Le sport a toujours eu une dimension politique et donc des ramifications avec l’économique, le social et le sociétal.
Dire le contraire, c’est oublié que dès la Grèce antique, aux Jeux olympiques, la victoire d’athlètes n’étaient pas seulement une question d’effort physique et de dépassement de soi mais une fierté pour les cités qui s’affrontaient par sportifs interposés et récompensaient richement les gagnants quand les perdants étaient souvent punis, parfois de mort!
Des athlètes qui avaient un statut social bien différent du simple citoyen.
Alors, quand on explique que le sport doit demeurer en dehors des débats politiques et qu’il n’a rien à voir avec l’économique, le social et le sociétal, on se fout du monde!
«L’important, c’est participer», phrase attribué au baron de Coubertin – dont on rappelle en passant qu’il était un admirateur du régime nazi d’Hitler – est une vaste fumisterie.
Oui, l’effort physique agrémenté d’un aspect ludique peut être considéré comme étant ailleurs.
Pas le sport qui est compétition par définition.
Ainsi, du football, premier sport mondial et de ses compétitions, d’autant plus celles qui sont organisées par des instances organisées gérant des professionnels qui sont payés pour le pratiquer.
Néanmoins, lorsqu’il s’agit de tourner le dos à la compétition qui doit être le juge de paix en matière de sport, on passe alors dans le domaine du spectacle où règnent uniquement la rentabilité et l’objectif de faire un maximum de profit tout en contentant des (télé)spectateurs dans un contexte où le résultat n’a qu’une importance relative puisqu’il ne comporte que peu de sanctions et surtout de la récompense.
Les ligues de football américain, de baseball, de basket, de hockey-sur-glace et de «soccer» (football traditionnel) aux Etats-Unis sont avant tout des spectacles sur le modèle des gladiateurs romains mais pas des Jeux olympiques grecs.
On peut le préférer mais l’on est plus dans le sport stricto sensu ni dans le sport-spectacle mais dans le spectacle sportif.
Et c’est là que prime la globalisation (mondialisation économique) et non plus la mondialisation (rapprochement des humains et des cultures).
Quand des clubs européens décident de créer une ligue de football fermée où le risque sportif et, surtout, financier, n’existent plus alors on est dans une autre logique que la compétition.
Surtout, on exclut de cette «super ligue» tout l’aspect récompense puisque l’on attribue des places réservées sans aucune raison sportive à des clubs uniquement parce qu’ils ont des moyens financiers.
D’ailleurs, les promoteurs de cette soi-disant compétition ont axé leur discours sur cette volonté de créer un spectacle permanent qui permettrait à ceux qui le donne de pouvoir faire des investissements pour contenter le public et qui serait rentables.
Lorsque le maître d’œuvre de ce projet, Florentino Perez, président du Real de Madrid explique, aussi cyniquement que sottement, aux supporteurs de son équipe qu’il ne pourra pas se payer le français Mbappé et le norvégien Haaland parce que cette super ligue n’est pas organisée, tout est dit.
Bien sûr, le football est gangréné depuis longtemps par l’argent et beaucoup d’investisseurs dans des clubs espèrent en retirer des bénéfices.
Mais, jusqu’ici, il est demeuré une vraie compétition sportive professionnelle.
Bien sûr, pour qu’il soit une compétition où seule compterait la performance physique, il faudrait qu’il soit pratiqué que par des amateurs.
Cependant, comme on l’a vu pour les Jeux olympiques, cela n’a jamais vraiment existé et l’on ne voit pas pourquoi des individus ayant un talent recherché devraient le faire gratuitement alors même que d’autres, dans d’autres domaines, retirent de leur art des bénéfices substantiels comme les comédiens, les musiciens et d’autres.
Reste qu’il ne faut pas se tromper.
Tout imparfait et bancal que soit le système qui organise globalement les différentes disciplines sportives dans tous les sports, il demeure fidèle à la compétition.
Et il est important que le football, ce sport mondialisé ne devienne pas un sport globalisé.
Alexandre Vatimbella & Jean-François Borrou