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dimanche 11 novembre 2018

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. «Je vous déclare la paix»

Indécrottable défenseur de la paix, le centriste Aristide Briand pouvait déclarer aux anciens combattants français le 14 juin 1931:
«La France ne se diminue pas quand libre de toute visée impérialiste et ne servant que des idées de progrès et d'humanité, elle se dresse et dit à la face du monde: ‘Je vous déclare la paix’».
Mais celui qui fut un des principaux architectes du rapprochement franco-allemand de l’entre deux guerres et qui reçut en 1926 le Prix Nobel de la paix pour cela (il mourut en mars 1932 avant l’arrivée au pouvoir d’Hitler) était tout sauf un pacifiste béat.
Ainsi, il disait aussi:
«Il ne suffit pas d'avoir horreur de la guerre. Il faut savoir organiser contre elle les éléments de défense indispensables. Mon pays peut le faire sans avoir à abandonner une politique de paix.»
Et il ajoutait:
«Il importe essentiellement en politique internationale de ne jamais démunir son pays des moyens dont il peut avoir besoin, non pas seulement pour lui mais pour la communauté des nations solidaires.»
Demeurer prêt à la guerre pour garder la paix: cette évidence était au cœur de son combat humaniste et de sa volonté de «plus jamais ça» tout en reconnaissant la réalité d’un monde où les jours de guerre sont plus nombreux que ceux de paix.
Onze fois président du conseil et longtemps ministre des Affaires étrangères, celui qui fut baptisé le «pèlerin de la paix» n’était pas de ceux qui ne font que des beaux discours et ne prennent pas leurs responsabilités dans l’action.
Pour que cette paix soit durable, il savait qu’il fallait une Europe unie et il était parfaitement conscient que le traité de Versailles façonné par Georges Clémenceau – qui le haïssait – avait été une occasion manquée en ce sens.
Promoteur, à l’instar de Victor Hugo, des «Etats-Unis d’Europe», il parle de manière prémonitoire de «Communauté européenne» et estime «qu’entre des peuples qui sont géographiquement groupés comme les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral; ces peuples doivent avoir à tout instant la possibilité d’entrer en contact, de discuter leurs intérêts, de prendre des résolutions communes, d’établir entre eux un lien de solidarité qui leur permette de faire face, au moment voulu, à des circonstances graves si elles venaient à naître. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer d’établir.»
Aristide Briand savait également que la paix, pour être réelle, devait avoir un soubassement légal dans les relations internationales:
«Il s’agit de fonder la paix du monde sur un ordre légal, de faire une réalité de droit de cette solidarité internationale qui apparaît comme une réalité physique.»
Le fameux pacte Briand-Kellogg signé en 1928 par une soixantaine de pays mettait «la guerre hors-la-loi».
Ce sont des personnalités comme lui et d’autres qu’il nous faut aujourd’hui pour que cette «déclaration de paix» demeure une réalité en Europe depuis près de 80 ans (malgré quelques anicroches épouvantables de l’ex-Yougoslavie à l’Ukraine) et qu’elle s’étende enfin sur toute une planète encore ravagée par les conflits où les populations civiles sont les principales touchées comme en Syrie ou au Yémen, en République du Congo ou en Birmanie.
Les centristes, gardiens du legs de Briand, doivent être en première ligne en défendant ce pacifisme lucide, cette paix qui ne se construit pas sur des abandons et des compromissions avec ses ennemis qui sont souvent ceux également de la liberté et de la démocratie républicaine.
Au moment où l’on commémore le centenaire de l’armistice de 1918, où tant de gens crurent que la guerre était enfin et définitivement reléguée dans les poubelles de l’Histoire dans une exaltation extraordinaire, rappelons-nous le sacrifice de ces millions de gens qui ne servirent à rien puisque la Deuxième guerre mondiale éclata vingt ans après (les deux conflits mondiaux sont souvent groupés par certains historiens contemporains qui parlent d’une même grande guerre mondiale avec un armistice de deux décennies entre ses deux phases) et que nous en sommes toujours à comptabiliser les millions de morts qui jonchent les champs de bataille mais aussi les champs et les villes de civils depuis la capitulation de l’Allemagne et du Japon en 1945.
Oui, la paix mais pas à tout prix, notamment à celui qui fait que ses ennemis en profitent pour créer le chaos grâce à la naïveté de certains pacifistes.
Fragile comme la démocratie, la paix à l’instar de la liberté, se défend sans concession.

Alexandre Vatimbella

mercredi 7 novembre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Etats-Unis, le répit démocratique

