Quand je dis que Donald Trump et Marine Le Pen sont des dangers pour la démocratie républicaine, ce n’est ni de la rhétorique électorale, ni de l’alarmisme médiatique.
Les récents propos de la présidente du Front national sur le promoteur newyorkais lors d’une interview sur CNN montre bien à quel point leurs cibles prioritaires sont les candidats républicains, ceux qui se battent pour la démocratie et refusent la haine et l’intolérance que ces deux populistes démagogues aux idées détestables véhiculent.
Se battre pour éviter que Donald Trump soit le prochain président des Etats-Unis, c’est aussi se battre pour que Marine Le Pen soit la prochaine hôte de l’Elysée.
Les deux combats sont essentiels parce que les Etats-Unis et la France sont les deux phares de la démocratie républicaine dans le monde depuis leurs révolutions respectives.
Une victoire de ces deux personnages seraient une catastrophe.
Si les sondages nous disent qu’ils ont peu de chance d’y parvenir, «peu» ne veut pas dire «aucune» et c’est tout le problème.
Car nous avons beau être ahuri en France de voir que Trump n’est distancé que de quelques points dans les sondages par Hillary Clinton, nous ne nous rendons pas très bien compte de ce que cela veut dire que depuis deux ans le deuxième tour de la présidentielle a une seule constance, la présence de Marine Le Pen et qu’elle est créditée d’environ 40% des voix…
Beaucoup d’Américains regardent la France avec effroi quand ils écoutent les propos de Le Pen et voit qu’elle séduit quatre électeurs sur dix.
Beaucoup de Français ont la même attitude quand ils écoutent la logorrhée trumpienne et constatent qu’il est toujours en course pour la Maison blanche.
Mais au lieu d’y voir la similitude d’un même rejet de la démocratie républicaine, les Français voient en Trump un phénomène uniquement étasunien et les Américains voient en Le Pen une particularité bien française.
Quelle erreur porteuse de terribles lendemains que de se croire à l’abri de ce populisme démagogique qui fait déjà tant de mal dans quelques pays autour de la planète de la Russie (Poutine) à la Grèce (Tsipras), de la Hongrie (Orban) aux Philippines (Duterte).
Ce qui est commun à l’ascension de tous ces populistes démagogues est, entre autres l’irresponsabilité du monde politique à leur égard et leur utilisation des médias qui ont été essentiels pour relayer leur propagande nauséabonde.
Ce que l’on voit aux Etats-Unis actuellement, où l’ensemble des médias est constamment manipulée par Trump risque de se voir dans les mois qui viennent en France.
Or, la liberté de parole, de pensée et de la presse ne veut pas dire qu’un discours en égale un autre.
Il faut espérer que les médias français ne tomberont pas dans le piège qui est de tenter systématiquement de faire des parallèles entre les candidats.
L’exemple le plus frappant étant que les mensonges et les insultes de Trump sont mis sur le même plan que les réponses de Clinton à ceux-ci ainsi que son rappel de faits indiscutables.
De nombreux observateurs et journalistes américains ont dénoncé ce procédé indigne qui n’est absolument pas la présentation honnête, indépendante et équilibrée de la situation mais la volonté de faire de la campagne présidentielle une arène médiatique aux taux d’audience record.
Nous verrons si les médias français y résisteront.
Non pas parce qu’ils devraient prendre partie mais tout simplement parce qu’ils doivent défendre la démocratie républicaine, celle qui assure leur liberté et leur droit d’exister dans la diversité.
Car, nous, les défenseurs intransigeants de la démocratie républicaine, nous savons bien que celle-ci n’est pas un système politique comme un autre mais est bien le seul qui assure la liberté, l’égalité et la fraternité, qu’il est le seul qui défend les valeurs humanistes.
C’est, comme le disent de nombreux philosophes et penseurs, «le» système du vivre ensemble, celui qui permet à chacun de vivre dans la dignité et dans le respect.
Le but n’est donc pas de le détruire mais de leur faire fonctionner correctement.
D’abord en évitant que des populistes démagogues s’emparent du pouvoir et le détruisent de l’intérieur.
Ce serait oublier que beaucoup de dictateurs sont sortis des urnes parce qu’on n’avait pas pris leur menace assez au sérieux.
Alexandre Vatimbella
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