Pour fonctionner correctement la démocratie républicaine nécessite des citoyens éveillés.
Et la liberté ne peut être réelle que dans le cadre d’une responsabilité de chacun dans son utilisation.
En ces temps troublés et anxiogènes que nous sommes en train de vivre – et pas seulement à cause de la crise sanitaire, du réchauffement climatique ou de la guerre de Poutine contre l’Ukraine –, l’individu responsable – pierre angulaire d’une société libre et en paix –, face aux faits et aux dires d’une partie de la population, n’est-il pas un espoir déçu et qui a vocation à toujours l’être?
Si tel est le cas, n’est-on pas au bout d’un processus démocratique – qui a toujours été imparfait et parcellaire – et non à l’aube d’une nouvelle avancée de la liberté?
N’’est-on pas déjà allé trop loin dans l’autonomie de l’individu qui se révèle souvent n’être que le terreau à son irresponsabilité, son égocentrisme, son irrespect et son insatisfaction chronique avec sa demande d’un assistanat continu?
Une reprise en main n’est-elle pas alors nécessaire pour protéger et conforter les acquis plutôt que d’élargir les «droits de» et surtout les «droits à»?
On le sait, la démocratie est un régime fragile qui permet d’être attaqué par ses ennemis tant extérieurs qu’intérieurs avec les propres armes qu’il leur fournit au nom même de ses principes.
Quant à la liberté – état qui fait souvent aussi peur qu’il fascine – les obligations qu’elle demande de la part de ses utilisateurs sont soit détournées, soit rejetées par nombre de ceux qui peuvent l’utiliser.
Or donc, si la responsabilité ne peut être réellement implémentée, si chaque liberté, chaque droit font l’objet d’un détournement pour n’être que des armes qui divisent au lieu de rassembler, qui permettent la licence et l’irrespect de l’autre, alors il faut en tirer les conséquences.
D’abord en redéfinissant exactement ce qu’est la démocratie en ce 21° siècle où ce n’est plus le vote des représentants du peuple qui en est le fondement – mais qui demeure évidemment essentiel – mais bien, au-delà de la souveraineté populaire, le respect de la personne donc de son individualité, de sa dignité et de sa liberté, ce qui fait d’elle le seul régime politique légitime et non pas un parmi tant d’autres.
Et l’Etat de droit se doit de s’adapter à ce constat ainsi que les pratiques démocratiques.
Donc la solution ne passe absolument pas par un régime autoritaire et a fortiori totalitaire qui serait la négation des valeurs humanistes de la démocratie.
Mais elle passe par la mise en place de garde-fous c’est-à-dire de réglementations strictes qui empêchent l’instrumentalisation de la liberté qui la nie, c’est-à-dire que la licence l’emporte sur la liberté.
Ensuite, il faut toute une série de mesures qui forment réellement à la démocratie, allant de l’enseignement à l’obligation d’un service civique en passant par la mise en place d’un vrai service public de l’information.
L’individu doit être libre mais il doit aussi participer au cadre qui permet cette liberté sinon il ne peut complètement comprendre les mécanismes qui lui permettent de l’être.
Si tel n’est pas le cas, nous sommes sans doute à l’orée de jours sombres pour la démocratie qui s’effondrera autant par les coups de boutoirs de ses ennemis extérieurs et intérieurs que par l’incapacité de ses dirigeants mais aussi de la société civile d’avoir mis en place les structures indispensables qui seules peuvent permettre une vraie pratique démocratique grâce à des citoyens éveillés et réellement capables de prendre des décisions en regard de leurs intérêts et de ceux de la communauté à laquelle ils appartiennent.
Alexandre Vatimbella