Le Parti démocrate vient donc de gagner la Chambre des représentants, ce qui n’a pas empêché Donald Trump de tweeter qu’il s’agissait d’une «immense victoire» pour sa personne et le Parti républicain!
On n’est, bien entendu, guère étonné par cette réaction d’un personnage qui a érigé le mensonge en mode de gouvernement.
Mais on est abasourdi que les médias français reprennent cette idée que Trump a quelque part gagné parce qu’il n’y a pas eu de «raz-de-marée démocrate (que personne ne prévoyait), que le Sénat demeurerait républicain (ce qui était prévu par les instituts de sondage) et que les gains chez les gouverneurs des Etats ne sont pas aussi grands qu’espérés par les démocrates.
On a même vu un «chercheur» d’un think tank spécialisé dans les relations internationales prétendre sur une chaîne du service public que l’hôte de la Maison blanche avait gagné!
Il faut dire que ce «spécialiste» nous a aussi appris que Bernie Sanders dirigeait l’aile gauche des démocrates alors que le sénateur du Vermont (réélu) n’a jamais eu sa carte du parti!
Sur une autre chaîne, privée celle-ci, on a pu entendre un «avocat international» nous dire que cette victoire des démocrates à la Chambre des représentants ne changeraient rien puisque Trump pourrait gouverner par décret alors même que la défaite du Parti démocrate en 2010 dans cette même chambre (il avait gardé la majorité au Sénat), lors des midterms, avait complètement bloqué la présidence de Barack Obama…
Et on en passe et des meilleurs.
Plus sérieusement, cette victoire attendue des démocrates est un ouf! de soulagement pour les défenseurs de la démocratie républicaine et un répit démocratique en attendant les élections présidentielles de 2020.
Car, oui, les républicains n’ont pas été balayés et Trump peut se dire que tout n’est pas perdu.
Pour autant, les Américains ont démontré qu’ils n’étaient pas tombés majoritairement dans le populisme démagogique et le nationalisme extrémiste naauséabonds.
Rappelons d’ailleurs que Donald Trump – qui avait fait de ces élections de mi-mandat un référendum sur sa présidence – n’a jamais été majoritaire dans la pays puisqu’il a gagné la présidentielle avec trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton et qu’il vient de subir un nouvel échec.
Que peut-on attendre de cette confrontation entre un président populiste et républicain et une chambre plutôt située au centre-gauche et démocrate?
C’est encore difficile à dire parce que l’on ne sait pas ce que sera le comportement des démocrates.
Vont-ils s’affronter durement avec le président en s’opposant à toutes ces décisions et en ouvrant des commissions d’enquête sur toutes les très nombreuses casseroles qu’il traîne avec lui depuis des années ou vont-ils adopter une position plus modérée pour faire passer des mesures qui leur permettraient de se présenter en 2020 avec un bilan législatif positif?
Les républicains, eux, en 2008 avaient choisi la première option et, en 2010, grâce à leur victoire dans la seule Chambre des représentants (comme les démocrates aujourd’hui), avaient bloqué toutes les initiatives de Barack Obama.
Cela n’avait pas empêché ce dernier de gagner la présidentielle de 2012 mais de perdre, dans la foulée, l’entier Congrès (Chambre des représentants et Sénat) lors des midterms de 2014.
Et, en 2016 – conséquence du blocage républicain de la deuxième présidence Obama – les démocrates avaient tout perdu, et la présidence, et le Congrès.
Tout dépendra évidemment du comportement de Trump et de ses sans doute multiples provocations comme celle de prétendre qu’il a gagné les élections.
Mais même si l’hydre est toujours là, elle a quand même manqué son pari d’ancrer profondément ce populisme nationaliste aux Etats-Unis.
Et ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les Américains, cela l’est également partout dans le monde où beaucoup de personnages inquiétants, de Bolsonaro à Salvini, étaient arrivés au pouvoir sur cette vague «trumpienne» et que les autocrates et leurs sbires ainsi que les populistes déjà en place, rêvaient d’une planète enfin débarrassée de la démocratie républicaine libérale.
Ce ne sera pas le cas aujourd’hui.
Rien n’est pour autant gagné dans cette guerre mais, ouf!, avec cette bataille victorieuse, rien n’est perdu.




