Informer correctement les citoyens est non seulement un devoir impératif pour la démocratie mais une entreprise existentielle pour qu’elle puisse perdurer et, surtout réaliser ses promesses d’émancipation de tous les individus.
Sans un citoyen bien formé et informé c’est-à-dire éveillé et «au courant», capable de comprendre le monde qui l’entoure pour prendre des décisions responsables concernant ses intérêts et celui de ses proches mais aussi de la communauté dans laquelle il vit, il ne peut y avoir de vraie démocratie.
Or jusqu’à présent la possibilité de recevoir une information non biaisée et sans filtre venant d’un véritable service public d’information citoyenne n’a jamais été réalisée malgré les engagements et les timides tentatives.
La mémoire collective est le plus souvent bien défaillante aidée en cela par des récits qui prennent beaucoup de liberté avec les faits.
C’est le cas avec le journalisme.
Ainsi, on nous explique que nous serions entrés dans l’ère de l’information spectacle, d’une déontologie journalistique peu respectée et une volonté de faire le buzz avec une prédominance de l’opinion dans la narration et le commentaire des faits.
Or cette description est celle, avec plus ou moins de nuances, de ce qu’est le journalisme depuis toujours!
Dès lors, celui-ci n’a jamais rempli le rôle premier qui doit être le sien dans une démocratie républicaine, donner une information citoyenne c’est-à-dire la plus neutre possible en relatant les faits et en les expliquant pour que ce soit le citoyen lui-même qui se fasse son opinion en toute indépendance au mieux de ses intérêts, de ses valeurs en regard de son comportement responsable dans la communauté dont il fait partie.
Oui, le service public d’information citoyenne n’existe pas, n’a jamais existé et est encore à inventer.
Il est donc grand temps d’installer cet organisme qui fera passer un palier à la démocratie réelle afin de la rendre mature, pour la rapprocher de son idéal.
La formation du citoyen (instruction et information) est si importante qu’il nous faut revoir de fond en comble les outils de la diffusion l’information citoyenne et plus particulièrement ce que l’on appelle faussement «le service public» qui existe dans la plupart des pays démocratiques mais qui fonctionne avec une tutelle plus ou moins importante de l’Etat et un cahier des charges trop mince qui laisse la possibilité de dérives idéologiques ainsi que de mauvais fonctionnements tant au niveau de son organisation que de la qualité de l’information diffusée.
Dans ce cadre, il faut tenir en très haute estime le journalisme et le métier de journaliste.
Et pour ceux qui souhaitent être des journalistes du service public, il faut mettre en place une formation particulière et une déontologie très stricte.
On la souhaiterait pour l’ensemble de la profession mais une ligne rouge que l’on ne peut pas dépasser se dresse: la liberté d’opinion qui se traduit par la liberté d’expression donc la possibilité pour tous de créer et/ou de travailler dans un média indépendant.
Parce que, bien évidemment, le service public d’information citoyenne doit coexister avec la presse privée quelle qu’elle soit.
Sa complémentarité est la presse d’opinion alors qu’aujourd’hui on a plus que l’impression que c’est le service public qui est un auxiliaire de celle-ci.
D’où, sans doute, son incapacité à remplir sa mission.
Alexandre Vatimbella