La chute du
mur de Berlin, c’était il y a trente ans, un 9 novembre 1989, dans
l’euphorie, non pas que le système capitaliste avait terrassé le système
communiste comme le prétendent les ignorants et les falsificateurs de
l’Histoire, mais de la victoire de la Liberté, celle avec un grand L.
Bien sûr, la
boucherie de la place Tienanmen à Pékin quelques semaines plus tôt
exécutée par les communistes chinois sous la direction du «grand
réformateur» (sic!) Deng Xiaoping, avait un peu terni cette période où
l’on voyait les régimes autoritaires et dictatoriaux s’effondrer les uns
après les autres et qui aboutirait, in fine, à la disparition de
l’Union soviétique.
Mais l’on se
disait que la Chine – mise au ban des nations et qui n’était encore
qu’une «puissance émergente» – serait obligée, volontairement ou non, de
suivre le «sens de l’Histoire» qui semblait indiquer que la marche de
la liberté mais aussi de toutes les valeurs humanistes était devenue
irrésistible.
Trente ans après, que de désillusions et de rappels à la réalité!
Mais surtout
que d’inquiétudes et d’angoisses devant un monde où les extrémistes,
les populistes, les démagogues, les escrocs, les affairistes et les
bouriscoteurs, sans oublier les terroristes tiennent le haut du pavé
dans un mélange indigeste liberticide et de corruption,
d’enrichissements indécents et de violences en tous genres.
Un monde qui
s’éloigne du respect de la dignité humaine et où se meuvent les
personnages les plus malfaisants et les organisations les plus
nauséabondes qui sèment le désordre, le chaos, la haine et la mort au
nom d’idéologies abjectes ou d’intérêts particuliers, voire personnels,
dans un flot de propagande (que l’on appelle désormais «fake news»…) et
de complots que même le KGB et la Stasi (polices politiques
respectivement de l’URSS et de l’Allemagne de l’Est) n’avait pu mettre
en œuvre malgré leur puissance lors de la Guerre froide.
Oui, trente
ans après que nous ayons cru naïvement – mais que cette naïveté avait le
goût du bon! – à un monde meilleur, nous sommes en train de
reconstruire, non pas un mur, mais une multitude murs partout dans le
monde et en particulier en Europe qui aboutiront, si l’on n’inverse pas
la tendance, à ce que le Vieux continent (mais aussi l’humanité toute
entière) sait malheureusement faire le mieux: la guerre…
Nous voilà donc à un nouveau tournant de l’Histoire, bien éloigné de celui de 1989.
Bien éloigné
également de l’espoir d’une construction européenne qui, ne l’oublions
pas, avait comme un de ses buts de lutter contre le totalitarisme qui
sévissait derrière le rideau de fer et de réunir l’ensemble des pays
européens dans une vaste fédération des Etats-Unis d’Europe.
Car 1989 –
avec toutes les difficultés que l’on pouvait déjà soupçonner – devait
être, sinon l’apothéose d’une Europe unie, en tout cas la pierre
angulaire sur laquelle tout l’édifice de ces Etats-Unis allait
s’édifier.
Ce ne fut
pas le cas même si l’élargissement de l’Union fut accomplie, certes dans
une absence de logique que nous payons aujourd’hui mais, il est bon de
le rappeler, dans une volonté de créer des liens entre des pays qui
menaçaient de se faire la guerre entre eux pour des questions de
nationalités (bonjour les séquelles du Traité de Versailles et du
découpage de l’Europe en 1945!) comme entre la Hongrie et la Roumanie et
qui eut lieu dans le seul endroit où l’on intégra pas, la Yougoslavie…
Reste que
les défis d’aujourd’hui sont encore plus prégnants qu’en 1989 avec, non
seulement, un monde où la démocratie républicaine est en danger mais où
l’Humanité entière l’est également avec les problèmes environnementaux,
ceux de l’accès à l’eau et à une nourriture suffisante sans oublier une
augmentation de la population mondiale non encore maîtrisée, tout ceci
étant loin d’être exhaustif.
Alors, comme dirait l’autre, messieurs et mesdames les maîtres et maîtresses du monde, faites tomber ces murs!
Alexandre Vatimbella