samedi 3 novembre 2018

Obama contre Trump, le vrai combat politique américain

Il y a une dimension que les commentateurs de tous bords et de toutes catégories oublient facilement: Trump n’est pas majoritaire et ne l’a jamais été.
Certes, il peut se targuer de la légitimité du système électoral américain (qui n’est pas remis en question pas la majorité des citoyens eux-mêmes) mais cela n’empêche qu’il a été le président le plus mal élu avec trois millions de voix de moins que la perdante, Hillary Clinton…
De même, pour ce que cela vaut, il n’a jamais été majoritaire dans les sondages, sa cote de popularité demeurant anormalement basse depuis son élection en novembre 2016.
Peut-être que grâce aux élections de mi-mandat du 8 novembre prochain, il le sera pour la première fois, par Parti républicain interposé, mais cela n’en prend pas le chemin.
Et si le Parti démocrate devient, lui, majoritaire à la Chambre des représentants comme cela est annoncé par les sondages (ce sera nettement plus difficile voire impossible pour lui de remporter la majorité des sièges au Sénat, renouvelé d’un tiers ce mardi), il le devra en grande partie à… Barack Obama.
Pas seulement parce que ce dernier, avec le brio qu’on lui connait, a décidé de se replonger dans la politique active en donnant des discours et en participant à des meetings électoraux afin de soutenir les candidats républicains mais surtout pour sauver les valeurs de la démocratie américaine et empêcher les projets dangereux de l’aventurier Trump.
Au moment où les activistes de gauche affirment péremptoirement que ce sont les candidats radicaux très à gauche qui donnent une dynamique au Parti démocrate et qui s’en prennent au bilan et à la personne de l’ancien président, celui-ci fait le buzz par son implication dans la campagne où il contre avec talent le populisme démagogique, l’extrémisme et les mensonges de Donald Trump.
Surtout, c’est son bilan qui sera peut-être l’élément-clé de la victoire démocrate.
Ainsi, ce n’est pas l’immigration et les diatribes de Trump contre l’envahissement du pays par des criminels qui se masseraient à la frontière des Etats-Unis et sur lesquels l’armée aurait le droit de tirer qui est le sujet le plus important.
Ce n’est pas non plus l’économie américaine qui connait pourtant une croissance aussi forte qu’étonnante (et qui recèle, pour beaucoup d’économistes, de très graves à danger à court et moyen terme) et dont il faut rappeler qu’elle provient en très grande partie des décisions prises par Obama lors de son double mandat.
Non, c’est sa réalisation la plus iconique, l’assurance-santé pour tous les Américains qu’il a mis en place, que les républicains ont immédiatement baptisé «Obamacare» pour la discréditer et attaquer celui qui l’avait faite voter (appellation qu’Obama avait fait sienne pour montrer qu’il en était très fier) qui est au cœur des préoccupations de la population qui, majoritairement, ne veut pas qu’on y touche.
C’est tellement vrai que les républicains, la queue entre les jambes, se sont tous ralliés à cette réforme sociale essentielle et tentent désormais de la récupérer de manière aussi ridicule que pathétique comme le fait le sénateur du Texas Ted Cruz qui n’a pas peur d’en être le principal défenseur après avoir promis, avec ses amis politiques, qu’une fois au pouvoir elle serait immédiatement «repeal» (abrogée).
Mais c’est aussi la différence de gouvernance entre un Barack Obama, centriste, homme de conviction et de culture, au projet humaniste et progressiste, adepte d’une société ouverte et un Donald Trump, populiste démagogue, flirtant avec les thèses fascistes et racistes, menteur et inculte au projet réactionnaire, adepte d’une Amérique qui se referme sur elle-même, qui est également au cœur du choix que feront les Américains le 8 novembre.
Un choix particulièrement important car il dira si Trump est un malheureux accident de l’Histoire qui devrait se terminer pour le bien de tous en 2020 (à défaut d’avoir pu le faire démissionner ou destituer) ou bien un phénomène bien plus profond et important (en terme de grandeur) comme l’affirme ses supporteurs et certains observateurs de la vue politique américaine.
