En Chine, Xi est devenu président et premier secrétaire du
parti communiste pour cinq ans avant de le devenir à vie à la fin de son second
mandat grâce à la réforme de la Constitution qu’il a fait voter et qui lui
permet de se représenter indéfiniment, ce que personne n’en doute.
En Russie, Poutine, grâce à la manipulation de la
Constitution est au pouvoir depuis dix-huit ans et pourra le demeurer à vie
après une nouvelle présidentielle pipeautée et clownesque dans ce que ces
termes ont de plus tragiques.
Il a rempilé pour six ans avec plus de 76% des voix, des
fraudes pour doper la participation, des opposants interdis de se présenter, une
communication devenue propagande, etc. et personne ne doute qu’il trouvera un
nouveau subterfuge pour demeurer au pouvoir jusqu’à la fin de ses jours (le
premier fut de laisser élire son premier ministre, Medvedev, à sa place en
2008, lui-même devenant alors premier ministre, parce qu’il ne pouvait
accomplir plus de deux termes consécutifs…).
Certains verront ici les réminiscences des deux empires
communistes de Lénine (et Staline) et de Mao eux-mêmes héritiers de deux
empires, le tsariste et celui du Fils du ciel (nom donné à l’empereur chinois).
Ils n’auront pas tort et, de ce point de vue, la continuité
est, non seulement, criante mais surtout désespérante et problématique.
Ainsi, après la chute du mur de Berlin après la Perestroïka
et la Glasnost, après l’occupation réprimée dans le sang de la place Tienanmen
mais le développement économique de la Chine, les deux dictatures les plus
sanglantes du XX° siècle (donc de toute l’Histoire…) avec l’Allemagne nazie, le
sont redevenues dans les faits.
Certains pointeront la faillite ou, en tout cas, les failles
terribles de la démocratie républicaine.
Ils n’auront pas tort sur le diagnostic mais l’analyse de
cette faillite et cette faille est souvent fausse.
Ce n’est pas le régime lui-même de la démocratie
républicaine qui montre ses limites, ce sont les peuples qui se montrent
incapables de s’élever au niveau d’exigence et de responsabilité qu’un régime
de liberté et d’émancipation leur demande.
Ce qui pose, on le comprend bien, des questions
essentielles.
Et si les deux événements russe et chinois sont autant
inquiétants, c’est qu’il est nullement exclu qu’ils puissent un jour prochain
se produire dans d’autres pays et même dans certaines démocraties
républicaines.
Ce serait un sacré coup de massue et un retour en arrière
cataclysmique s’il s’avérait, in fine, que la démocratie ne peut pas s’implanter
durablement (en temps historique) dans le monde.
N’oublions pas que la plus vieille démocratie républicaine
du monde, les Etats-Unis, n’a pas encore 250 ans, une goutte d’eau dans
l’Histoire de l’Humanité.
On connait les solutions pour éviter le pire.
Elles passent avant tout par un peuple plus instruit et
capable de prendre des décisions en toute connaissance de cause, un individu
mieux formé et informé capable de prendre sa vie en main grâce à une vraie égalité
des opportunités, par une société plus juste, par un investissement citoyen
plus grand dans le fonctionnement démocratique, dans des alliances et des fédérations
mondiales qui empêcheraient les dérives populiste, autocratiques et extrémistes
de certains.
Nous n’y sommes pas encore et peut-être encore loin.
Dès lors, tous les défenseurs de la démocratie républicaine doivent se mobiliser dans un combat qui sera rude et qui
est loin d’être gagné d’avance.
Mais tous les amoureux de la liberté et de la justice savent
bien que pour avoir celles-ci, il faut, sans cesse, les protéger de leurs
prédateurs fort nombreux et de leurs complices encore plus nombreux sans même
parler de ceux qui affirment n’être pas concernés, soit par ignorance, soit par
bêtise et qui sont malheureusement légions dans le monde.
Reste qu’il est grand temps de déclarer l’état d’urgence
démocratique pour défendre, garder et développer le plus précieux des legs des
révolutions américaine et française.