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samedi 14 août 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Nous ne sommes pas allés en Afghanistan pour y apporter la démocratie mais pour la punir de l’avoir attaquée!

On peut réécrire l’Histoire comme on veut mais cela ne veut pas dire que l’on ait raison!

Ces derniers jours, une indignation monte selon laquelle nous laissons tomber du jour au lendemain les Afghans qui vont perdre la démocratie et retrouver le régime terroriste et inhumain des Talibans.

Nous pouvons, oui, être tristes pour ce peuple qui risque de revivre dans l’obscurantisme et la violence.

Mais il faut être honnête.

Nous sommes allés en Afghanistan il y a vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2011 perpétrés aux Etats-Unis par Al Qaida dont les bases logistique se trouvaient dans le pays et après que les dirigeants talibans aient refusé de livrer Ben Laden à Washington malgré les mensonges qu’ils ont développés par la suite.

Dès lors, une coalition internationale s’est formée, dirigée par le pays agressé, pour punir l’Afghanistan et chasser les terroristes de Kaboul, ce qui fut fait.

Mais, jamais dans le projet de représailles il a été question d’apporter la démocratie aux Afghans, nous y sommes allés pour les punir de l’avoir attaquée, ce qui n’est pas exactement la même chose!

Puis, nous nous sommes rendu compte que ce pays était un patchwork ingouvernable d’ethnies, de tribus, de chefs de milices locales qui vivaient essentiellement de trafics dont celui de l’opium.

Si nous étions repartis, une guerre civile aurait eu lieu avec la possibilité que les Talibans reprennent immédiatement le pouvoir et réinvitent Ben Laden.

Donc nous avons décide de rester le temps d’aider les adversaires de ces terroristes à former un Etats assez solide pour les empêcher de remettre la main sur le pays.

Personne ne pensait que cela prendrait vingt ans et qu’au bout de ces vingt ans, dès le départ des troupes occidentales, le pouvoir en place s’effondrerait aussi vite!

Parce que ce qui se passe est d’abord un fiasco des Afghans.

Mais s’il s’effondre c’est aussi parce qu’il a aussi peu de soutien dans la population que les Talibans.

Les deux côtés sont tous corrompus, violents et n’ont aucun intérêt que l’Afghanistan devienne une démocratie.

Il n’y a plus de Commandant Massoud pour guider le pays.

Alors, devions-nous rester trente, quarante, cinquante ans, un siècle, pour toujours dans ce bourbier où les Britanniques s’enlisèrent au 19e siècle puis les Russes au 20?

Et si les Etats-Unis avaient décidé d’en faire le 53e Etat de l’Union dans les faits, n’aurait-on pas parlé de colonialisme, d’impérialisme, de négation des peuples à disposer d’eux-mêmes?

Il fallait donc partir un jour.

Le problème est qu’il n’y avait aucune date de convenable tant le régime en place à Kaboul était incompétent et que rien ne laisser penser que dans cent ou deux ans ce serait différent!

Oui, il va y avoir des dommages collatéraux mais ce ne sera pas de la responsabilité de l’Occident mais de cette incapacité des Afghans à bâtir une nation digne de ce nom.

Imaginons un instant que Joe Biden ait déclaré que les Etats-Unis allaient encore rester pour une période indéterminée en Afghanistan, sans nul doute il aurait été critiqué dans son pays par ceux qui s’émeuvent actuellement de sa décision de rapatrier les troupes américaines, sans parler des attaques dont il aurait fait l’objet dans le monde entier.

Quand le centriste affirme que ces aux Afghans de lutter pour leur pays et leur démocratie il a raison.

Ils ont eu vingt ans pour le faire sans aucun résultat tangible.

C’est ça la réalité dont beaucoup vont souffrir dans les semaines et les mois à venir, les femmes, les enfants, les minorités ethniques et sexuelles, les fonctionnaires du régime actuel, tous ceux qui ont été les victimes des Talibans il y a vingt ans.

Quant au retour des terroristes, il est possible mais la guerre d’il y a vingt ans ainsi que celle menée contre Daesh dernièrement montre qu’en se donnant les moyens, la communauté internationale peut les contenir et les vaincre.