Une victoire de l’hôte actuel de la Maison blanche serait une terrible nouvelle pour la démocratie républicaine, pas seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour le monde entier où les imitateurs du populiste démagogue (comme Bolsonaro au Brésil, Salvini en Italie, Le Pen en France et Johnson au Royaume Uni) seraient confortés dans leurs agissements et pourraient rêver d’autres victoires électorales.
En ce 8 novembre, c’est bien un match Obama-Trump qui va se dérouler et il faut souhaiter une victoire par KO du premier nommé.

Alexandre Vatimbella




lundi 29 octobre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Bolsonaro victorieux, entre faillite des élites et immaturité du peuple

En élargissant un peu au monde la victoire du fasciste revendiqué Jair Bolsonaro à la présidentielle du Brésil, ce dimanche, voici désormais que les quatre grands pays émergents, les membres du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) originaire, sont tous gouvernés par des autocrates populistes et des dictateurs, tous ennemis de la démocratie républicaine.
Bolsonaro rejoint ainsi le club où se trouvent déjà Poutine (Russie), Xi (Chine) et Modi (Inde) mais aussi une plus grande confrérie des fossoyeurs de la liberté avec, entre autres, Erdogan (Turquie), Duterte (Philippines), Maduro (Venezuela), Kabila (Congo), Kagame (Rwanda), Sissi (Egypte), Khamenei (Iran).
On pourrait y ajouter les Orban (Hongrie), Salvini et Di Maio (Italie), Kaszynski (Pologne) et autres compères.
Et on ne parle même pas des bouchers comme Kim (Corée du Nord) ou Assad (Syrie).
Arrêtons ces listes aussi longues que désespérantes pour les démocrates dont les centristes pour parler un peu du cas brésilien où la victoire de Bolsonaro est toute autant la faillite des élites que l’immaturité du peuple, un triste déjà-vu à la récidive trop fréquente ces dernières années.
Sorti d’une dictature en 1986, le pays n’a pas réussi à construire une vraie démocratie républicaine sur des bases et un lien social solides.
La croissance de la fin des années 1990 et du début des années 2000 a permis de cacher l’état de délabrement politique du pays ainsi qu’une économie basée uniquement sur la vente de matières premières et incapable de bâtir un tissu industriel et un secteur des services conséquents.
Sur cette illusion de développement, le parasite de la corruption à grande échelle s’est incrusté et a infesté toute la classe politique dont la malhonnêteté est aussi affligeante et effarante que l’irresponsabilité.
Dès lors, déconsidérés auprès de la population, ces politiciens sont d’abord les principaux fossoyeurs du Brésil et une des raisons de la prise du pouvoir par Bolsonaro et de sa clique d’extrême-droite.
Mais pour que ces politiciens aient pu diriger le pays, il fallait bien que l’on vote pour eux.
D’où la responsabilité du peuple dans la situation actuelle, lui qui trouvait souvent son compte dans un système clientéliste où les électeurs étaient récompensés sur le dos du pays et qui a longtemps fermé les yeux sur ces agissements.
Quant à l’armée, dont beaucoup de membres sont pro-Bolsonaro (un ancien du sérail), jamais purgée des membres de la dictature, elle est, comme la police, responsable de n’avoir jamais pu (r)établir la paix civile dans un pays gangréné par la violence quotidienne où les autorités conseillaient il n’y a pas si longtemps aux automobilistes de ne pas s’arrêter à certains feux rouges la nuit pour ne pas se faire attaquer…
Aujourd’hui, se trouve à la tête du Brésil, un aventurier prêchant la violence, la répression, l’abandon de la démocratie, l’appel au meurtre.
Un aventurier incompétent, qui a érigé l’insulte et la menace comme projet politique et dont les propos sont aussi inconsistants que son programme électoral.
Tout cela, ses électeurs le savaient, eux qui voulaient un «homme fort» pour sortir le pays du marasme.
Ils vont goûter à un Donald Trump puissance dix sauf si le personnage est également un opportuniste qui a dit tout et n’importe quoi pour se faire élire.
Mais ce tout et n’importe quoi a de quoi angoisser tous les démocrates puisque c’est bien pour cette diarrhée verbale indigeste que les électeurs ont voté.
La démocratie républicaine est, à nouveau, en deuil et, ces derniers temps, elle assiste à beaucoup trop d’obsèques.
Le pire, dans l’histoire, est que c’est le peuple qui est souvent l’assassin ou le principal complice.


