Pour ceux qui utilisent les réseaux sociaux tout en les observant, une fatigue et une lassitude devant la haine, le mensonge, la bêtise et l’inculture qui s’y affichent avec fierté provoquent une grande désespérance.
On se dit alors que ce ne sont que les réseaux sociaux, la version moderne des déplorables et souvent abjectes discussions de comptoir dans les bars tabacs où l’on retrouvait tous ces comportements qui font honte au genre humain.
Mais, immédiatement, on corrige cette opinion parce que les réseaux sociaux aussi indigents soient-ils en grande partie sont aussi l’endroit où les décideurs politiques et les médias viennent chercher de l’information et la relayer pour le meilleur, exceptionnellement, et pour le pire, de manière beaucoup trop récurrente.
Or donc, qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le regrette amèrement, les réseaux sociaux ont un poids politique.
Les défenseurs de la démocratie et des libertés de pensée, d’opinion et d’expression sont dans une grande détresse car voilà un outil fait pour cette démocratie et ces libertés et qui, pourtant, les menacent.
La régulation de ces réseaux (ainsi que d’internet, plus généralement) est une solution mais aussi une possible négation des libertés démocratiques susmentionnées.
Ainsi, quand vous exprimez une opinion, personne ne dit qu’elle doit être juste ou même s’appuyer sur une «vérité» démontrée.
Bien entendu, le mensonge quand il appelle à la haine, quand il diffame doit être réprimé.
Autrement, il ne peut être empêché, seulement combattu par les faits.
Malheureusement, on se soucie trop peu de ces faits sur les réseaux sociaux puisque l’on est là pour donner son opinion et, surtout, sa vérité qui est évidemment, pour soi, la seule acceptable et légitime.
On pourrait parier sur un désintérêt progressif de ces réseaux qui amènent la confusion plutôt que la lumière pour ceux qui s’en servent.
Ce serait oublier que ce que nous sommes des êtres communicants et qu’échanger par la parole et l’écrit est notre quotidien.
Les réseaux sociaux, de ce point de vue, ne sont qu’un outil extraordinaire.
Bien entendu, ils permettent à toute une faune de minable et de médiocres, pire d’enragés violents, d’avoir une sorte de tribune à laquelle, qu’on le veuille ou non, on est confronté si l’on les utilise.
Et ils parviennent, non seulement, à toucher leurs congénères mais aussi la sphère politico-médiatique qui, bien évidemment, les instrumentalisent pour ses propres intérêts idéologiques et/ou commerciaux.
Alors, oui, ce ne sont que des réseaux sociaux mais ils sont un reflet saisissant de notre immaturité tant intellectuelle que politique et pourrait être, in fine, les cimetières de nos libertés.