Les relations internationales des démocraties obéissent souvent à des règles qui sont le contraire de celles qui les régissent.
Parce que ces relations impliquent tout autant des alliances qui reposent sur une vision commune que, surtout, sur des intérêts communs, ces derniers pouvant être partagés, soit conjoncturellement, soit géo-stratégiquement, avec des régimes qui sont parfois à l’opposé les uns des autres.
Il n’est pas question ici de dire que l’Inde n’est plus une démocratie, «la plus grande démocratie» comme elle est parfois appelée si l’on prend en référence sa population, mais, qu’à sa tête se trouve un dangereux extrémiste qui, par le passé, a été responsable de massacres religieux, le populiste Narendra Modi.
Et il est devenu l’allié de l’Occident, en particulier de la France, pour être le contrepoids principal de l’impérialisme chinois en Asie, dans la zone indo-pacifique comme on désigne cette région du monde qui englobe tout autant l’Australie que Taïwan.
Voilà qui n’est guère surprenant quand on sait que l’Inde et la Chine sont les meilleures ennemies du monde avec des conflits et des récriminations sans fin l’une envers l’autre.
Une Inde, qui plus est, a, pour l’instant perdu, est de loin, la compétition au développement avec sa voisine chinoise et qui en voue une grande peur de ne devenir qu’un satellite de la puissance retrouvée de Pékin.
D’un certain côté, il est donc naturel de s’allier avec elle pour contenir et contrer les ambitions du Parti communiste chinois dans la région et dans le monde qui se manifeste avec agressivité comme peuvent le constater les Indiens à périodes répétées avec les incidents armés à leur frontière pour des territoires qui sont réclamés par la Chine.
De l’autre, Modi est bien de la trempe de Trump.
Et si l’on était obligé à avoir des relations les plus normales possibles avec les Etats-Unis du temps où ce dernier était à la Maison blanche sans mettre des préalables à celles-ci, première puissance mondiale oblige, ce n’est pas du tout le cas avec l’Inde de Modi qui a besoin de l’Occident pour son développement et sa sécurité.
La fermeté avec Modi devait être de la même nature que celle que l’on a avec un autre populiste démagogue, Bolsonaro, le président du Brésil.
Mais l’Inde a néanmoins quelque chose de plus «à vendre» que son ancien collègue au sein du BRICS (acronyme désignant le club des pays émergents les plus dynamiques au début du 21e siècle: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), c’est sa proximité avec la Chine (et les armes qu’elle achète à la France…).
Le problème est que Narendra Modi est relativement imprévisible et que la politique qu’il mène dans son pays va souvent à l’encontre des valeurs démocratiques.
Il serait donc bienvenu de mettre en place un cadre aux relations avec l’Inde actuelle dans lequel on définirait ce qui est acceptable ou non de la part du gouvernement Modi – le silence des Européens sur les comportement répréhensibles de delui-ci est assourdissant – tout en se rappelant que celle-ci est malgré tout encore une démocratie et que donc une alternance politique est possible.
Et souhaitable.