Au moment où la Catalogne veut devenir une nation, où les
populismes nationalistes gagnent du terrain un peu partout et notamment en
Europe de l’Est, il faut réaffirmer sans ambages que le projet européen, celui
que soutien les centristes depuis le début de la construction européenne, celui
de Robert Schuman et de Jean Monnet, est fédéral et non confédéral.
Cela signifie que l’Europe sera une Europe des peuples et
pas des nations.
Et qu’elle sera le plus proche des citoyens parce qu’elle
sera une Europe décentralisée, c’est-à-dire des régions mais pas des nations.
Car si l’Union européenne (ou un autre projet ou une autre
appellation) devient vraiment une entité unie, ce n’est pas par le morcellement
qu’elle y parviendra, bien au contraire comme certains tentent de le faire
croire.
Si l’Europe au cours de son histoire mouvementée a été si
souvent et si longtemps en guerre, c’est à cause de sa désunion, de la volonté
de toutes les entités ethniques et communautaires de demeurer séparées ou de se
séparer d’un ensemble plutôt que de s’unir.
Le conflit en ex-Yougoslavie n’est pas si loin que l’on ne
se rappelle déjà plus de son effroyable déroulement et de ses conséquences
terribles.
Quant les indépendantistes catalans disent qu’ils veulent
renforcer l’UE en devenant indépendant, non seulement ils disent des bêtises
mais ils mentent à leur population.
Comment, en effet, renforcer l’union de vingt-sept pays en
se séparant de l’un d’entre eux?!
Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles…
Oui, l’autonomie actuelle de la Catalogne peut être un
exemple de ce que pourrait être une régionalisation européenne efficace (avec
la possibilité de régions englobant des
territoires de pays différents).
Non, l’indépendance demandée par les indépendantistes
catalans ne renforcera pas l’UE mais la fragilisera.
Regardons toutes les demandes nationalistes venues de pays
comme la Pologne, la république Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie et maintenant
l’Autriche.
Regardons toutes les demandes indépendantistes venues de
Corse, d’Italie du Nord, de Catalogne, du Pays basque, de Flandre...
Regardons l’exemple scandaleux du Royaume Uni qui, avant de
rentrer dans l’Europe a voulu la détruire de l’extérieur (notamment avec son
association de libre-échange) puis, une fois dedans, a voulu profiter de sa
manne tout en refusant d’être un vrai européen et qui, maintenant, en voulant
la quitter veut le beurre et l’argent du beurre.
Inacceptable et irresponsable!
Enfin, nous disent tous les nationalistes et les
indépendantistes, il faut respecter la volonté du peuple.
Sans doute et personne ne retiendra les Britanniques s’ils
s’en vont réellement (et s’ils payent enfin leur dû et s’ils comprennent que
dehors ce n’est pas dedans tout en étant dehors…) car l’UE nécessite des
peuples plus solidaires et capables d’avoir une vision plus responsable.
En revanche, dans la cadre de pays démocratiques et
républicains comme l’Espagne, ce n’est pas une partie de la population qui peut
se donner le droit de faire sécession alors même que la population peut vivre
libre dans sa différence.
Surtout si l’on pense que la construction de l’Europe
aboutira à une plus grande reconnaissance des différences (mais, évidemment
pas, à une organisation communautariste).
Mais plus fortement, c’est bien à une refondation du projet
européen qu’il faut s’atteler comme veut le faire Emmanuel Macron avec le
soutien réservé de certains pays européens et l’hostilité d’autres.
Ainsi, c’est bien, comme le propose le président français,
une Europe à plusieurs vitesses qu’il faut mettre sur pied.
Ou, plutôt, à une véritable union de pays européens qui
veulent sceller ensemble leur avenir parce qu’ils savent que si ce n’est pas le
cas ils seront broyés par la mondialisation et parce qu’ils ont de la mémoire
avec les deux guerres mondiales dont l’Europe désunie et nationaliste est
l’unique responsable.
Et puis, à côté, à la frange de cette véritable Union
européenne, il peut y avoir des cadres d’accueil – sortes de cercles
concentriques – pour d’autres pays mais qui ne seront pas intégrés puisqu’ils
ne veulent pas jouer le jeu de l’Europe unie.
Oui, l’Europe de la paix et de la prospérité du XXI° siècle
ne peut qu’être fédérale.
Ce n’est même pas une question de préférence mais de
nécessité.
Alexandre Vatimbella