jeudi 18 octobre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Arrêtons de tenter le diable avant que sa queue nous fracasse

Petite devinette: quelle est la différence entre Dieu et un humain?
Dieu, lui, il sait qu’il n’est pas un humain.
Camus disait, dans «L’Homme Révolté», «pour être homme, refuser d’être Dieu».
Oui, nous savons que les espèces peuvent disparaître et que les civilisations peuvent s’effondrer suite à un phénomène naturel catastrophique mais aussi à cause de nous, les humains, de notre stupidité et de notre inconséquence.
Oui, nous savons que nous ne pouvons pas régler tous les problèmes et nous continuons d’affirmer, devant les menaces qui s’amoncellent que nous trouverons bien, au dernier moment, une solution grâce à notre génie.
Oui, nous savons que notre liberté est fragile et que la démocratie, système qui assure la plus grande dignité à ses membres peut être détruite, non seulement, pas ses ennemis extérieurs mais aussi et plus sûrement par ses ennemis intérieurs et nous continuons à leur tendre nos deux joues en espérant que les peuples dans leur grande sagesse qu’ils n’ont en réalité jamais eue, repousseront l’hydre avant qu’elle ne frappe.
Si nous étions Dieu, si c’était le cas, il n’y aurait plus de maladies, plus de catastrophes naturelles, plus de pauvreté et que de l’amour…
Nous pouvons, certes, croire à notre omnipotence mais la croyance n’a jamais eu le dessus sur le réel.
Il suffit d’ouvrir les yeux!
Alors soyons responsables de ce nous sommes, de ce que nous avons fait mais aussi de ce que nous pouvons devenir et de ce que nous pouvons faire.
Agissons en humains comme nous le demande Camus.
Ce n’est que de cette façon que nous pourrons rechercher le meilleur et éviter le pire, que nous construirons sans détruire.
Bien sûr, les idées et les objets seront toujours ce que nous en faisons.
Les utopies sur le meilleur des mondes peuvent devenir les pires sociétés cauchemardesques sur terre.
Une arme peut nous protéger d’agresseurs mais nous permet d’agresser.
Les réseaux sociaux peuvent nous rapprocher et nous émanciper comme ils peuvent nous éloigner et nous mentir.
Ayant dit cela, nous ne pouvons nous abriter derrière cette «neutralité» de nos créations humaines parce que nous savons aussi ce qu’est l’humain et ses comportements «déviants», individuellement et collectivement.
Dire que le pouvoir n’est toxique que dans son utilisation de chefs pervers et odieux est vrai.
Mais ne pas mettre en place un système qui empêche de tels personnages de prendre ce pouvoir, démocratiquement ou non, est totalement irresponsable et inexcusable.
Dire qu’un fusil automatique qui peut tirer des centaines de coups à la minute n’est dangereux que dans les mains d’un fou est juste.
Mais nier le fait de savoir que ce sera évidemment le cas si on le vend à tout le monde sans aucun contrôle des acheteurs est une manière scandaleuse de nier sa responsabilité.
Même chose pour des réseaux sociaux dont on sait pertinemment dès leur création qu’ils charrieront le pire à côté du meilleur, voire que le pire prendra rapidement le dessus si l’on ne régule pas leur utilisation.
En refusant de prendre les décisions, en refusant d’être responsables, en croyant que tout trouvera une solution, la bonne évidemment, nous sommes un mélange détonant d’irresponsables à l’hubris démesuré et parfois remplis de suffisance nous rendant d’une niaiserie gigantesque et qui, naturellement, tentent le diable…
C’est ce que nous faisons actuellement en matière de climat et d’atteintes à l’environnement en fermant les yeux tout en se persuadant qu’il y aura quelques inventeurs de génie et quelques leaders éclairés qui nous sortirons de l’ornière avant que nous disparaissions.
De même, dans nos démocraties républicaines, l’idée que ses ennemis ne sont pas assez puissants pour la détruire ou que les postures de certains ne sont que du cinéma et qu’in fine, le peuple, dans son absolue sagesse (qui n’est en réalité qu’un absolu manque de sagesse!), se réveillera à temps, est en train de tuer le seul système politique qui garantit le plus de liberté à tous.
Et, ici, le diable n’est pas dans les détails mais dans notre propension à n’être que des spectateurs désengagés des catastrophes qui, patiemment, attendent leur heure pour déferler, se moquant bien des maigres lignes Maginot que nous croyons imprenables.
Certains diront que je me complais dans le catastrophisme.
Ils le disaient déjà, pour d’autres, à propos de ceux qui alertaient sur le nazisme, le fascisme, le communisme avant que ces idéologies ne s’implantent dans plusieurs pays.
Ils le disaient de ceux qui alertaient sur les dangers des CFC responsables de la disparition de la couche d’ozone ou sur les dangers de l’amiante qui a causé tant de cancers.
Ces lanceurs d’alerte, souvent vilipendés et mis au ban de la société, espéraient bien se tromper comme beaucoup de leurs congénères d’aujourd’hui l’espèrent dont moi-même.
Et n’oublions que, comme Sisyphe condamné par les dieux, nous devons, ainsi que nous le conseillait Boileau, sans cesse remettre sur le métier notre ouvrage sans penser que les choses sont données pour toujours même quand on croit les avoir réglées définitivement.
Qui, dans l’exaltation de la victoire de 1945 sur les totalitarismes, pouvait penser que les partis pro-nazis reviendraient sur le devant de la scène dans nombre de pays du monde?
Et tout cela, il n’y a que 73 ans, moins que notre espérance de vie…



