Bolsonaro rejoint ainsi le club où se trouvent déjà Poutine
(Russie), Xi (Chine) et Modi (Inde) mais aussi une plus grande confrérie des
fossoyeurs de la liberté avec, entre autres, Erdogan (Turquie), Duterte
(Philippines), Maduro (Venezuela), Kabila (Congo), Kagame (Rwanda), Sissi
(Egypte), Khamenei (Iran).
On pourrait y ajouter les Orban (Hongrie), Salvini et Di
Maio (Italie), Kaszynski (Pologne) et autres compères.
Et on ne parle même pas des bouchers comme Kim (Corée du
Nord) ou Assad (Syrie).
Arrêtons ces listes aussi longues que désespérantes pour les
démocrates dont les centristes pour parler un peu du cas brésilien où la
victoire de Bolsonaro est toute autant la faillite des élites que l’immaturité
du peuple, un triste déjà-vu à la récidive trop fréquente ces dernières années.
Sorti d’une dictature en 1986, le pays n’a pas réussi à
construire une vraie démocratie républicaine sur des bases et un lien social
solides.
La croissance de la fin des années 1990 et du début des
années 2000 a permis de cacher l’état de délabrement politique du pays ainsi
qu’une économie basée uniquement sur la vente de matières premières et
incapable de bâtir un tissu industriel et un secteur des services conséquents.
Sur cette illusion de développement, le parasite de la
corruption à grande échelle s’est incrusté et a infesté toute la classe
politique dont la malhonnêteté est aussi affligeante et effarante que
l’irresponsabilité.
Dès lors, déconsidérés auprès de la population, ces
politiciens sont d’abord les principaux fossoyeurs du Brésil et une des raisons
de la prise du pouvoir par Bolsonaro et de sa clique d’extrême-droite.
Mais pour que ces politiciens aient pu diriger le pays, il
fallait bien que l’on vote pour eux.
D’où la responsabilité du peuple dans la situation actuelle,
lui qui trouvait souvent son compte dans un système clientéliste où les
électeurs étaient récompensés sur le dos du pays et qui a longtemps fermé les
yeux sur ces agissements.
Quant à l’armée, dont beaucoup de membres sont pro-Bolsonaro
(un ancien du sérail), jamais purgée des membres de la dictature, elle est,
comme la police, responsable de n’avoir jamais pu (r)établir la paix civile
dans un pays gangréné par la violence quotidienne où les autorités
conseillaient il n’y a pas si longtemps aux automobilistes de ne pas s’arrêter
à certains feux rouges la nuit pour ne pas se faire attaquer…
Aujourd’hui, se trouve à la tête du Brésil, un aventurier
prêchant la violence, la répression, l’abandon de la démocratie, l’appel au
meurtre.
Un aventurier incompétent, qui a érigé l’insulte et la
menace comme projet politique et dont les propos sont aussi inconsistants que
son programme électoral.
Tout cela, ses électeurs le savaient, eux qui voulaient un
«homme fort» pour sortir le pays du marasme.
Ils vont goûter à un Donald Trump puissance dix sauf si le
personnage est également un opportuniste qui a dit tout et n’importe quoi pour
se faire élire.
Mais ce tout et n’importe quoi a de quoi angoisser tous les
démocrates puisque c’est bien pour cette diarrhée verbale indigeste que les
électeurs ont voté.
La démocratie républicaine est, à nouveau, en deuil et, ces
derniers temps, elle assiste à beaucoup trop d’obsèques.
Le pire, dans l’histoire, est que c’est le peuple qui est
souvent l’assassin ou le principal complice.