impéritie, non pas à choisir, mais à prendre la mesure de son aspect prométhéen. Et n’est-ce pas cette incapacité à agir pour sauver l’essentiel qui nous conduira, in fine, à ce que nous perdions à la fois les deux combats?
Le récent «Jour du dépassement», le 2 août en 2023, calculé par une ONG pour signifier que nous avons déjà consommé ce que la planète peut produire de renouvelable en un an et les déchets de cette consommation que nous pouvons supprimer, même s’il prête à des critiques sur les données qui sont utilisées pour le définir, est malgré tout un élément important dans ce débat.
Qu’il soit approximatif ou non, il ne provoque guère de réaction chez les gouvernants – autres que des déclarations bonne intention – et chez les populations – autre qu’une simple angoisse de surface.
Parce qu’il vient en contradiction avec nos comportements et nos agirs, il est rapidement oublié alors qu’il devrait, au contraire, nous faire prendre conscience de changer nos modes de consommation, maintenant.
Non pas que nous ne croyons pas majoritairement que nous devons agir pour que notre environnement ne soit pas invivable pour l’espèce humaine mais parce que nous ne pouvons pas nous résoudre à abandonner une partie de notre confort obtenu de haute lutte dans les pays développés, et à espérer l’obtenir dans les pays émergents et en développement.
Et les décisions politiques radicales sont quasiment impossibles pour tout pouvoir – démocratique ou non – qui souhaite se maintenir en place.
On doit bien comprendre que la demande de travailler en faveur des générations futures pour les générations actuelles qui parfois manquent de tout, est inaudible pour une partie de l’Humanité et une privation trop grand pour une autre.
Sacrifier ce que nous avons ou ce que nous pouvons avoir sans qu’il y ait une raison impérative concrète et immédiate n’a jamais été une capacité des humains.
Or même si nous voyons bien des changements inquiétants, notamment avec le dérèglement climatique, cela ne met pas encore en jeu notre existence sauf à la marge donc que nous acceptons comme nous acceptons les maladies et les catastrophes naturelles.
Malheureusement, il faut s’attendre que les vraies mesures fortes ne soient prises que par les générations qui vivront au moment où l’urgence sera là.
Peut-être d’ailleurs que ce sera une partie de celle qui vit aujourd’hui mais le point critique dans la vie quotidienne n’est pas encore apparu et les mises en garde alarmistes sont entendues, certes, mais ne débouchent pas sur les bouleversements nécessaires.
Nous en sommes encore à penser que le pire n’est peut-être pas inéluctable – ce qui est peut-être vrai – et que notre science ainsi que notre technologie trouveront les solutions adéquates avant la catastrophe – ce qui est possible.
Mais même si ces dernières nous donnent des outils pour nous sauver, changer les comportements de notre espèce n’est pas une option.
In fine, cette capacité à prendre les bonnes décisions et à nous adapter à la situation avant qu’elle ne soit incontrôlable sera une nouveauté pour les humains.
Il faut que nous soyons conscients de cette véritable révolution des mentalités qui est vitale mais loin d’être encore présente.