«Rien n’est jamais gagné»: derrière cette expression populaire assez basique se cache en réalité le défi prométhéen de l’Humanité.
Oui, pour l’humain, rien n’est jamais gagné (ou «rien n’est jamais acquis» pour la version plus littéraire…) que ce soit dans sa condition, pour ses besoins naturels et matériels, vis-à-vis de la communauté dans laquelle il vit.
Aucun répit n’est possible pour qu’il puisse avoir sa nourriture du jour et du lendemain.
Aucun relâchement n’est possible s’il veut préserver sa liberté ou la conquérir.
Aucun renoncement n’est possible s’il veut que le monde soit sécure pour lui, sa famille, ses proches et, plus largement, l’espèce humaine.
Et cette condition précaire date de son apparition et perdurera jusqu’à sa disparition et, pour chacun de nous, de sa naissance à son décès.
Non, vraiment, rien n’est jamais gagné, une expression en réalité d’une grande profondeur et qui porte en elle des conséquences infinies…
Et pourtant, les humains agissent souvent comme si les victoires d’hier impliquent qu’elles le restent mécaniquement aujourd’hui et qu’elles le demeureront demain comme si un club de football qui gagnait sa championnat avait vocation à être numéro un ad vitam aeternam...
Oui, nous avons réussi à résoudre le problème de la faim et de l’eau potable dans les pays développés.
Mais non cela n’assure pas que ce soit le cas demain si nous ne continuons pas à nous retrousser les manches.
Oui, nous avons conquis la liberté dans les pays démocratiques.
Mais non cela n’assure pas que demain nous ne soyons pas sous le joug d’un dictature si nous ne nous mobilisons pas contre les forces extrémistes et populistes.
Quant à notre sécurité, il suffit de voir comment des pays «civilisés» tombent si facilement dans la violence extrême où tout ce qui permettait de vivre le plus paisiblement possible disparait à une vitesse supersonique que l’on pensait de l’ordre de l’impossible.
Au début des années 1930, les juifs d’Europe vivaient dans des sociétés où certes l’antisémitisme n’avait certes pas disparu, loin de là, mais où ils pouvaient se dire globalement en sécurité.
Quinze ans plus tard, six millions avaient été victimes d’un génocide, soit les deux-tiers d’entre eux et ce, pendant une période de moins de cinq ans…
Non, rien n’est vraiment jamais gagné.
Et il serait grand temps d’agir en conséquence.
Ce qui veut dire, concrètement, de toujours demeurer vigilants, impliqués et éveillés.
Le renoncement n’a évidemment pas sa place mais, l’Histoire nous l’a malheureusement appris plus d’une fois, l’attentisme non plus.
Aujourd’hui, nombre de défis posés à l’Humanité n’ont pas changé, d’autres, comme la préservation de notre environnement, sont devenus prégnants.
La mobilisation est, non seulement, de rigueur mais l’obligation de tout citoyen du monde qui refuse la fatalité, non pas que «jamais rien n’est gagné» mais son pendant pessimiste, que «ça sert à rien».