Vérifier la véracité des informations diffusées a toujours été d’une évidente nécessité, bien avant que ne déferle, grâce à internet et aux réseaux sociaux, cette vague de fake news, de faits alternatifs et de théories élucubrationistes (complotistes) qui a submergé le monde des médias.
Le «fact-checking» est ainsi devenu une branche du journalisme avec des équipes dédiées à traquer la fausse information et à tenter de rétablir la réalité des faits.
Ce n’est pas toujours fait avec la rigueur que l’on souhaiterait mais il est important que l’on puisse, le plus possible, donner aux citoyens une vision la moins altérée du réel.
Pour autant, la vérification des informations peut aussi brouiller les responsabilités et les enjeux lors d’événements éminents comme une crise économique, une pandémie ou une guerre parce qu’il peut faire oublier l’essentiel de la lutte engagée et contre quoi ou qui on se bat.
Après un mois de conflit en Ukraine, il est important de décrire ce qui se passe sur le terrain et de montrer les ravages occasionnés par l’invasion de la Russie.
Mais lorsqu’il s’agit de questions plus ou moins annexes comme de faire toute une enquête afin de répondre à certains mensonges de la propagande du Kremlin ou les communiqués de l’armée ukrainienne sur le nombre de chars ennemis détruits, on perd de vue que le fondamental est une guerre déclenchée par un dictateur contre un peuple qui n’avait rien fait à son pays et qu’il s’agit d’un combat existentiel pour la démocratie républicaine.
En se perdant dans des détails annexes, en voulant être «équilibrés» les journalistes et principalement ceux de fact-checking introduisent une fausse et dangereuse égalité entre l’agresseur et l’agressé en les renvoyant parfois dos-à-dos, une situation qui ne peut être acceptée moralement et, surtout, qui peut introduire le doute sur la qualité des acteurs où il y a manifestement un assaillant et une victime.