Mais ses années post-URSS, notamment celles auprès du maire de Saint-Pétersbourg, semblaient lui donner crédit d’une volonté de mettre en place un Etat de droit basé sur les valeurs de la démocratie libérale.
Rapidement on déchanta sur la capacité et surtout la volonté de ce Vladimir Poutine de moderniser le pays et d’en faire une terre de progressisme.
Sa vision centralisatrice, son obsession d’une Russie puissance militaire, ses accointances avec les milieux les plus corrompus et son désir d’en tirer partie personnellement pour devenir désormais l’homme le plus riche du pays, montrèrent, au contraire, qu’il avait toutes les tendances requises pour devenir un dirigeant autocrate.
Pour y parvenir, il fit la chasse à l’intérieur à tous ses opposants et à l’extérieur montra toute l’agressivité possible même si sa réelle puissance n’existe que parce qu’il possède un arsenal nucléaire alors même que l’héritière de l’armée rouge est en déliquescence, faute de réels moyens.
Et il prétexta que tous ses compatriotes qui n’étaient pas d’accord avec lui étaient des ennemis de l’intérieur et que le monde occidental fourbissait un complot pour abattre définitivement la Russie et la reléguer au rang de vassal de deuxième rang.
Ce qui lui permit de justifier ses alliances avec tous les régimes les plus exécrables du monde que ce soit ceux de Chine, de Syrie, de Corée du Nord, de Turquie, d’Iran, de Biélorussie, du Venezuela, etc.
Mais son incapacité à développer l’économie du pays (la seule richesse russe demeure ses matières premières pillées allègrement par ses amis oligarques qui se remplissent les poches) ainsi que de créer une vraie classe moyenne capable de paver le chemin vers un modernisme ainsi que ses courtes vues sur les enjeux sociaux et sociétaux auxquels la Russie est confrontée, font de celle-ci une nation plus proche du Brésil que de la Chine si l’on veut encore utiliser la terminologie de pays émergents et des BRICS (club regroupant le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud).
La situation dans laquelle est la Russie aujourd’hui est entièrement de sa faute si l’on considère qu’il n’a jamais cherché à la relever autrement que militairement du désastre du communisme tout en détournant des milliards de dollars et en développant un pathétique culte de la personnalité (ses divers portraits torses nus valorisant le mâle slave dans toute sa splendeur agressive).
Pour éviter le fiasco et son renvoi, voire son incarcération pour les multiples fautes qu’il a commises, il a décidé de durcir de plus en plus son régime qui n’est plus désormais une autocratie mais un bien un totalitarisme avec une sorte de dictateur à sa tête si l’on se rappelle que les élections sont truquées depuis de nombreuses années, sans oublier que le pouvoir empêche de se présenter tous les opposants comme aujourd’hui Navalny en train de mourir dans un camp de concentration, legs du tristement célèbre Goulag et que certains appellent d’un euphémisme indigne, colonie pénitentiaire...
Face à cette réalité, comment les démocraties républicaines libérales doivent se comporter?
Avec la plus grande fermeté.
Parce que s’il faut parler et traiter avec le régime poutinien en place à Moscou, il ne faut rien lui céder et ne rien laisser passer.
N’oublions pas que celui-ci tente par tous les moyens d’interférer dans les élections des pays démocratiques que ce soit en France, aux Etats-Unis (où Trump lui devait son pouvoir), au Royaume Uni (où il a œuvré avec succès pour le Brexit), en Allemagne.
Faire des compromis avec un tel ennemi n’est pas une erreur, c’est une faute que les démocraties paieraient très cher comme nous l’apprend l’Histoire.
Aris de Hesselin