On l’a déjà dit ici mais pendant
que Trump et ses sbires faisaient l’actualité en compagnie de Poutine et de ses
alliés autocrates et, pour certains, couverts de sang, un pays avait décidé de
faire parler de lui le moins possible, la Chine.
Pas pour des raisons de modestie
ou de manque d’assurance en son régime, pas pour se rapprocher de la communauté
internationale et encore moins pour plaire aux démocraties occidentales.
Non, pendant que Trump créait un
véritable chaos dans la mondialisation et les relations internationales,
détruisant avec l’inconséquence qui l’habite toute l’architecture mise en place
par la diplomatie américaine depuis plus d’un siècle, les responsables du Parti
communiste chinois avec à leur tête le «Mao au petit pied», Xi Jinping,
verrouillait la société chinoise comme jamais elle l’a été depuis les heures
les plus sombres du régime maoïste mais aussi des dynasties impériales qui se
sont succédé au cours de l’Histoire.
Rappelons que monsieur Xi,
profession dictateur, veut mettre en place son fameux «rêve chinois» (pour
contrer le plus que fameux «rêve américain») qui est un mélange indigeste de
nationalisme, de puissance économique, de force militaire et de préceptes
surannés du marxisme-léninisme (surtout le côté dictature du parti unique, seul
détenteur de la vérité) afin de maintenir la clique actuelle à la tête du pays,
ivre de son pouvoir et qui s’est remplie les poches par la corruption
généralisée.
Le tout avec une mise en
surveillance de l’ensemble de la population grâce à toutes les technologies
modernes, en particulier celles de l’intelligence artificielle, couplées avec
toutes les vieilles recettes pour contrôler les citoyens et les empêcher de
s’exprimer (voir les camps de concentration au Xinjiang).
Comme l’expliquait récemment le sinologue François Godement
au Figaro:
«Le PCC a construit le système de contrôle de la population
le plus extraordinaire qu’on puisse concevoir. Cela s’est fait en deux étapes.
Celle du maoïsme: une ligne de masse et un contrôle de la population par la
densité et la présence du Parti communiste. Sous Xi Jinping, il s’exerce aussi
par la maîtrise de la technologie numérique et un contrôle sous toutes ses
formes de la population.»
Et son projet – même si
l’appellation «rêve chinois» est moins utilisée –, grâce à Donald Trump, à ses
décisions imbéciles, à son accaparement des médias et au rejet qu’il inspire de
plus en plus à la communauté internationale, a pris de l’ampleur.
Tellement que la dernière réunion
du Comité central du PCC qui vient de se terminer à Pékin a posé de nouveaux objectifs
à cette avancée majeure du totalitarisme et à la volonté de la Chine communiste
de dominer le monde avec comme date butoir, 2049, c’est-à-dire le centenaire de
la prise du pouvoir par les forces maoïstes.
On savait déjà que la vision
politique du grand dirigeant et néanmoins camarade Xi était désormais
mentionnée dans la Constitution sous la dénomination «la pensée de Xi Jinping»
(ajoutons que l’agence de presse officielle chinois, Xinhua, nous apprend qu’un
livre vient d’être publié de 27 octobre contenant «70 propos importants
extraits de discours et d'autres documents rédigés par M. Xi entre novembre
2012 et juillet 2019») comme celle du grand timonier Mao mais les documents
rédigés à l’occasion de cette réunion ainsi que les décisions prises vont
toutes dans le sens d’un nouveau tour de vis vis-à-vis de tout ce qui reste de
démocratique dans le pays dont les quelques dissidents qui ont encore réussi à
échapper aux forces de répression du pouvoir.
Ceci inclut évidemment la grande
majorité de la population de Hongkong qui a compris ce que les Occidentaux ne
veulent pas voir: la liberté est en train de mourir complètement en Chine dans
une sorte de désintérêt des démocraties au premier rang desquels les Etats-Unis
mais aussi l’Union européenne.
Nous pouvons ainsi avoir honte de
nous-mêmes: après avoir permis à la Chine de devenir la deuxième puissance
économique en lui permettant de produire tout ce dont nous avions besoin à des
prix cassés (avec toutes les conséquences sociales pour les travailleurs des
pays occidentaux mais aussi écologiques), nous sommes en train de lui permettre
d’être la prochaine première puissance mondiale qui se sera bâtie sur un projet
clair: détruire totalement les valeurs humanistes que porte la démocratie
républicaine.
En revanche, celui qui en fera
certainement sa fierté c’est Donald Trump qui a promu tous les autocrates et
les dictateurs de la planète depuis le début de se présidence avec une
constance qui n’est pas simplement de la bêtise mais aussi de l’admiration
sincère.
Comme l’explique le politologue Chen Daoyin à propos de la
volonté du Parti communiste chinois:
«Tout ce qui est occidental est rejeté. Le message central
est que le Parti dirige tout, de la société à l’économie en passant par la
culture. L’objectif est d’accoucher d’un régime capable de rivaliser avec le
système démocratique occidental en 2049».
En tout cas, on ne pourra pas dire qu’on n’a pas été
prévenu…
Aris de Hesselin & Alexandre
Vatimbella