lundi 8 octobre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie peut-elle gagner son pari sur l’humain?

Des Allemands en transe lors des apparitions en public d’Hitler, des Russes effondrés par la mort de Staline, des Chinois brandissant jusqu’à l’épuisement le petit livre rouge de Mao, nous avons tous ces images historiques perturbantes en tête et qui font froid dans le dos.
Mais aujourd’hui quand on voit des Nord-Coréens faire les louanges de Kim Jon-Un, des Russes faire de même pour Vladimir Poutine et des Chinois extatiques à propos de Xi Jinping, un étrange malaise me prend.
Et quand on entend des Américains nombreux affirmer que Donald Trump est proche du peuple, qu’ils le recevraient chez eux pour passer une bonne soirée autour d’une bière et d’un petit plat préparé maison, on se dit que ce ne sont pas seulement les peuples des dictatures et des autocraties, parfois contraints par la force ou la menace, voire la peur, à l’extase de leur dirigeant suprême qui posent problème et que, même dans les démocraties rôde l’infâme.
Et ce ne sont que quelques exemples que l’on pourrait multiplier presque à l’infini.
Dans ces conditions, il n’est pas inutile de rappeler que les promoteurs de la démocratie faisaient, tous, un pari sur l’humain qui n’était nullement gagné d’avance mais reposait sur cet espoir que les peuples seraient exaltés à vivre dans la liberté et le progrès avec la possibilité de construire eux-mêmes leur avenir individuellement et collectivement.
Certains, enthousiastes, pensaient que la liberté susciterait un engouement sans limite qui montrerait aux peuples tout ce qu’ils n’avaient pas eu jusque là et tout ce qu’ils ne voudraient jamais revivre.
D’autres, plus mesurés, voulaient voir dans la démocratie un processus plus ou moins lent où, in fine, par l’élévation culturelle de ces peuples, ces derniers comprendraient que leur intérêt bien compris passait par un régime de liberté et de responsabilité.
Or l’Histoire ne semble pas aussi linéaire et déterminée, non seulement, que les enthousiastes le pensaient mais aussi que les mesurés le prédisaient.
Aujourd’hui, dans ce début du XXI° siècle qui aurait du être la victoire finale de la démocratie dans le monde et son approfondissement dans les pays qui l’avaient déjà mise en place, on ne peut être qu’inquiets et désabusés.
Ce pari est-il donc perdu et qu’est-ce que cela signifie?
A la première partie de cette question, on peut répondre «pas encore» même si cela paraitra trop optimiste à nombre d’observateurs qui voient les bêtes immonde de l’autocratie et de la dictature progresser sur la planète souvent avec la bénédiction des peuples alors que l’on espérait voir ces deux ordures pourrir définitivement dans les poubelles de l’Histoire avec, je l’avoue, un évident excès d’optimisme.
Souvent, elles avancent masquées comme dans cet odieux et fâcheux oxymore de la «démocratie illibérale» (sorte de pouvoir du peuple sans les droits de l’homme), que certains, plus lucides, appellent «démocrature» (de démocratie et dictature, dans cet ordre) et que je préfère nommer «dictacratie» (de dictature et démocratie, dans cet ordre, parce que si démocratie signifie «pouvoir du peuple» étymologiquement parlant, le terme est employé communément aujourd’hui pour définir un système qui garantit les droits de l’humain – terme préférable à celui des droits de l’homme – à chacun).
A la deuxième partie, la réponse est très compliquée, ce qui va réjouir les ennemis de la démocratie.
D’abord, il faut le constater, le pari n’a jamais été réellement gagné nulle part.
Dans aucun pays du monde nous ne vivons dans une démocratie républicaine libérale parfaite où seraient garantis la liberté, l’égalité et la fraternité ainsi que le respect et où chacun prendrait réellement ses responsabilités de citoyen et pourrait se réaliser dans ses capacités et ses compétences afin de construire une existence la plus heureuse possible.
Cependant, la foi dans le progrès des promoteurs de cette démocratie républicaine estimait que le temps ferait son œuvre positivement en ancrant les institutions démocratiques dans une république tout en élevant le niveau de conscience des peuples (par l’enseignement et l’information) qui seraient donc capables de comprendre leur intérêt de vivre dans une telle organisation de la société.
Or, on en est encore loin et, surtout, les sursauts de l’extrémisme, du populisme (alors que le nazisme et le fascisme n’ont été vaincu il y a moins de 80 ans et le communisme il y a moins de 30 ans…), du rejet de l’autre et une montée de l’autonomisation égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse d’un individu adepte d’un libertario-hédonisme tend à être plutôt pessimiste sur l’avenir de la démocratie républicaine.
Sans oublier, évidemment, la structuration d’un communautarisme exclusif et excluant que pratiquent de plus en plus de groupes sociaux et culturels.
Comprenons-nous bien: tout cela ne remet pas en cause la légitimité de la démocratie républicaine libérale à être le meilleur système politique que l’on peut mettre en place dans les sociétés actuelles (et sans doute futures).
Non, cela remet en question la capacité des peuples à comprendre que leur intérêt (de chaque individu et de la collectivité tout entière) est de vivre dans ce système.
Et quand on parle d’intérêt, on parle d’intérêt sur le long terme et non de gains systématiquement immédiats qui permettent à tous les ennemis de la démocratie de séduire les peuples dès lors qu’une difficulté conjoncturelle apparait de retourner les peuples contre la démocratie avec des artifices indignes.
Pouvoir convaincre les peuples de cette réalité n’est guère chose facile et il semble que le défi est trop immense pour être gagné actuellement (rappelons à toutes fins utiles que lors du premier tour de l’élection présidentielle française de 2017, les candidats populistes et extrémistes charriant un discours anti-démocratique étaient majoritaires en voix).
De ce point de vue, Donald Trump n’est pas un accident de l’Histoire mais la résultante de cette incompréhension des peuples à comprendre leur intérêt sur le long terme.
En tant que pessimiste optimiste, je conclurai en disant que la fragilité inhérente à la démocratie et à ses valeurs, liberté, égalité, fraternité (ce qui en fait leur beauté), nécessité qu’elles soient constamment défendues mais aussi expliquées sans oublier d’être réellement pratiquées…
C’est à cette seule condition que l’on pourra espérer la sauver.
Je n’ai pas dit la sauver mais espérer la sauver et que, dans un millénaire, on ne parlera pas de la démocratie républicaine occidentale comme on parle de la démocratie athénienne, une parenthèse de l’Histoire.



