Nous nous étions émus de l’extrême pauvreté des déclarations et de l’absence d’une réelle réflexion stratégique et politique – pas politicienne – lors du retrait des Etats-Unis d’Afghanistan en 2021 et du «bourbier sans fin» dans lequel l’armée américaine s’était retrouvé.
Au-delà d’un réel et compréhensif émoi pour les femmes et les enfants afghans qui s’apprêtaient à vivre l’enfer et qui le vivent effectivement, cela nous rappelait une fois de plus que nous sommes bien dans cet ère de l’infontainement où l’émotion, la réaction épidermique, le buzz, la nécessité pour tout ce qui est média au sens large de remplir ses colonnes vingt-quatre sur vingt-quatre sont devenus la norme et remplacent l’analyse sérieuse.
Mais, ce qui doit sans doute nous interpeler le plus, c’est que ces dérives touchent désormais l’ensemble du monde médiatique et intellectuel alors, qu’il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore trouver sans trop de difficultés des réflexions et des décryptages dignes de ce nom de la part de grands professionnels de la presse et de chercheurs qui avaient refusé jusque-là de sacrifier et de caricaturer leur travail sur l’autel de la plus basique chaîne d’information en continu…
Toujours est-il qu’après la chute de l’empire américain proclamé alors avec morgue, ignorance et ineptie, nous voici à nouveau dans la célébration de la force de ce même empire depuis la survenance de l’invasion de Ukraine par Poutine avec souvent la même ignorance et ineptie, il suffit de regarder les mêmes chaines d’information en continu!
Et le soi-disant benêt, le faible, le gâteux Joe Biden est encensé comme le défenseur de la démocratie et de la liberté alors qu’il avait été vilipendé comme son fossoyeur deux ans auparavant!
Avec toujours la même extrême pauvreté dans la réflexion.
Ce jeu qui semble addictif à certains «experts» et autres «observateurs avisés» est indigne d’autant qu’il manipule les opinions publiques qui n’en ont pas besoin à l’ère des fake news et des vérités alternatives.
La réalité, que ce soit en Afghanistan et en Ukraine, est que les Etats-Unis ont agi exactement avec les mêmes valeurs et principes et en s’adaptant à la réalité du terrain.
Rappelons que, dans les deux cas, l’intervention américaine résultait d’une agression (les attentats du 11 septembre 2001 pour l’Afghanistan, l’invasion de Poutine pour l’Ukraine).
De même, l’implication des Etats-Unis a permis, pendant des années, aux Afghans, de vivre dans un pays libre et, depuis un an, aux Ukrainiens de demeurer libres.
On voit d’ailleurs ce qui s’est passé après le départ des troupes américaines de Kaboul et on n’ose imaginer ce qui se passerait si les armes et les données américaines n’étaient plus fournies à Kiev.
Mais les Etats-Unis n’ont pas vocation, non plus, à soutenir ad vitam aeternam un régime et un peuple qui ne veulent pas lutter pour leur liberté comme ce fut le cas en Afghanistan après près de vingt ans de présence.
Tout le contraire de ce qui se passe en Ukraine où, tant le régime que le peuple, se battent avec un courage extraordinaire pour garder la leur.
Reste que dans les deux cas, la première puissance mondiale a montré et montre qu’elle est seule capable d’agir efficacement dans ce type de crise et de mobiliser ses alliés pour les aider.
De ce point de vue, il n’y a pas ni déclin, ni renaissance mais juste une réalité.