Spotify est un service de streaming qui diffuse de la musique en ligne et également des podcasts qui sont devenus en quelques années des succès populaires générant des bénéfices extrêmement lucratifs pour leurs créateurs et les plateformes qui les diffusent.
Faire de l’argent à tout prix est d’ailleurs le but principal de ces entreprises et Spotify, numéro un de la musique en ligne, ne déroge évidemment pas à cette règle.
Mais la société suédoise est dans la tourmente depuis quelques jours lorsque Neil Young, la star du folk-rock, a décidé de ne plus diffuser sa musique sur la plateforme au motif que celle-ci permet à des talk-shows de diffuser des fake news notamment à propos de l’épidémie de la covid19.
En l’occurrence, l’auteur-compositeur-interprète canadien visait le plus célèbre d’entre eux, celui de Joe Rogan, The Joe Rogan Experience, un podcast quotidien qui réunit plusieurs millions d’abonnés et pour lequel Spotify a payé 100 millions de dollars.
Dans un premier temps, Daniel Ek, son PDG et créateur, a estimé que la décision de Neil Young était regrettable mais qu’il n’y avait rien à changer à son fonctionnement.
Cependant, un mouvement de contestation a émergé et grossi rapidement avec plusieurs artistes de renom qui menaçaient de quitter Spotify tandis qu’un hashtag #DeleteSpotify devenait viral.
Du coup l’action de la société a dévissé en bourse et Ek a décidé de réagir en déclarant prendre une série de mesures pour mettre en garde ses utilisateurs sur les contenus de certains de ses podcasts et de leur donner le moyen de pouvoir trouver l’information médicale et scientifique adéquate.
Des mesures qui pourront peut-être mettre fin à cet épisode mais qui sont nettement insuffisantes et montrent bien que les fake news et les théories élucubrationistes (complotistes) sont une ressource financière capitale pour tous les médias en ligne ou télévisuels qui les diffusent.
Du coup, c’est bien à une régulation d’une ampleur bien plus grande qu’il faut aboutir mais avec ce problème soulevé à chaque fois par les experts et les législateurs qu’il faut parvenir à trouver un cadre qui ne remette pas en question la liberté d’opinion et donc d’expression au cœur même de la démocratie.
Un équilibre extrêmement difficile à trouver et dont profitent tous les propagateurs de désinformation avec l’aide des plateformes comme Facebook, Twitter, Intragram et autres.
Comme le notait le rapport «Les lumières à l’ère numérique» publié en début d’année par la commission présidée par Gérard Bronner et mise en place par Emmanuel Macron, la vraie solution réside dans le «développement de l’esprit critique» de toute la population et qui doit commencer à l’école puis se poursuivre tout au long de l’existence.
On comprend bien que c’est une entreprise de longue halène qui n’a pas de réelle application immédiatement, ce qui met en danger la démocratie et qui ne laisse la voie qu’à des demi-mesures facilement contournables puisque toute interdiction globale reviendrait à limiter de façon inacceptable la liberté.