mardi 7 août 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Sans vraie concurrence par de vraie économie libérale

Les guerres commerciales qui se profilent à l’horizon et initiées par Donald Trump, nous rappellent que, nulle part, n’existe réellement une économie libérale (sauf dans la tête des ennemis du libéralisme qui s’évertuent à répandre leurs mensonges à ce propos).
Car une économie libérale, soutenue et promue par les centristes, suppose une réelle concurrence entre les acteurs économiques et l’interdiction pour l’un d’entre eux, dans quelque secteur que ce soit, d’avoir un monopole ou d’être dominant (quasi-monopole) ce qui lui permet de contrôler un marché et de dicter ses conditions et, in fine, au détriment du consommateur.
Aucun pays au monde n’a jamais été dans une économie libérale car, depuis toujours, les règles du marché juste et équitable ne sont appliquées ni aux Etats-Unis, ni en France, ni en Chine, ni ailleurs.
Seule l’Union européenne, avec le grand marché unique, tente de mettre sur pied une vraie économie libérale avec de nombreuses réticences de ses membres et une menace d’être le dindon de la farce face au protectionnisme de ses «partenaires» ainsi que leurs pratiques de dumping (faire en sorte que ses produits soient moins chers que ceux des concurrents étrangers grâce à de multiples techniques comme les subventions, les droits de douane, les réglementations pénalisantes, etc.).
Même si, au temps de sa splendeur et d’une mondialisation triomphante, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) a réussi à libéraliser l’économie de la planète, ce fut petitement et pas toujours intelligemment.
Bien entendu, il y a des secteurs qui sont stratégiques et où un certain protectionnisme et/ou des réglementations strictes risquent d’être toujours nécessaire (agriculture, défense nationale, santé, etc.).
Quoi qu’il en soit, les guerres commerciales que nous risquons de (re)vivre ont deux causes.
D’abord ce nationalisme étriqué porté par les populistes démagogues et les extrémistes qui voient dans le commerce et l’échange des ennemis à combattre, croyant, à tort, que l’on peut s’en sortir seul (c’est vrai, l’Allemagne nazie l’a fait mais c’est parce qu’elle réarmait et ne pouvait continuer sa croissance que par la guerre et la Chine le fait mais en bafouant constamment les règles du commerce international et son type de développement ne peut que conduire à des conflits dans les années à venir).
Mais aussi, et il faut le dire alors même que l’on défend cette indispensable mondialisation (et son bras économique, la globalisation) parce que nombre d’acteurs internationaux ont refusé de jouer le jeu d’une saine et juste concurrence ces quarante dernières années (même si, auparavant, les mêmes comportements existaient déjà).
Ce fut d’abord le cas des grandes entreprises occidentales et japonaises (dont les multinationales mais pas seulement elles) qui, pour s’ouvrir de nouveaux marchés, faire baisser les coûts de production et proposer des prix plus bas (que demandaient sans cesse les consommateurs des pays riches), ont décidé de délocaliser leurs productions et ont demandé que les barrières douanières soient abolies en leur faveur.
Retour du bâton, elles ont permis à des pays de sortir de leur sous-développement et à leurs entreprises de les concurrencer et de gagner des marchés qui étaient jusque-là leur chasse gardée.
Car si l’Inde, le Vietnam, l’Indonésie, Taïwan et bien d’autres sont devenus des pays émergents, c’est grâce à l’avidité de ces grandes entreprises.
Et bien sûr, c’est le cas principalement de la Chine.
«Nous» avons donc fait la puissance actuelle de la Chine (qui serait peut-être redevenue une grande puissance mais beaucoup plus tard) et «nous» ne devons que nous en prendre à nous-mêmes.
Cependant, si, comme toute puissance émergente (ce fut le cas des Etats-Unis dans la deuxième moitié du XIX° siècle et au début du XX° siècle), la Chine s’est affranchie des règles du commerce mondial de toutes les façons possibles, il n’est évidemment plus possible depuis longtemps de tolérer ses agissements.
Or, nous avons vu qu’aucun pays, aucun groupe de pays (comme l’Union européenne), n’ont osé s’en prendre à la Chine de front.
Il y a bien sûr les déclarations incendiaires, les menaces, les réunions «au plus haut niveau» mais tout cela accouche de rien du tout car la Chine est devenue trop puissante et possède ce qu’il faut pour «punir» ceux qui voudraient la sanctionner pour ses pratiques inacceptables.
Rappelons-nous que le centriste Obama avait voulu rééquilibrer le commerce mondial et obliger la Chine à respecter les règles des échanges internationaux, sans grand succès.
Et voilà que Donald Trump fait ce que tous les dirigeants occidentaux rêvaient de faire depuis des années, punir la Chine avec des mesures contre ses pratiques commerciales.
Un comble!
Bien sûr, rien ne garantit le succès du président américain, certains prédisant même une forte récession américaine s’il persiste dans sa volonté de sanctionner les Chinois (encore qu’une récession pourrait malgré tout survenir sans cette guerre économique).
Surtout, ce que l’on peut reprocher au populiste démagogue étasunien, c’est d’avoir menacé tout le monde et d’avoir pris des mesures protectionnistes vis-à-vis de tous, dont ses partenaires européens, au risque de créer des tensions partout sans aucune capacité à les gérer.
Il aurait été beaucoup plus efficace que l’ensemble des pays occidentaux ainsi que d’autres puissances comme l’Inde, le Japon et même la Russie (qui est une des principales victimes des pratiques commerciales chinoises) s’unissent dans un front commun pour poser des règles d’un commerce mondiale plus équilibré et que celles-ci soient imposées à une Chine, c’est-à-dire, en réalité, au Parti communiste chinois, qui se croit intouchable mais qui a surtout peur que si la croissance fout le camp, le pacte social qu’elle a imposé à son peuple (dictature contre développement économique) implose, produisant une grogne, voire une révolte, qui détruise son pouvoir sans partage.
Ceux qui critiquent aujourd’hui les agissements de Trump en matière de protectionnisme ont raison quand ils parlent d’un nationalisme économique d’un autre âge lorsque des mesures iniques sont imposées à des partenaires qui jouent le jeu (que même les Etats-Unis ne jouent pas!).
En revanche, ils ont tort de faire un amalgame de tout car, tout autant que le pouvoir de Trump aux Etats-Unis, est une menace pour la démocratie républicaine, les agissements des Chinois en matière de commerce international sont inacceptables.




