L’émoi des visites de Modi aux Etats-Unis puis en France où, à chaque fois, que ce soit Joe Biden ou Emmanuel Macron, on déroule le tapis rouge au premier ministre indien est compréhensible, l’homme étant un populiste démagogue, proche des extrémistes hindous dont il a couvert les crimes contre les musulmans au temps où il gouvernait la province du Gujarat.
Mais il est aussi à la tête d’une démocratie – certes imparfaite mais une démocratie sans conteste – et d’un pays qui compte désormais la plus grande population et qui doit, dans le monde troublé d’aujourd’hui, absolument demeurer dans une «neutralité» face aux régimes de Poutine en Russie et de Xi en Chine.
Rappelons que les liens entre l’Inde et la Russie sont anciens, datant des premières années de l’indépendance du pays avec une a ide militaire importante de l’Union soviétique.
Dès lors, sa position est ambigüe mais elle n’a pas choisi clairement le soutien à Poutine ce qui est déjà une victoire pour le camp des démocraties.
Très hypothétique, en revanche, est la possibilité d’un alignement avec la Chine tant les points de frictions sont importants et la peur de l’Inde est grande d’être réduite par son puissant voisin à une puissance régionale de second ordre, voire à un simple satellite de celui-ci.
Toujours est-il que l’Inde a toujours été un pays qui compte géopolitiquement et géo-stratégiquement, elle l’est encore plus en ces temps troublés.
Dès lors, ne pas vouloir l’attirer dans le camp du monde libre quel que soit son premier ministre serait une faute pour n’importe quel gouvernement français, américain, britannique, allemande ou autre.
Cela n’empêche pas que les préventions et les indignations de la société civile de ces pays soient respectées et respectables face à la politique autocratique de Modi et à ses débordements.
Cependant que dirait-on si, demain, l’Inde choisissait carrément le camp de la Russie de Poutine parce que celui de la démocratie n’aurait pas fait le nécessaire afin qu’elle en soit membre?
L’alliance avec l’Inde est une illustration emblématique de la realpolitik avec Modi à sa tête tout en demeurant acceptable du fait de son régime démocratique.