Les Talibans sont prévenus et ils le savent.

Reste le problème des commanditaires de ces terroristes, le Pakistan.

Si l’Afghanistan est à feu à et à sang c’est de la responsabilité du gouvernement pakistanais, de son armée et de ses services secrets.

Sans l’aide d’Islamabad, les Talibans n’auraient aucune chance de revenir au pouvoir.

On attend donc, sans trop d’espoir, de voir quelles sanctions la communauté internationale va prendre à l’encontre du Pakistan.

Sans doute aucune…

 

vendredi 13 août 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’Humanité est-elle capable d’empêcher une catastrophe attendue dont elle est la cause?

«Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre deux ans, cinq ans, dix ans. Nous nous rapprochons dangereusement du moment où ce sera trop tard

Que cette mise en garde du président de la Cop 26, Alok Sharma, alors qu’est publié le nouveau rapport sur le réchauffement climatique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) soit plus alarmiste ou non que la réalité qui menace l’Humanité et les autres êtres vivants sur la planète, la problématique qu’elle pose est, elle, redoutable et anxiogène.

On peut l’énoncer par cette simple question: est-ce que l’Humanité a jamais été capable de se mobiliser afin d’empêcher la survenance d’une catastrophe programmée qui émane de sa propre responsabilité?

Que l’on recense toutes celles qui se sont déroulées, notamment les guerres mondiales, la réponse est crûment négative.

Le réchauffement climatique en est même une autre preuve parce que depuis que les scientifiques se sont accordés sur ses conséquences dramatiques, tous les efforts entrepris – et il y en a eu – n’ont pas changé grande chose puisque, dans le même temps, nos comportements n’ont cessé de dégrader la situation.

On peut trouver des raisons tout à fait légitimes pour expliquer pourquoi, devant cette apocalypse annoncée, nous continuons à marcher à sa rencontre.

Comment, en effet, demander à un habitant du Bengladesh ou d’Haïti vivant dans la plus grande pauvreté de ne pas polluer alors même que pour uniquement survivre il ne peut faire autrement ou, en tout cas, ne pas en faire sa préoccupation?

Comment demander à des pays comme la Chine ou l’Inde de renoncer à se développer économiquement afin de rattraper leur retard vis-à-vis des pays les plus développés?

Quant à ces derniers, comment convaincre ses habitants, en particulier les plus précaires, qu’il faut renoncer à espérer, non seulement une évolution dans leurs conditions d’existence, mais même à garder celles qu’ils ont actuellement et que des générations avant eux ont travaillé dur pour que nous arrivions à une certaine qualité de vie?

Et puis, il y a d’autres raisons, moins compréhensibles, comme cette montée, inexorable pour l’instant, d’un individu, instrumentalisant, à la fois, la liberté et l’individualisme, pour réclamer une autonomie et une sur-égalité pour sa personne, lui permettant d’agir de manière irresponsable, égoïste, égocentrique et consumériste – ce qui est le cas en matière environnementale le plus souvent – dans un comportement d’un assisté constamment insatisfait, créant ainsi un cadre libertario-hédoniste alors qu’émerge une inquiétante médiacratie médiocratique démagogique populiste consumériste dans les démocratie républicaines et que parviennent au pouvoir ou à ses portes des personnages comme Donald Trump, Boris Johnson ou Marine Le Pen, ce qui empêche toute action forte et efficace face à des enjeux comme le réchauffement climatique, la jacquerie des Gilets jaune en France l’a amplement démontré.

Précisions que les autocraties et dictatures avec des dirigeants comme Vladimir Poutine ou Xi Jinping ne font évidemment pas mieux et souvent pire.

D’autant que pendant longtemps les conséquences du réchauffement climatique sur leur quotidien n’ont pas été visibles, que des controverses sur sa véracité ont opposé les scientifiques entre eux et que nous voulons croire mordicus que notre technologie nous sortira du précipice sans grand dommage comme si nous étions Dieu.

