Faisons le bilan de la politique
étrangère américaine (la politique intérieure est du même acabit…).
Les Etats-Unis ont seulement deux voisins
avec lesquels ils partagent des frontières: le Mexique et le Canada dont le
dernier est un de ses plus grands alliés.
Donald Trump a réussi à se fâcher avec
les deux en insultant les deux nations et leurs dirigeants.
Les alliés historiques des Etats-Unis
sont la France, le Royaume Uni et, plus récemment, l’Allemagne, l’Italie,
l’Espagne et tous les pays qui sont dans l’Union européenne.
Donald Trump a réussi à se fâcher avec
tous ces pays à l’exception de la Pologne et de la Hongrie qui ont deux gouvernements
extrémistes de droite, populistes et démagogues.
Les ennemis contemporains des
Etats-Unis sont la Russie, la Corée du Nord, la Chine et l’Iran.
Donald Trump courtise sans cesse le
leader russe Poutine (il vient même de demander la réintégration de la Russie
dans le G7 pour qu’il redevienne le G8 alors que le pays en a été exclu depuis
qu’il a annexé illégalement la Crimée), offre au dictateur coréen Kim ce qu’il
a toujours voulu, une reconnaissance internationale et un dialogue bilatéral
avec les Etats-Unis tout en restant une des dictatures les plus violentes de la
planète et sans avoir vraiment fait de concession réelle (il peut reprendre son
programme nucléaire quand il le voudra), offrant de surcroît une victoire
diplomatique à la Chine communiste (et qui est le principal danger pour
l’économie et le commerce étatsunien) qui a toujours milité pour que les
Américains traitent directement avec la Corée du Nord.
Quant à l’Iran, il a réussi à casser un
accord qui prévoyait un contrôle des activités nucléaires du pays afin que ses
dirigeants ne puissent se doter de la bombe atomique, créant une instabilité
des plus dramatiques.
Mais pourquoi?
Il y a bien sûr l’explication que
monsieur Trump est un sombre crétin, ne connaissant rien au monde qui l’entoure
et qui, en tant que fils-à-papa égocentrique narcissique et d’une suffisance
sans borne, ne sait pas ce qu’il fait ou, en tout cas, est en train de créer
sans s’en rendre compte, un monde qui pourrait imploser.
Mais il y a une autre explication, tout
aussi valable et qui fait encore plus froid dans le dos: monsieur Trump serait
un adepte de la stratégie du chaos et tout cela serait fait exprès.
Cette théorie du chaos, soutenue par
nombre des personnages sulfureux et peu démocrates qui l’entourent ou l’ont
entouré, veut sciemment «foutre le bordel» partout et tout le temps, afin,
d’une part, de détruire l’Etat (et ce fameux fantasme trumpien d’un «deep
state», un Etat profond qui, dans l’ombre, gouvernerait les Etats-Unis et le
monde et dont on attend toujours qu’il nous fournisse le début du début d’une
preuve de son existence) et tout ce qui empêche les plus forts
(individuellement et collectivement) d’imposer leur propre loi, c’est-à-dire
celle du chacun pour soi où, dans un darwinisme social des plus épouvantables,
l’intérêt des plus riches seraient, non seulement, préservé mais développé.
C’est comme cela qu’il faudrait
comprendre son action.
Que ce soit chez lui avec les
dérégulations à tout va, les nominations d’incompétents ou de personnes
chargées de détruire toute l’œuvre accomplie par ses prédécesseurs (et pas
seulement Obama) et la volonté de bloquer sciemment toute action publique par
l’enrayement de la machine administrative ou que ce soit à l’étranger avec les
bonnes relations avec les autoritaires et les dictateurs (Kim, Poutine, Duterte,
Xi), les fâcheries avec tous les alliés des Etats-Unis (sauf Israël), le renoncement
à tous les accords internationaux signés, il est en train de détruire le régime
de la démocratie républicaine dans son pays et de provoquer des tensions
incroyablement dangereuses sur la scène internationale.
Cependant, que ce soit la première ou
la deuxième explication voire un mix des deux (ce qui est sans doute là où l’on
est le plus proche de la réalité de son agir), son comportement nous mène tout
droit vers une redoutable catastrophe.
Face à cela, le monde civilisé, le
monde démocratique, le monde de la loi, le monde de la coopération, tous ces
mondes qui n’en font qu’un, celui de la démocratie républicaine, doit mener la
bataille, sans faiblir, sans fléchir, sans compromission.
Et au premier rang doivent se trouver
les centristes comme nous l’ont montré Emmanuel Macron et Justin Trudeau ces
derniers jours.