Si l’on est parfois plus que perplexes sur le choix des lauréats du prix Nobel de la paix – en 2009, Barack Obama avait été lui-même extrêmement étonné de le recevoir! –, cette année, pas de mauvaise surprise (comme celle de 1973 avec Henri Kissinger et Lê Duc Tho…) mais une récompense amplement justifiée pour des personnes et des organismes qui luttent en faveur des droits de l’humain dans la sphère d’influence de Vladimir Poutine et dans le pays qu’il est en train d’agresser.
C’est en effet l’ONG russe Memorial fondée en 1987 par Andreï Sakharov et interdite par le Kremlin, le journaliste biélorusse Alès Bialiatski, dirigeant du Centre des droits de l’homme Viasna et emprisonné arbitrairement par le vassal de Poutine aux mains couvertes de sang, Alexandre Loukachenko, et le Center for civil liberties ukrainien avec à sa tête Oleksandra Matviichuk, qui sont distingués.
Rappelons qu’en 2021, le prix avait été décerné à un autre opposant du criminel russe, Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta.
Selon le comité du prix Nobel, les lauréats ont été honorés pour «un effort exceptionnel pour documenter les crimes de guerre, les violations des droits de l’homme et les abus de pouvoir » et pour avoir«promu pendant de nombreuses années le droit de critiquer le pouvoir et de protéger les droits fondamentaux des citoyens».
Au moment où un autre récipiendaire du prix, Amnesty international (en 1977) se fourvoie malheureusement de plus en plus par des prises de positions politiques partisanes radicales, il est réjouissant de voir que des personnes et des organisations impliquées dans la liberté et la défense de la dignité humaine souvent au prix de leur existence soient distinguées.
Et de nous rappeler que la défense de la démocratie et de ses valeurs humanistes sont un combat de tous les jours que certains mènent dans des pays où elles sont attaquées ou niées avec un courage exceptionnel en risquant constamment leurs vies pendant que les populations qui vivent dans des régimes démocratiques sont de plus en plus séduites par les discours extrémistes et populistes de personnages dangereux et violents, manifestant un fourvoiement coupable et honteux que regardent ébahis et consternés tous ceux qui sont privés de liberté.