Par temps obscurs, je ne fais pas référence à une époque précise comme ce Haut-moyen-âge qui fut vilipendé pendant longtemps à tort mais à toutes ces périodes où, à cause de l’action humaine, déferlèrent la haine, la violence et le chaos avec son lot de destructions et de morts comme ce fut le cas lors de la Première et la Deuxième guerre mondiale, par exemple.
Quant au tragique de l’Histoire ce sont tous ces événements qui impactent sans cesse les populations mondiales depuis la nuit des temps comme c’est fut cas de manière paroxystique avec l’Holocauste ainsi que les génocides cambodgiens et rwandais ou, actuellement avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine et le génocide des Ouïghours en Chine, pour prendre les exemples les plus paroxystiques.
Définis ainsi, on peut dire que les temps obscurs et le tragique de l’Histoire sont la condition de l’Humanité prise en tant que communauté qui fait partie de la tragédie qui accompagne la condition humaine.
Car on peut y associer les ravages causés par la nature et qui deviennent par leur ampleur des faits historiques comme la peste noire du 14e siècle en Europe, le tremblement de terre du Shaanxi en Chine au 16e siècle ou l’éruption du Tambora en Indonésie en 1815 et plus près de nous le tsunami de 2004 dans l’Océan indien.
Une nature qui est la principale cause de mortalité du vivant qu’elle a créé, ne l’oublions pas quand certains veulent la diviniser et lui donner une personnalité juridique alors que nous devons la protéger au nom d’une devoir de protection de l’Humanité…
Néanmoins, ce qui nous intéresse ici, c’est l’action humaine et ses conséquences.
En effet, reconnaître cet état de fait implique que les humains doivent être conscients de cette réalité pour ne pas se la cacher sous des appellations de malédiction, de sort, surtout de destinée ou de fatalité.
Ce qui permet alors d’être dans le découragement, la démission et le renoncement et donc l’inaction et, in fine, dans une lente disparition.
Le challenge du réchauffement climatique est un bon exemple.
«Puisqu’il en est ainsi» disons-nous trop souvent en nous résignant.
Parce qu’ici, rien d’inexorable.
Bien sûr, l’Histoire semble prouver le contraire et aussi loin qu’elle remonte, elle nous parle de ces temps obscurs et du tragique qui accompagne le cours de l’existence humaine sans cesse et sans relâche.
Mais elle nous dit aussi que rien n’était écrit et que nous avons trop souvent choisi le pire.
On pourrait néanmoins en conclure que cela prouve que l’espèce humaine est intrinsèquement violente et qu’elle le sera toujours.
Cependant, nous sommes capables de nous extraire de ce qui semble être un cercle vicieux dans nos agirs quotidiens mais également sur des actions de moyen et long terme.
Par exemple avec la construction européenne ou, avant la Deuxième guerre mondiale, la création de la Société des nations qui devint en 1945 l’ONU.
Nous sommes aussi capables, notamment dans les sociétés démocratiques, de mettre hors-la-loi tous les actes barbares et de les sanctionner durement avec un consensus de la population.
Bien sûr, cela ne fait pas le poids face à l’ignominie et l’innommable que nous sommes capables de produire mais cela signifie que nous ne sommes pas pris pour l’éternité dans une spirale infernale dont nous ne serions pas capables de sortir.
Et c’est là l’important qui nous oblige sans échappatoire malhonnête à ne jamais renoncer, à ne jamais invoquer la fatalité, à ne jamais dire «puisqu’il en est ainsi»…
Cela nous oblige à être des citoyens engagés et éveillés parce qu’il y a, au bout du chemin, un espoir de changer le monde.
Oui, il est possible de faire front aux temps obscurs et au tragique de l’Histoire parce que nous sommes capables d’imaginer un monde meilleur ?
Et nous devons sans faiblir nous appuyer sur cette capacité, non pas pour fantasmer sans rien faire d’un paradis sur Terre qui n’existera jamais mais pour agir sans renoncement pour construire la meilleure société possible.
Le découragement et la démission nous guettent évidemment à chaque instant car, ici, rien n’est facile, ni donné.
Mais, si nous avons perdu tant de batailles, nous n’avons pas encore perdu la guerre.
Alexandre Vatimbella