Mais à quoi ça sert pour un pays de présider pendant six mois l’Union européenne autrement qu’en retirer une éventuelle fierté nationale et d’avoir une tribune pour faire avancer sa vision de la construction européenne, sachant que toutes les décisions importantes la concernant doivent être prises à l’unanimité de ses vingt-sept membres?
Et, dans ce cadre, à quoi sert à la France, la présidence qu’elle occupe pour six mois depuis le 1er janvier dernier?
Et éventuellement, qu’est-ce que ça change pour l’UE?
Donner des réponses à ces questions, disons-le immédiatement, ne remet pas en cause ce qu’est l’Europe, son importance, ce qu’elle fait, son présent et son avenir.
Il s’agit de savoir si cette présidence tournante représente un quelconque intérêt pratique pour toutes les parties en cause.
Une première réponde serait, très basiquement, de dire que cette présidence, qu’elle soit française ou autre, n’a aucune conséquence négative ou positive sur le fonctionnement de l’UE.
Qui sait que la Slovénie a précédé la France à la tête de l’Europe?
Qui a appris au cours des six mois qui viennent de se terminer qu’elle est la vision européenne de ce pays?
Qui sait, surtout, si cela a changé quoi que ce soit dans le fonctionnement de l’UE?
Et si le plan de relance européen suite à la crise de la covid19 a été adopté lors de la présidence allemande, c’est avant tout l’Allemagne en tant que pays et non en tant que présidente de l’UE qui a fait avancer son adoption, c’est-à-dire qu’Angela Merkel, avant tout chancelière allemande, aurait agi exactement de la même manière si elle n’avait pas été à la tête de l’Europe à ce moment-là.
Bien sûr, de gérer avec la Commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen et avec le président du Conseil, Charles Michels, impose une mobilisation du gouvernement en question qui, outre la gestion des affaires courantes, peut susciter des événements come le Sommet social organisé à Lisbonne lors de la présidence portugaise.
Pour un pays comme la France l’utilité de présider l’Union européenne est faible puisqu’elle fait partie des grandes nations membres et surtout du duo moteur de celle-ci avec l’Allemagne.
On comprend que la direction pendant six mois de l’UE est plus gratifiante pour des pays comme Chypre, le Luxembourg, la Finlande ou la Slovénie, entre autres.
Reste que la France doit assumer, lors de cette présidence, son rôle de leader de l’Union comme l’a fait l’Allemagne de juillet à décembre 2020.
Dès lors c’est dans le symbole mais aussi surtout dans l’exemplarité que cette présidence a un intérêt notable pour la France.
Parce qu’en matière de puissance ou même de tribune, le pays a bien d’autres moyens plus efficaces pour faire valoir son statut et de se faire entendre.