Mettre en place le rêve américain du XXI° siècle, voilà l’objectif qu’Hillary Clinton s’est assignée si elle est élue présidente des Etats-Unis le 8 novembre prochain, lors d’un discours à Columbus (Ohio).
Ainsi, chacun doit pouvoir construire et atteindre son rêve, pas en «détruisant» ceux des autres comme elle a accusé Donald Trump de le faire depuis qu’il est dans les affaires mais en collaborant à l’édification de ceux tous les autres.
Son nouveau message c’est donc «stronger together» (plus forts ensemble).
Dans son intervention, elle a dévoilé les grandes lignes de son programme économique qu’elle devrait détailler dans les semaines à venir.
Elle a répété qu’elle voulait une économie plus juste qui bénéficie à tous et pas seulement aux plus riches, avec des salaires plus élevés.
Elle a rappelé qu’elle s’était toujours battue dans sa vie et son parcours politique pour la justice sociale.
Et pour elle, une des missions qu’elle aura, une fois élue présidente des Etats-Unis, sera de faire en sorte que de nombreux emplois payés à un juste salaire soient créés, notamment pour les familles les plus défavorisées.
Elle a également annoncé qu’il y aurait de nouveaux impôts pour les super-riches et les entreprises, notamment celles du secteur de la finance, qui font d’énormes bénéfices, bénéfices qu’elle veut que les entreprises partagent en partie avec leurs salariés.
Elle a indiquée qu’elle lutterait pour étendre l’assurance santé à tous, expliquant qu’un enfant supplémentaire qui en bénéficiait était sûrement un détail à Washington mais que cela faisait une énorme différence pour sa famille.
Elle veut en outre augmenter les dépenses dans les infrastructures dont beaucoup sont en piteux état, voire inexistantes, mais aussi aider les entreprises à la pointe de la technologie ainsi que celles dans le secteur de l’énergie propre, sans oublier les petites et moyennes entreprises pourvoyeuses de la majorité des emplois.
Elle compte également s’attaquer aux dettes des étudiants qui résultent de l’obligation qu’ils ont de prendre des crédits pour être capables de financer leurs études et qui grèvent ensuite pendant des décennies leurs budgets afin de tenter de les rembourser.
Dans le même temps, elle souhaite pouvoir permettre à de nombreux Américains qui n’en ont pas les moyens d’aller à l’université.
Elle a, par ailleurs, déclaré qu’elle serait très attentive aux bonnes règles du commerce international afin d’éviter des accords de libre-échange qui ne seraient pas justes pour les Américains, tout en parlant des pratiques discutables de la Chine en matière de libre concurrence avec le dumping en faveur de ses propres entreprises et les barrières injustifiées à l’entrée de produits étrangers.
Quant Donald Trump attaque son propre pays en prétendant que c’est un «pays de perdants (loosers)» et que le monde entier se moque des Américains, elle a indiqué ne pas partager sa vision négative de ses compatriotes parce qu’elle croyait dans leur capacité à l’innover et à fabriquer des produits attractifs pour les 95% de consommateurs qui ne vivent pas aux Etats-Unis et qui envient ses habitants comme elle a pu le constater en visitant cent-douze pays lorsqu’elle était la secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Elle a ajouté que Trump voyait les Américains comme des gens qui ont peur, qui n’ont pas confiance en eux et qui préfèrent la division à l’unité, la construction de murs plutôt que de ponts.
Pour lui, a-t-elle continué, la meilleure façon d’aller de l’avant c’est de retourner en arrière en glorifiant les instincts les plus mauvais du peuple américain.
A l’inverse, elle s’est prononcée pour une Amérique unie qui regarde toujours vers le futur pour créer une société plus juste et plus moderne qui bénéficie à tous.
Une bonne partie de son discours a été de mettre en garde contre le projet économique et social de Donald Trump qui, dit-elle, est condamné par les «liberals» et les conservateurs, les démocrates et de très nombreux républicains ainsi que par des experts de tous bords qui pointent son inconséquence et son irresponsabilité qui pourrait conduire le pays dans une crise sans précédent.
La centriste a à nouveau pointé les graves incompétences de Donald Trump pour gouverner le pays en prenant en exemple, outre ses propositions, ses comportements répétés de voyou dans les affaires et vis-à-vis des gens qui travaillent ou ont travaillé avec lui.
