Nous sommes, nous les occidentaux, des alliés d’Israël dont nous sommes les garants de son existence.
Et cela n’est pas gratuit mais est, d’abord, notre responsabilité historique dans l’existence d’un comportement antijuif puis de l’antisémitisme mondial.
C’est bien en Europe qu’il s’est développé, qu’il est devenu systématique et qu’il a abouti à la Shoah.
Sans oublier que l’antisémitisme n’a pas disparu, loin de là, depuis le génocide des nazis.
Il s’est même étendu au monde musulman qui, s’il opprimait les juifs, ne s’appuyait pas sur les thèses européennes de l’antisémitisme jusque récemment et est dû, notamment, au retour des juifs en Palestine puis à la création de l’Etat d’Israël.
Mais ce dernier, qui est, rappelons-le, la seule véritable démocratie de la région – l’alternance qui vient d’avoir lieu à l’occasion des dernières législatives le démontre sans l’ombre d’un doute – connait une montée de l’extrémisme qui va aboutir à la création d’un gouvernement – dirigé par un extrémiste populiste corrompu, Benjamin Netanyahou – le plus à droite que le pays ait jamais connu dont plusieurs de ses membres ont des théories dignes des fascistes et… des nazis!
Ces suprémacistes juifs développent au bénéfice de leur «peuple» les mêmes thèses que celles des suprémacistes blanc aux Etats-Unis.
Et la politique suivie par ce gouvernement – même s’il devra mettre un peu d’eau dans son vin – sera un défi à la démocratie.
Dans ces conditions qu’elle doit être l’attitude de l’Occident?
Défendre cette politique au nom de l’absolue garantie de l’existence d’Israël a déjà obligé celui-ci à des contorsions lorsque les gouvernements dirigés par Menahem Begin, Ariel Sharon et, déjà, Benjamin Netanyahou ont existé par le passé, même si la radicalisation n’était pas aussi forte.
Le soutien à Israël ne peut pas, ne peut plus être un soutien à un gouvernement et un premier ministre au programme si extrémiste.
Mais la critique de ce pouvoir ne peut pas, non plus, désengager l’Occident de ce soutien au nom de l’Histoire et de sa responsabilité écrasante dans la situation des juifs.
Cette contradiction, 77 ans après la fin du génocide nazi, doit être gérée et ne peut aboutir à affaiblir un pays dont nous avons favorisé puis avalisé la création, loin de chez nous, loin de notre forfaiture à l’égard de ses habitants, pour ne pas se retrouver avec un «problème juif» sur le territoire européen, même si nous avons été mis, quelque part, devant le fait accompli.
Que cela ne nous empêche surtout pas de critiquer l’action d’un gouvernement et surtout d’un premier ministre qui compte dans ses amis les plus détestables politiciens comme Donald Trump.
En revanche, n’oublions jamais, comme le font certains avec des arrière-pensées infamantes, de ne pas mélanger la politique d’un gouvernement avec la légitimité de l’existence du pays qu’il dirige.