La réalisation du projet de la démocratie républicaine libérale passe obligatoirement par l’éclosion et l’épanouissement d’un citoyen éclairé et responsable, capable de prendre des décisions au mieux de ses intérêts et de ceux de la communauté dans laquelle il vit.
Les deux mamelles auxquelles l’individu doit s’abreuver pour atteindre cet objectif émancipatoire sont la formation – c’est-à-dire la transmission du savoir et des valeurs humanistes ainsi qu’une méthode par l’enseignement – et l’information – c’est-à-dire lui donner la possibilité de pouvoir prendre connaissance de tous les éléments possibles afin d’être au courant du monde dans lequel il vit.
Tâche ô combien belle et valorisante mais qui, dès le départ, a laissé sceptique certains devant son ampleur et son côté quelque peu utopique.
Néanmoins, l’école de la république et les médias de la démocratie ont enclenché au cours du 19e siècle le processus de cet éveil du citoyen.
Mais, malheureusement, on s’est vite aperçu qu’il n’était pas à la hauteur requise pour qu’il permette à ce citoyen d’être vraiment éclairé et responsable.
Car si le projet démocratique a apporté à l’individu une autonomie indispensable à sa qualité de citoyen, faute des outils pour bien l’utiliser, celle-ci est devenue, paradoxalement, une arme contre la démocratie…
J’ai souvent parlé de cette autonomie égocentrique, assistée, irresponsable, irrespectueuse et insatisfaite.
Une sorte de détournement «solipsistique» de la démocratie où la seule réalité que veut prendre en compte l’individu est celle de son existence et de son intérêt.
Et un détournement de l’idéal individualiste qui est ramené à un simple nombrilisme.
Cet échec ou cette non-réussite si l’on préfère, pose la question de la possibilité d’y parvenir un jour, le plus tôt possible serait évidemment le mieux.
Cependant si la raison de cet insuccès, c’est la nature même de l’espèce humaine, alors la messe est dite.
Si, en revanche, c’est la faute des structures mises en place et de leur fonctionnement, alors il reste un espoir.
La réalité que nous vivons quotidiennement et les années de pratiques démocratiques semblent devoir nous faire militer pour la première proposition– la démocratie républicaine existant depuis près de 250 ans sans discontinuer aux Etats-Unis, on constate une faillite certaine du projet qui apparait dans toute sa crudité avec Trump qui est autant un des phénomènes de celle-ci que sa conséquence –, on peut également dire que les politiques et les moyens mis pour les réaliser ont aussi montré leurs limites et qu’il reste encore à mettre en route une organisation efficace et ce, en provoquant un véritable Big bang dans ce domaine.
Cela passe d’abord par la création d’une structure essentielle et prédominante, un ministère transversal de la citoyenneté qui regrouperait, entre autres, l’enseignement et l’information citoyenne.
Ce super-ministère ne serait pas une fin en soi mais le bras armé d’un plan de mobilisation d’une envergure jamais vu jusqu’à maintenant.
Si tel n’était pas le cas, on peut craindre que la démocratie s’effondrera par l’incapacité des humains à lui donner vraiment les moyen d’exister.
Pourquoi militer pour ce big bang ?
Parce que la démocratie républicaine libérale est le meilleur système politique que l’on puisse mettre en œuvre actuellement face aux réalités de la vie terrestre et il vaut donc la peine de tout faire pour qu’elle existe vraiment.
Une fois d’ailleurs solidement établie et fonctionnant correctement des améliorations et des évolutions pourront se faire pour aller encore plus vers la seule raison d’être d’une démocratie républicaine libérale, l’épanouissement de l’individu capable de vivre pleinement son individualité, ses différences, de bâtir avec réussite son projet de vie tout en partageant avec l’autre dans une relations de confiance et solidaire.
Avouons que nous n’en sommes pas encore là…
Alexandre Vatimbella