Sans oublier qu’il y aura ceux qui seront capables de s’en sortir et que, bien entendu, la plupart des humains pensent qu’ils feront partie des rescapés…

Cependant, même si toute l’Humanité avait été consciente de ce qui est en train de se passer, aurait-elle agi autrement que ce qu’elle a fait, c’est-à-dire en prenant des demi-mesures à la marge même si celles-ci ont le mérite d’exister?

On peut malheureusement en douter.

Pour autant, un événement tragique qui se déroule en ce moment sous nos yeux peut apporter une certaine espérance dans notre capacité à prendre la dimension du défi que pose le réchauffement climatique.

Je parle évidemment de la pandémie de la covid19 qui a obligé l’Humanité – qui est peut-être responsable de sa survenance – à agir dans l’urgence.

Bien entendu tout n’a pas été parfait, loin de là, dans les réponses apportées, dans les coordinations entre les Etats, dans les réactions d’une partie de la population.

Néanmoins, nonobstant les «anti-tout», les «je sais mieux que tout le monde» et les «suivez moi je vais vous montrer la lumière», ces intrigants qui espèrent tirer profit du désarroi de la population, la mobilisation a permis de prendre des mesures de prévention et de trouver des réponses dans un laps de temps très court avec les vaccins (et une recherche médicale toujours en cours pour trouver des médicaments efficaces et des vaccins encore plus efficients).

Evidemment, les ravages de la covid19 sont bien visibles et peuvent être comptabilisés sans aucune controverse, ce qui n’est pas le cas de ces statistiques sur les millions de morts de la pollution qui demeurent virtuels d’autant plus que l’augmentation continue de la population et de son espérance de vie semblent les contredire.

D’où cette prise de conscience qu’il fallait agir au plus vite pour éviter un cataclysme (rappelons que les mutations possibles du virus ne nous mettent pas encore à l’abri de celui-ci, n’en déplaise à tous les manifestants contre la «dictature sanitaire»…).

Nous ne sommes pas dans la même configuration pour le réchauffement climatique et l’on peut le regretter parce que, lorsque l’urgence absolue sera là, c’est-à-dire lorsque des quantités de gens mourront devant nos yeux de ses effets, comme pour cette pandémie, il sera trop tard.

Dès lors, pour qu’une fois l’Humanité ne passe à côté de ses responsabilités pour sa propre survie – rappelons que ce n’est pas l’existence de la Terre qui est en jeu mais celle des êtres vivants – l’exemple de la réponse à la covid19 peut et doit nous fournir deux enseignements forts.

Le premier est qu’une mobilisation mondiale contre une catastrophe est donc possible malgré tout même si elle est imparfaite.

Le deuxième est qu’agir en commun donne des résultats et permet de s’attaquer à conjoncture particulièrement critique.

Reste que pour ce qui est du réchauffement climatique nous ne pouvons attendre la phase paroxystique pour agir.

Parce qu’en ce qui concerne la covid19, personne ne pouvait prévoir l’apparition du virus et aucune mise en garde particulière face à une réalité existante – à part le fait que de funestes apprentis-sorciers travaillant pour des laboratoires étatiques manipulent des substances hautement létales –, ne pouvait être lancée avant son apparition en Chine.

Tout autre est le réchauffement climatique dont on parle depuis bien longtemps et dont le premier rapport du GIEC à son sujet date de 1990, ce qui ne nous pas empêché depuis de rejeter encore plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Nous n’avons donc plus aucune excuse pour refuser de prendre les décisions – parfois très difficiles et très douloureuses – parce que nous sommes capables de nous mobiliser et qu’en plus, comme le montre la crise de la covid19, nous savons.

Ceux qui vouent un culte à des personnages comme Donald Trump qui niait ce réchauffement ou qui se sont faits un plaisir de relayer et soutenir les Gilets jaunes qui ne sont descendus dans la rue, au départ, que pour être contre des mesures environnementales contre ce même réchauffement, fassent leur examen de conscience et, à défaut de rejoindre ceux qui veulent agir pour sauver l’Humanité, aient au moins la décence se taisent une bonne fois pour toute.

Il en va de la survie de l’Humanité, celle d’aujourd’hui, de demain et des après-demain.