On parle peu souvent de l’Inde depuis que le miracle économique des BRICS(acronyme de Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, les cinq pays émergents des deux décennies précédentes sensés être la vitrine de la globalisation heureuse et triomphante) est plutôt un mirage (le seul pays à s’en sortir vraiment est la Chine mais qui trafique allègrement ses statistiques).
Les difficultés économiques de l’Inde, pays qui compte des centaines de millions d’habitants qui sont les plus pauvres du monde, ont été aggravées par la crise de la covid19.
Mais, à l’inverse de la Chine qui a menti sur les chiffres de ses contaminés et de ses morts, l’imprécision de ceux de l’Inde viennent avant tout d’une incapacité pour les administrations centrale et locales de tenir une comptabilité exacte, ce qui en dit long sur sa désorganisation.
Pour autant, la plus grande menace qui pèse sur le pays vient surtout de son premier ministre, l’extrémiste hindou Narendra Modi.
Populiste démagogue, avant de diriger le pays, il était surtout connu pour avoir incité à des massacres contre les musulmans quand il était le premier ministre de l’Etat du Gujarat (l’Inde, rappelons-le, est un état fédéral).
Car Modi lutte depuis toujours avec son parti, le BJP, pour une Inde débarrassée de sa minorité musulmane (175 millions de personnes, soit 15% de la population) afin de faire de celle-ci un pays ethniquement «pur».
Pour cela, il a besoin de régner en maître et de temps.
C’est pourquoi, depuis qu’il est à la tête de l’Inde, il mène une politique autocratique avec des attaques contre ses opposants et la presse qu’il veut à sa botte.
Bien sûr, il n’est pas Xi Jinping mais il se rapproche d’un Vladimir Poutine.
Or, parce que l’Inde est l’ennemi héréditaire de la Chine – et qu’elle est angoissée par les visées hégémoniques de sa puissante voisine –, elle est devenue une alliée des Occidentaux qui ne sont pas très regardants sur la situation des droits humains sur son territoire.
Du coup, Modi a les coudées assez franches pour mettre en œuvre son projet politique et de faire en sorte de faire de l’Inde une démocratie seulement sur le papier mais pas dans les faits.
La question que doit se poser le monde libre, c’est de savoir si ce personnage très controversé peut être un partenaire fiable ou s’il ne se sert des démocraties que pour ses projets internes et externes et que, quand il se sentira assez fort, il agira comme bon lui semble.
En outre, ces mêmes démocraties ont tout intérêt à faire pression sur son gouvernement pour que l’Inde ne dérive pas vers l’autocratisme et que le club des pays de liberté se réduise encore.
Le prochain rendez-vous avec le peuple, sera les élections législatives de 2024 et rien ne dit, actuellement, que Modi peut être battu, non pas parce qu’il est trop populaire mais parce que l’opposition ne semble pas en mesure, pour l’instant, de lui disputer le pouvoir, notamment le Parti du congrès, situé au centre-gauche et qui est la formation politique de l’indépendance et de la construction de l’Inde et qui peine à retrouver son lustre d’antan.