Elle a rappelé qu’il avait mis exprès ses entreprises en faillite quatre fois après avoir accumulé des «montagnes de dettes» (elle l’a d’ailleurs baptisé le «roi de la dette»), mettant au chômage des centaines de personnes alors que lui s’en sortait sans dommage.
D’ailleurs, Trump a toujours revendiqué clairement ces pratiques qui jouent avec la loi sans véritablement la violer.
Selon elle, Trump serait encore plus «dangereux» pour l’économie des Etats-Unis qu’il ne l’a été pour ses nombreuses entreprises qui ont du fermer leurs portes.
Ses mesures creuseraient les déficits en centaines de milliards de dollars comme des experts indépendants l’ont calculé et le pays serait conduit à coup sûr à la faillite.
Elles feraient en sorte que le pays ne serait plus crédible et capable de travailler avec les autres pays dans le monde.
A l’intérieur, l’inflation serait énorme et le chômage augmenterait très fortement, le tout impactant d’abord les classes moyennes et les plus défavorisées pendant que son programme de baisse des impôts pour les plus riches creuseraient encore les inégalités au profit notamment des financiers de Wall Street.
Elle n’a pas oublié, non plus, de lui demander d’enfin publier sa feuille d’impôts comme tous les candidats à la présidentielle l’ont fait et le font depuis quarante ans, ce qu’il refuse de faire pour l’instant, entretenant la suspicion sur sa fortune et ses affirmations.
En effet, de forts doutes existent sur le montant qu’il a payé qui signifierait qu’il n’est peut-être pas aussi riche qu’il le prétend ou qu’il n’aurait pas donné autant d’argent qu’il l’affirme aux associations d’aide aux personnes en difficultés ou qu’il n’aurait pas payé d’impôt, voire les trois à la fois!
Une publicité politique d’Elisabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachussetts, a ainsi rappelé que la dernière fois que Trump l’avait publiée, il avait payé… zéro dollar d’impôt.
La stratégie de la candidate démocrate est désormais bien cernée.
Etre celle qui va faire barrage à Donald Trump à tous prix est en effet la posture qu’elle a décidé d’endosser en se présentant, non comme la favorite et la candidate de l’establishment, mais bien comme la challenger qui doit affronter l’homme à abattre parce qu’il embobine les électeurs avec ses mensonges, ses fausses promesses et ses logorrhées xénophobes, racistes et globalement contre tous ceux qui ne pensent pas comme lui.
Cette stratégie présente pour elle que des avantages en l’état actuel de la campagne.
Elle permet, en mettant en scène Trump comme l’élément central de l’élection, d’en faire le repoussoir en utilisant ses propos et ses actes présents et passés afin de montrer sa dangerosité pour le futur.
Elle permet aussi à Clinton de ne pas être catalogué comme la candidate à abattre.
Elle lui permet également de se présenter comme une sorte de nouvelle Hillary où son passé est bien moins important que son présent et son avenir face à un Trump qui a tellement plus de boulets aux pieds qu’elle.
Elle a terminé son discours en affirmant que Trump ne pouvait pas être élu président des Etats-Unis et qu’elle avait confiance dans les Américains pour lui barrer la route et l’empêcher de détruire leurs rêves au profit unique du sien:
«Nous ne pouvons pas mettre une personne comme lui avec toutes ses promesses vides dans une position de pouvoir vis-à-vis de nos existences; nous ne pouvons le laisser mettre en faillite l’Amérique comme si elle était l’un de ses casinos qui ont déposé leurs bilans; nous ne pouvons le laisser jouer l’avenir de nos enfants aux dés.»
Pendant ce temps, le promoteur newyorkais a envoyé de multiples tweets, répondant aux attaques factuelles de Clinton qui s’appuyaient sur des réalités avérées, par des grossièretés sur la personnalité d’Hilary Clinton et des insinuations sur de soi-disant pratiques frauduleuses sans la moindre preuve.
Comme d’habitude depuis le début de sa campagne face à tous ses adversaires…
Enfin, Hillary Clinton a déclaré avec emphase que «Cette élection en dira beaucoup sur ce que nous sommes en tant que peuple», signifiant l’importance du vote de novembre prochain pour l’avenir du pays.
Cette affirmation, elle l’avait déjà faite lors d’un discours précédent où elle avait expliqué que «Cette campagne est différente des autres, elle concerne ce que nous sommes en tant qu’Américains et qui nous sommes».
Alexandre Vatimbella
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