Les guerres commerciales qui se profilent à l’horizon et initiées par Donald Trump, nous rappellent que, nulle part, n’existe réellement une économie libérale (sauf dans la tête des ennemis du libéralisme qui s’évertuent à répandre leurs mensonges à ce propos).
Car une économie libérale, soutenue et promue par les centristes, suppose une réelle concurrence entre les acteurs économiques et l’interdiction pour l’un d’entre eux, dans quelque secteur que ce soit, d’avoir un monopole ou d’être dominant (quasi-monopole) ce qui lui permet de contrôler un marché et de dicter ses conditions et, in fine, au détriment du consommateur.
Aucun pays au monde n’a jamais été dans une économie libérale car, depuis toujours, les règles du marché juste et équitable ne sont appliquées ni aux Etats-Unis, ni en France, ni en Chine, ni ailleurs.
Seule l’Union européenne, avec le grand marché unique, tente de mettre sur pied une vraie économie libérale avec de nombreuses réticences de ses membres et une menace d’être le dindon de la farce face au protectionnisme de ses «partenaires» ainsi que leurs pratiques de dumping (faire en sorte que ses produits soient moins chers que ceux des concurrents étrangers grâce à de multiples techniques comme les subventions, les droits de douane, les réglementations pénalisantes, etc.).
Même si, au temps de sa splendeur et d’une mondialisation triomphante, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) a réussi à libéraliser l’économie de la planète, ce fut petitement et pas toujours intelligemment.
Bien entendu, il y a des secteurs qui sont stratégiques et où un certain protectionnisme et/ou des réglementations strictes risquent d’être toujours nécessaire (agriculture, défense nationale, santé, etc.).
Quoi qu’il en soit, les guerres commerciales que nous risquons de (re)vivre ont deux causes.
D’abord ce nationalisme étriqué porté par les populistes démagogues et les extrémistes qui voient dans le commerce et l’échange des ennemis à combattre, croyant, à tort, que l’on peut s’en sortir seul (c’est vrai, l’Allemagne nazie l’a fait mais c’est parce qu’elle réarmait et ne pouvait continuer sa croissance que par la guerre et la Chine le fait mais en bafouant constamment les règles du commerce international et son type de développement ne peut que conduire à des conflits dans les années à venir).
Mais aussi, et il faut le dire alors même que l’on défend cette indispensable mondialisation (et son bras économique, la globalisation) parce que nombre d’acteurs internationaux ont refusé de jouer le jeu d’une saine et juste concurrence ces quarante dernières années (même si, auparavant, les mêmes comportements existaient déjà).
Ce fut d’abord le cas des grandes entreprises occidentales et japonaises (dont les multinationales mais pas seulement elles) qui, pour s’ouvrir de nouveaux marchés, faire baisser les coûts de production et proposer des prix plus bas (que demandaient sans cesse les consommateurs des pays riches), ont décidé de délocaliser leurs productions et ont demandé que les barrières douanières soient abolies en leur faveur.
Retour du bâton, elles ont permis à des pays de sortir de leur sous-développement et à leurs entreprises de les concurrencer et de gagner des marchés qui étaient jusque-là leur chasse gardée.
Car si l’Inde, le Vietnam, l’Indonésie, Taïwan et bien d’autres sont devenus des pays émergents, c’est grâce à l’avidité de ces grandes entreprises.
Et bien sûr, c’est le cas principalement de la Chine.
«Nous» avons donc fait la puissance actuelle de la Chine (qui serait peut-être redevenue une grande puissance mais beaucoup plus tard) et «nous» ne devons que nous en prendre à nous-mêmes.
Cependant, si, comme toute puissance émergente (ce fut le cas des Etats-Unis dans la deuxième moitié du XIX° siècle et au début du XX° siècle), la Chine s’est affranchie des règles du commerce mondial de toutes les façons possibles, il n’est évidemment plus possible depuis longtemps de tolérer ses agissements.
Or, nous avons vu qu’aucun pays, aucun groupe de pays (comme l’Union européenne), n’ont osé s’en prendre à la Chine de front.
Il y a bien sûr les déclarations incendiaires, les menaces, les réunions «au plus haut niveau» mais tout cela accouche de rien du tout car la Chine est devenue trop puissante et possède ce qu’il faut pour «punir» ceux qui voudraient la sanctionner pour ses pratiques inacceptables.
Rappelons-nous que le centriste Obama avait voulu rééquilibrer le commerce mondial et obliger la Chine à respecter les règles des échanges internationaux, sans grand succès.
Et voilà que Donald Trump fait ce que tous les dirigeants occidentaux rêvaient de faire depuis des années, punir la Chine avec des mesures contre ses pratiques commerciales.
Un comble!
Bien sûr, rien ne garantit le succès du président américain, certains prédisant même une forte récession américaine s’il persiste dans sa volonté de sanctionner les Chinois (encore qu’une récession pourrait malgré tout survenir sans cette guerre économique).
Surtout, ce que l’on peut reprocher au populiste démagogue étasunien, c’est d’avoir menacé tout le monde et d’avoir pris des mesures protectionnistes vis-à-vis de tous, dont ses partenaires européens, au risque de créer des tensions partout sans aucune capacité à les gérer.
Il aurait été beaucoup plus efficace que l’ensemble des pays occidentaux ainsi que d’autres puissances comme l’Inde, le Japon et même la Russie (qui est une des principales victimes des pratiques commerciales chinoises) s’unissent dans un front commun pour poser des règles d’un commerce mondiale plus équilibré et que celles-ci soient imposées à une Chine, c’est-à-dire, en réalité, au Parti communiste chinois, qui se croit intouchable mais qui a surtout peur que si la croissance fout le camp, le pacte social qu’elle a imposé à son peuple (dictature contre développement économique) implose, produisant une grogne, voire une révolte, qui détruise son pouvoir sans partage.
Ceux qui critiquent aujourd’hui les agissements de Trump en matière de protectionnisme ont raison quand ils parlent d’un nationalisme économique d’un autre âge lorsque des mesures iniques sont imposées à des partenaires qui jouent le jeu (que même les Etats-Unis ne jouent pas!).
En revanche, ils ont tort de faire un amalgame de tout car, tout autant que le pouvoir de Trump aux Etats-Unis, est une menace pour la démocratie républicaine, les agissements des Chinois en matière de commerce international sont inacceptables.