Après la chute du mur de Berlin, il semblait que la liberté avait un boulevard devant elle et que rien ne pourrait l’arrêter tant les peuples sous le joug de dictatures avaient prouvé leur aversion pour ces régimes et que ces derniers semblaient incapables de résister à la vague démocratique qui déferlait sur le monde.
Même la répression de la place Tiananmen à Pékin semblait n’être qu’un épiphénomène conjoncturel qui ne pourrait empêcher la marche triomphante de la liberté.
Nous sommes un peu plus de trente ans plus tard et nous devons reconnaître que les forces de la réaction ont réussi à inverser le cours de l’histoire où la démocratie est désormais dans une position de faiblesse, obligée de se défendre face aux attaques de ses ennemis tant intérieurs qu’extérieurs.
Partout, la liberté est menacée, partout elle risque d’être supprimée.
Comment expliquer ce retournement spectaculaire?
En réalité, Berlin peut être considéré comme l’événement emblématique d’un mouvement qui rétrospectivement était plus à son pic qu’à son commencement.
La joie des peuples libérés étaient déjà ambigu dans le sens où se mêlaient tant d’éléments contradictoires qui n’ont d’ailleurs pas tardé à se révéler et se confronter entre eux.
Ainsi, les pays de l’Est de l’Europe avait autant envie de liberté que de célébrer leur libération d’un joug étranger et donc leur nationalisme renaissant.
Déjà était en gestation ce mouvement général de repli sur soi qui a caractérisé les dernières années avec cette peur, pour les peuples, de perdre leur identité avec, en plus, un sentiment d’insécurité.
Dès lors, il était assez facile que la propagande et le complotisme extrémiste et populiste trouvent un terrain fertile pour accuser la démocratie d’être responsable de ce prétendu délitement avec une attaque contre la mondialisation qui est supposée être la responsable de tous les maux.
C’est ce qui a permis, entre autres, à la Russie de n’être pas considérée jusqu’à son invasion de l’Ukraine comme un pays dangereux avec, à sa tête, un autocrate devenu dictateur qui prétend se battre pour les valeurs éternelles de son pays mais aussi de l’Europe alors qu’il ne fait que développer une idéologie nationaliste et fasciste avec une volonté de revanche des événements qui ont conduit à la chute du mur.
En Chine, le dictateur Xi a agit de même en se voulant le champion de la réaction nationaliste où l’ennemi est tout autant l’Occident, dont il faut se venger, que son régime démocratique.
Et l’on pourrait faire le même constat pour d’autres pays comme la Turquie ou la Hongrie sans oublier le Royaume-Uni avec son brexit sur fond de xénophobie et glorification du nationalisme.