Il fut un temps, pas si lointain que cela, de la fin du 20e siècle au début du 21e où il n’était guère bon de se dire «populiste» tellement ce qualificatif était alors chargé négativement, non pas par sa définition qui est peu précise, mais par les personnages hautement controversé qui, au cours de l’Histoire, l’ont eux-mêmes revendiqué ou ont été dénommés comme tels.
D’autant que leurs réalisations quand ils étaient au pouvoir et leurs héritages politiques n’étaient guère positifs, bien au contraire.
De Poujade à Peron, le populisme avait pourtant montré qu’il n’était que la récupération de toute la haine et la violence qui traverse la société, qu’il était plus un destructeur qu’un bâtisseur et que son programme politique se limitait à des promesses démagogiques et des dénonciations de boucs émissaires.
Mais, sans avoir changé d’un iota, le revoilà à la mode dans le monde entier avec, dans les démocraties, de sombres matadors ou de clowns tristes qui ont ravivé pour leurs seules ambitions personnelles le degré zéro du politique.
Il y en a désormais partout: Trump aux Etats-Unis, Johnson au Royaume-Uni, Grillo et Salvini en Italie, Orban en Hongrie, Bolsonaro au Brésil, Modi en Inde, Le Pen et Mélenchon en France, etc.
Et ils charrient avec eux des fans plutôt que des militants qui rivalisent pour être les plus vulgaires, les plus indécents, les plus irrespectueux et les plus va-t-en guerre contre la démocratie républicaine libérale qui est leur cible prioritaire.
Pour l’affaiblir avant de la supprimer, ils n’hésitent pas à chercher des alliances chez les pires autocrates et dictateurs de la planète, du Venezuela à la Russie, de la Chine à Cuba en passant par la Syrie.
Cette nouvelle gloire de se dire populiste montre à quel point les valeurs humanistes sont en danger dans les démocraties.
Mais elles montent aussi qu’une partie de la population parfois majoritaire, peut encore, en ce troisième millénaire, succomber aux fausses promesses de bateleurs d’estrade, ce qui ne manque pas d’être inquiétant.