Les Américains devraient se souvenir que la première qualité de Joe Biden est qu’il n’est pas Donald Trump et que c’est pour cela qu’ils l’ont élu triomphalement en novembre 2020 avec le plus de voix qu’ait jamais obtenu un candidat et avec 7 millions de suffrages de plus que son rival.
Et que qui le populiste raciste démagogue corrompu et extrémiste a été pendant quatre années à la Maison blanche, c’est à cause de leur vote en 2016 et d’un système électoral d’un autre âge et foncièrement antidémocratique qu’ils ont toujours refusé majoritairement de changer.
Oui, les Américains feraient mieux de se regarder dans la glace avant de s’en prendre au centriste qui préside actuellement aux destinées de leur pays.
Non pas parce que Biden est le meilleur président que les Etats-Unis aient jamais eu – on fera le bilan dans trois ou sept ans – mais parce qu’il est d’abord venu pour réparer les dégâts qu’ils ont causé dans un pays encore très largement divisé.
Et puis, parce que quand une tentative de coup d’Etat planifiée – l’envahissement du Capitole le 6 janvier par les pro-Trump en plein processus démocratique de confirmation de la victoire de Biden – n’aboutit pas à l’arrestation de tous se meneurs et, surtout, de ses commanditaires dont le plus impliqué compte bien revenir au pouvoir en 2024, c’est bien d’abord de l’introspection qu’il faut faire pour savoir comment on en est arrivé là et non de blâmer celui qui tente désespérément de soigner et de guérir une démocratie en lambeaux.
Parce que quand le Parti républicain a des chances reprendre la main sur la Chambre des représentants et le Sénat en novembre prochain avec une majorité d’élus extrémistes et radicaux ayant fait allégeance à Trump, tout en faisant de l’obstruction systématique à Biden et en étant parmi le principal diffuseur de fake news et de thèses élucubrationistes (complotistes), c’est bien qu’il y a quelque chose de pourri dans la démocratie républicaine étasunienne, non dans la manière dont Biden gère la pays.
D’autant que l’action de Joe Biden depuis qu’il est au pouvoir depuis un an, son intronisation ayant eu lieu le 20 janvier 2021, est tout sauf anodine.
Il a connu de grands succès et les échecs ne viennent pas de lui mais essentiellement des représentants et des sénateurs ainsi que de cette mouvance qui n’a pas abandonné sa volonté d’assoir une autocratie, voire pire, aux Etats-Unis.
Sans oublier que si la covid19 est toujours aussi présente c’est, d’abord, parce que c’est le cas dans tous les pays du monde et, ensuite, parce que les républicains, élus comme sympathisants, font tout pour empêcher la vaccination, l’application des gestes barrières et les mesures de protection, faisant passer la politique politicienne avant la santé de leurs compatriotes.
Quant à l’inflation, elle accompagne une reprise forte et se produit également dans tous les pays qui ont redémarré leurs économies après la crise de 2020.
Et si llle est plus élevée aux Etats-Unis qu’ailleurs ce n’est pas à cause de Biden mais de la structure même de l’économie du pays et du manque de régulations qui est due esentiellement au refus des républicains de les mettre en place depuis des années.
De même, peut-on incriminer le président quand il propose un plan ambitieux pour lutter contre les inégalités ainsi que pour aider les entreprises, le Build back better (reconstruire en mieux) ou quand il demande qu’une loi pour assurer à tous les citoyens le droit de pouvoir voter face aux mesures prises dans les Etats par les républicains pour le limiter principalement aux électeurs démocrates alors que ce sont les élus du Congrès qui refusent de les voter?
Par ailleurs, Joe Biden a quand même réussi la prouesse de faire voter le «Infrastructure Investment and Jobs Act», loi de 1200 milliards de dollars qui dégage de grands moyens pour réparer les infrastructures délabrées du pays comme les ponts et les routes et mettre à niveau d’autres comme le réseau internet et le réseau électrique.
Et il a mis fin à la présence des Etats-Unis en Afghanistan même si la manière dont il l’a fait a été critiquée alors qu’il n’a en réalité qu’appliquer les accords pris par l’administration Trump avec les talibans.
Et il a encore au moins trois ans pour agir dans différents domaines et, surtout, pour préserver le pays des ennemis de la démocratie tant à l’intérieur qu’à l’extérieur comme il le fait en luttant contre les extrémistes proches de Trump qui n’ont pas abandonné leur projet de la détruire et contre les menées de la Chine et de la Russie comme on le voit à propos de l’Ukraine.
Oui, les Américains devaient avoir un peu plus de décence et de retenue vis-à-vis de leur président.
Surtout, ils devraient lui apporter leur soutien et leur aide dans son entreprise qui dépasse de loin sa personne et son engagement partisan parce qu’il en va de l’avenir démocratique de leur pays.