Les faussaires de la démocratie sont partout.
Faussaires, des «personnes qui commettent un faux, qui imitent, qui falsifient quelque chose d'authentique» selon la définition du CNRTL, le Centre national de ressources textuelles et lexicales du CNRS.
Au nom soi-disant de la défendre, de l’améliorer, de l’accroître et/ou de permettre qu’elle fonctionne correctement voire réellement, ils la violent, la corrompent, la fragilisent sans vergogne et s’en servent pour l’instrumentaliser au profit de leurs desseins individuels ou collectifs.
En réalité, ils attaquent les valeurs qui la fondent et en sont les fossoyeurs.
On les retrouve partout, dans les partis politiques, dans les médias, dans les sphères intellectuelles mais aussi dans l’univers des réseaux sociaux où ils pullulent.
Exemple avec les deux valeurs fondamentales de toute démocratie: la liberté et l’égalité.
Celui venant de la Gauche.
Au nom d’une liberté virtuelle, elle s’en prend constamment à la sécurité qui serait anti-démocratique.
Des organisations ont même demandé aux Etats-Unis de ne plus financer la police, mot d’ordre repris en France par certains membres de la Nupes.
Or, Proudhon disait fort justement qu’il y avait trois éléments essentiels pour l’humain: sa liberté, son égalité et sa sécurité.
C’est vrai.
Si elles sont vraiment réelles alors sa dignité est assurée et son individualité préservée.
Car la liberté sans la sécurité ne peut exister pas et n’existera jamais.
Celui venant de la Droite.
Au nom d’une soi-disant méritocratie, l’égalité ne serait vraiment assurée que si l’on laisse à chacun la capacité d’exploiter ses potentialités sans les entraver d’aucune manière dans une compétition où le «meilleur»gagne.
Sauf que le prétendre c’est oublier que dans une société qui n’organise pas l’égalité, comme le dit Montesquieu, «quand il s'agit d'obtenir les honneurs, on rame avec le mérite personnel et on vogue à pleines voiles avec la naissance».
En effet, laisser inorganisée la méritocratie c’est évidemment nier qu’il y a, dès le départ, une inégalité de condition sociale entre les individus et que si l’on veut une vraie égalité de réussite, donc une vraie méritocratie, il convient de donner la même chance à chacun de pouvoir mener son projet de vie avec succès.
Prenons un autre exemple: le communautarisme.
Sous couvert de donner la parole aux minorités, il nie la plupart du temps l’universalisme qui est le cadre même de la démocratie républicaine libérale.
Tout groupe qui réclame une légitimité plus grande et des droits plus étendus que ceux offerts par cette démocratie républicaine libérale combat en fait cet universalisme.
De même pour tous les mouvements qui demandent des «réparations» à la démocratie au motif qu’elle aurait maltraité des groupes sociaux, ethniques, générationnels, etc.
Le plus souvent ils réclament une sur-égalité ce qui, par voie de conséquence, entraîne une sous-égalité aux autres ce qui est totalement anti-démocratique alors même que la revendication est soi-disant une démocratie plus aboutie…
Plus généralement, exiger pour un groupe – et non pour un individu – une reconnaissance de sa différence c’est créer des sphères fermées qui se côtoient dans une inégalité de fait.
L’exemple le plus caricatural dans cette fausseté est bien sûr la prétention d’établir la démocratie ultime en passant par une dictature!
C’est ce qu’a prétendu le marxisme-léninisme et a abouti aux pires totalitarismes du 20e siècle en Russie et en Chine, notamment, avec des dictateurs comme Staline et Mao qui n’ont rien à envier à Hitler.
Par ailleurs, on retrouve une idée dans les mouvances extrémistes de gauche et de droite selon laquelle le «peuple» serait tout puissant pour organiser la démocratie comme il l’entend.
Or rien n’est plus faux.
La démocratie est un régime qui donne le pouvoir au peuple de choisir ses représentants, non d’abattre la liberté, l’égalité et la fraternité.
Ainsi n’y aurait-il qu’un seul partisan de celles-ci, cela empêcherait toute le reste de la communauté dans laquelle il vit de le priver de ses droits démocratiques.
Et n’y aurait-il plus aucun partisan, cette même communauté ne pourrait agir au nom des droits des générations futures.
La manipulation des esprits est la méthode principale utilisée par les faussaires.
La réponse est une dénonciation constante des tentatives de vicier la démocratie et de subvertir ses valeurs.
Plus structurellement, c’est de bien former et informer chacun pour qu’il devienne ce citoyen responsable et conscient de ses intérêts et de ceux de sa communauté, ce qui est la condition sine qua non d’un fonctionnement correct de la démocratie.
Alexandre Vatimbella