Son père est ukrainien, sa mère russe.
Elle vit à Moscou et travaille à la télévision d’Etat au service de l’information.
Et, le 14 mars, lors du journal télévisé le plus regardé, elle a brandi une pancarte appelant à cesser la guerre.
Marina Ovsyannikova, c’est son nom, est une personne, non seulement courageuse, mais emblématique de ce conflit voulu par un homme à l’hubris démesuré, Vladimir Poutine, qui est en train de tuer le peuple ukrainien qui a tant à partager avec le peuple russe comme l’a rappelé cette femme binationale.
Son geste montre également que la société russe est loin d’être entièrement derrière le dictateur comme d’ailleurs l’avait démontré les nombreuses manifestations – surtout de jeunes – contre cette invasion meurtrière.
Bien sûr, on est loin d’une révolte quelconque et encore moins d’un mouvement qui peut déstabiliser Poutine.
Cependant, son enlisement dans une guerre qu’il ne réussit pas à maîtriser – ce qui fait craindre une fuite en avant dans les bombardements de civils et l’utilisation d’armes chimiques -- couplé avec une partie de la population qui est en défiance, le tout sous sanctions fortes de la part des Occidentaux et d’une partie de leurs alliés, peut être, enfin, la prise de conscience par les Russes que Poutine n’est pas le sauveur du pays qu’il prétend mais un vulgaire aventurier qui se prend pour un tsar et qui, avec ses comparses, vide les caisses du pays pour s’enrichir au-delà de toute pudeur.
Un tribunal a condamné Marina Ovsyannikova à une simple amende ce qui fait dire à certains que cette peine est assez légère.
Mais ils oublient que ce n’est pas à cause du panneau qu’elle a brandi lors du journal télévisé mais pour une vidéo postée sur son compte Facebook pour expliquer son geste!
Il faudra voir si elle est poursuivie pour son acte de bravoure qui, lui, peut lui coûter quinze années de prison.
Si elle ne l’était pas, cela aurait une signification forte.
Cela voudrait dire que le Kremlin, en enterrant son cas, ne veut pas faire de la femme de 44 ans une figure symbolique de l’opposition à la guerre scélérate de Poutine parce qu’elle est Russe et est mère de famille, qui pourrait en cas de condamnation réunir et cristalliser autour de sa personne toutes les voix qui s’indigent dans le pays de cette invasion.
Néanmoins Poutine a déjà prouvé qu’il était prêt à écraser toute contestation à sa personne et à ses actes, donc la vigilance doit demeurer ainsi qu’un soutien inconditionnel à l’acte et à la personne de Marina Ovsyannikova.
D’autant que si elle n’est pas inquiétée, elle peut devenir un modèle à suivre, ce qui serait aussi très dangereux pour le maître du Kremlin.