Chasser Trump du pouvoir n’était pas l’opération salvatrice qui allait sauver les Etats-Unis de la déchéance.
Non, le mal est bien plus profond, bien plus ancré et date de bien avant l’irruption du clown triste du populisme démagogique sur la scène politique.
Dès lors, il n’est guère étonnant que le centriste Joe Biden n’ait pu «guérir» le pays en moins de deux ans de pouvoir et que les forces antidémocratiques qui ont fomenté le coup d’Etat raté du 6 janvier 2021 soient encore fortes et que les réactionnaires tiennent encore le haut du pavé.
On se rappelle avec quel soulagement a été accueilli dans le monde entier – à part peut-être en Russie et en Corée du Nord! – la victoire de Biden en novembre 2020 avec plus de sept millions de voix d’écart sur Trump.
Mais cette victoire ne faisait pas de Biden un nouveau Barack Obama ou un nouveau Bill Clinton, pas plus qu’il n’était la réincarnation de Franklin Roosevelt ou de John Kennedy, pour ne parler que des démocrates.
Et il n’était pas non plus celui qui reprenait le flambeau d’Abraham Lincoln.
Non, il était Joe Biden, l’homme qui se trouvait à la bonne place au bon moment pour éviter que les Etats-Unis ne s’enfoncent dans des temps ténébreux, on a vu ce que cela aurait pu être avec la tentative de coup d’Etat de Trump.
On a été un peu surpris des commentaires dithyrambiques venus notamment de la Gauche lorsqu’il présenta ses plans pour sortir l’Amérique de la crise économique et sociale conséquence de la crise sanitaire de la pandémie de la covid19.
Des plans ambitieux et de très bonne facture mais essentiellement centriste avec un tropisme centre-gauche et qui ne justifiaient pas l’engouement envers son auteur de la part de l’aile gauche du Parti démocrate qui ne pouvait qu’être déçu par la suite et qui participe aujourd’hui d’une critique irresponsable.
Cet encensement de Biden était aussi exagéré que l’est actuellement les dures jugements dont il fait l’objet et le bas taux de popularité que lui donne les sondages.
D’autant que pour nombre de problèmes qui assaillent les Etats-Unis, il n’y est pas pour grand-chose que ce soit l’inflation, les tueries par armes à feu, le monde instable du à la guerre de Poutine contre l’Ukraine sans oublier les décisions réactionnaires de la Cour suprême grâce à la nomination par Trump de trois juges d’extrême-droite et de droite radicale.
Et l’on a vite fait d’oublier que ses plans ont donné de bons voire de très bons résultats au niveau de la protection des plus fragiles, en matière d’infrastructures, pour ce qui est de l’emploi et de la croissance économique, notamment.
Sans parler d’un pays qui a retrouvé un fragile équilibre et ce grâce au président en place et à sa volonté d’apaisement et de compromis.
Ce bashing constant de Biden qui vient autant de la Droite que de la Gauche comme c’est toujours le cas avec un centriste, est bien évidemment dangereux puisque le Parti républicain continue sa radicalisation et qu’il est en bonne position pour remporter les élections de mi-mandat de l’automne prochain qui renouvèleront la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, sans oublier, bien sûr, la menace Trump, l’extrémiste populiste et séditieux n’ayant pas abandonné son ambition de revenir à la Maison blanche en 2024.
Les Américains ne devraient pas oublier d’où ils viennent et ce à quoi ils viennent d’échapper comme le montre les travaux de la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les agissements de Trump et de ses complices, car il est un fait, une majorité d’entre eux veut une politique centriste et ne veut surtout pas d’un retour d’un voyou à la présidence.
Mais, pour cela, il faudra voter en novembre prochain et passer outre les réactions épidermiques de mauvaise humeur alors que le choix sera d’importance pour leur futur, celui des Etats-Unis et de la démocratie.
Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella