De ses années communistes et
d’empire soviétique, la Russie de Vladimir Poutine a gardé ce comportement
d’agressivité continuelle sur la scène internationale.
Dernière réaction en date, les
déclarations martiales après le sommet de l’OTAN et la décision prise par
celle-ci de renforcer sa présence militaire face aux provocations constantes
russes de toutes sortes.
Pour être reconnue comme grande
puissance alors même que les fondations du régime étaient d’une friabilité
extrême comme le prouvera son auto-effondrement dans les années 1990 – et non
pas une quelconque conspiration capitaliste –, l’URSS montrait constamment les
dents et était dans la menace constante d’un point de vue rhétorique.
Si Gorbatchev puis Eltsine ont
essayé de changer cela avec un certain courage, ils ont échoué parce que la
communauté internationale se méfait toujours d’une Russie qui, tout au long se
son histoire, a plutôt utilisé une diplomatie musclée qu’un soft power.
Surtout, parce que la Russie a
systématiquement refusé de faire son aggiornamento, non pas pour rentrer dans
le rang mais pour s’adapter à la nouvelle donne qui était celle de la
mondialisation, de la globalisation et du leadership américain puis d’un duo
Etats-Unis-Chine et à ce que le pays était en réalité, une puissance économique
de seconde zone, en lambeaux et que seules les matières premières permettaient
de maintenir en vie.
Plutôt que de jouer une
mondialisation ouverte et s’attaquer au délabrement de son économie grâce aux
rentrées de devises venant du pétrole et du gaz, ce qui aurait demander
courage, responsabilité et capacité, la Russie, avec l’arrivée de Poutine, a
choisi l’affrontement à l’extérieur et la corruption ainsi que la chasse aux
opposants à l’intérieur, seul moyen à sa disposition aux yeux du maître du
Kremlin pour demeurer un pays qui compte.
C’est évidemment dommage pour la
paix et l’entente entre les peuples.
C’est encore plus dommageable
pour la Russie et ses citoyens.
Abreuvée jusqu’à plus soif de
propagande et de fausses informations, voire de tricheries organisées (comme
celle du dopage de l’ensemble des sportifs du pays pour gagner des compétitions
et vanter ainsi la grandeur du pays), vivant dans le culte d’un passé héroïque
largement exagéré – avec une admiration d’une partie importante d’entre elle
envers le boucher Staline – la population russe s’est rangée derrière le
va-t-en-guerre Poutine espérant dans la renaissance du pays par un coup de
baguette magique.
Ce dernier n’a d’ailleurs qu’un
plan basique et extrêmement dangereux, se confronter le plus possible aux
Etats-Unis et à ses alliés, notamment l’Union européenne.
On l’a vu en Crimée.
On le voit en Syrie.
Sans parler de toutes les prises
de position sur de multiples questions, uniquement parce les Etats-Unis et l’Europe
ont dit le contraire.
Il espère ainsi qu’on le
reconnaîtra à sa juste valeur sur la scène internationale et qu’on fera une
place à la Russie dans le concert des superpuissances.
Or, ces dernières qui ne sont que
deux, les Etats-Unis et la Chine à un degré moindre pour l’instant, n’ont
aucune envie de faire assoir la Russie de Poutine à leurs côtés et ce dernier
le sait bien.
Pour autant, afin de garder son
pouvoir, il doit concrétiser cette ambition jusqu’à jouer avec la paix mondiale
et les intérêts de son pays.
L’exemple le plus frappant est ce
rapprochement improbable entre la Russie et la Chine, deux pays qui se
regardent en chiens de faïence depuis des siècles.
La puissance économique et militaire
de la Chine est bien plus dangereuse pour la Russie que pour les Etats-Unis ou
l’Union européenne.
Le marché russe est très
intéressant pour les produits chinois alors que ceux de la Russie n’ont
quasiment aucun intérêt pour la Chine, ce qui risque à terme de tuer une grande
partie du tissu industriel russe.
Les grands espaces vides de population
de la Russie sont une aubaine pour la Chine qui rêve de les peupler avec ses
ressortissants avant sans doute de les réclamer, les différends frontaliers et
territoriaux entre les deux pays étant extrêmement nombreux et n’ont jamais
cessé même au temps de l’entente Mao-Staline.
Devant une Russie très mal en
point, en grande partie de par sa faute, Poutine n’a en effet que les armes des
menaces et du chantage pour parvenir à ses fins.
Et l’on sait, malheureusement,
que celles-ci sont capables de causer des tragédies.
Alexandre Vatimbella
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