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jeudi 30 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Dans le monde, Trump inspire le rejet, Clinton la confiance

Si une très large majorité des Américains ne font pas confiance en Donald Trump, que dire des peuples du monde entier!
Une enquête d’opinion du Pew Research Center donne des résultats proprement catastrophiques pour le populiste démagogue newyorkais dans les quinze pays où la population a été sondée.
Ainsi, 92% des Suédois n’ont pas confiance en Trump (contre 6% qui ont confiance en lui), 89% des Allemands (dont 74% qui n’ont pas confiance du tout en lui contre 6% qui ont confiance en lui), 88% des Néerlandais (contre 7% qui ont confiance en lui), 87% des Australiens (contre 11% qui ont confiance en lui), 85% des Français (dont 71% qui n’ont pas confiance du tout en lui contre 9% qui ont confiance en lui) et des Britanniques(dont 71% qui n’ont pas du tout confiance en lui contre 12% qui ont confiance en lui), 84% des Espagnols (contre 8% qui ont confiance en lui), 82% des Japonais (contre 9% qui ont confiance en lui), 80% des Canadiens (contre 14% qui ont confiance en lui), 75% des Grecs (contre 3% qui ont confiance en lui), 59% des Italiens (contre 21% qui ont confiance en lui).
A l’opposé, comme un contraste saisissant, Hillary Clinton inspire la confiance à la population des pays étrangers: 83% en Suède, 79% en Allemagne, 76% aux Pays Bas, 71% en France, 70% en Australie et au Japon, 66% au Royaume Uni, 60% au Canada, 52% en Italie, 51% en Espagne.
Le seul pays où ceux qui n’ont pas confiance en elle sont plus nombreux que ceux qui ont confiance en elle est… la Grèce.
A noter également que la confiance en Hillary Clinton a fait un bond dans plusieurs pays depuis sa candidature à la primaire démocrate en 2008 face à Barack Obama.
Elle gagne ainsi 23 points au Japon, 17 en Espagne et au Royaume Uni, 13 en Allemagne et en Chine, 12 en France, 7 en Australie et 4 en Pologne.
Barack Obama a également été sondé sur sa capacité à faire les bonnes choix au regard des affaires du monde.
Dans tous les pays (sauf la Grèce…), il obtient une majorité de confiance (dont 86% en Allemagne, 84% en France et en Australie, 83% au Canada, 79% au Royaume Uni, 78% au Japon, 58% aux Etats-Unis et en Inde, 52% en Chine).
Un résultat remarquable après huit ans de présidence et par rapport aux résultats catastrophiques en la matière de son prédécesseur, George W Bush.

Alexandre Vatimbella

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mardi 28 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Les 5 points du programme économique de Clinton

Ces derniers jours, Hillary Clinton a détaillé le programme économique qu’elle mettrait en route si elle est élue présidente le 8 novembre prochain.
Que ce soit dans ses discours ou des documents publiés par son équipe de campagne, elle s’est attachée à montrer la solidité de ses propositions et le fait qu’elle avait un programme en la matière alors que Donald Trump, son opposant républicain, lui, n’en avait pas.
«J’ai une claire vision pour l’économie, a-t-elle ainsi déclaré lors d’un discours à Raleigh (Caroline du Nord). Nous devons être sûrs que notre économie bénéficie à tout le monde. Pa seulement à ceux qui sont en haut de l’échelle. Pas seulement aux riches et à ceux qui ont des relations, pas seulement aux gens qui vivent dans certains endroits du pays ou des gens qui viennent de certains milieux et pas les autres, je veux dire tout le monde. Et j’ai un plan pour y parvenir.»
Ainsi que le rappelait son mari, l’ancien président Bill Clinton, la volonté de servir les autres vient en partie de la foi méthodiste de la candidate démocrate qui rappelle souvent cette maxime de son église «fais tout le bien que tu peux aux plus de gens que tu peux et de toutes les manières que tu peux».
Ce programme économique s’articule autour de cinq points, «cinq étapes que nous pouvons prendre ensemble pour conduire une croissance forte, juste et pérenne. Une croissance qui réduit l’inégalité, augmente l’ascenseur social et qui atteint toutes les parties de notre pays».
1. Faire sauter le blocage actuel des institutions à Washington pour réaliser les plus importants investissements depuis la Deuxième Guerre mondiale dans des emplois bien rémunérés;
2. Permettre à tous les Américains de se libérer de leur dette contractée pour faire des études supérieures;
3. Réécrire les lois afin de s’assurer que les travailleurs auront une part dans les profits qu’ils aident à créer;
4. Assurez que les plus riches payent leur juste part;
5. Mettre en premier les familles en faisant correspondre les politiques avec la manière dont les Familles vivent, apprennent et travaillent dans l'économie du XXI° siècle.
Pour la centriste «La mesure de nos succès sera de combien les revenus augmenteront pour les familles les plus en difficultés, combien d’enfants seront sortis de la pauvreté, combien d’Américains pourront trouver des emplois qui leur garantissent de faire partie de la classe moyenne. Mais aussi des emplois qui apportent un sentiment de dignité et de fierté».
Le fond du problème en matière économique aux Etats-Unis vient, selon Hillary Clinton, «que trop de dirigeants politiques et de chefs d’entreprise ont perdu de vue que nous partageons la responsabilité entre chacun de nous et celle de notre pays. Et ils ont laissé Wall Street prendre d’énormes risques avec des activités financières sans règles. Ils ont biaisé le code des impôts en faveur des plus aisés. Ils ont échoué à renforcer nos règles commerciales. Ils ont sapé les droits des travailleurs. Ils ont oublié que nous sommes tous ensemble dans cette aventure et que nous sommes les meilleurs quand nous le reconnaissons. Les inégalités excessives d’aujourd’hui réduisent la croissance. Les marchés financiers marchent le mieux quand toutes les parties prenantes partagent les bénéfices. Ainsi, les défis auxquels nous devons faire face sont significatifs. Ce n’est pas facile de changer la manière dont se comporte Washington ou les entreprises. Cela demande plus que des morts durs ou des slogans tape-à-l’œil. Il faut un plan. Et il faut l’expérience et la capacité de travailler avec toutes les parties pour obtenir des résultats.»
Une vision que l’on peut qualifier de centre-gauche et qui, même si elle n’est pas fondamentalement différente de celle qu’elle présente depuis des années, doit permettre malgré tout, en mettant l’accent sur les inégalités et le blocage de l’ascenseur social, de séduire les sympathisants de Bernie Sanders, son opposant lors des primaires démocrates, notamment les jeunes et les personnes aux revenus les plus modestes.

Alexandre Vatimbella

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vendredi 24 juin 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La Grande-Bretagne dehors, la purge nécessaire de l’Europe commence

Ceux qui croient en une Europe unie qui doit emprunter le chemin d’une construction fédérale ne peuvent qu’être satisfaits du vote des britanniques qui ont décidé de quitter l’Union européenne, eux qui bloquent toute avancée de cette dernière depuis des décennies.
Mais, pour cela, il faut que dès maintenant, immédiatement, une refondation de cette Union européenne se mette en place sinon elle court le risque de disparaitre beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense.
Et ce serait une catastrophe ce que n’est pas le brexit.
Bien sûr, si l’on est pour le rapprochement des peuples, on peut être également triste d’en voir un décider la désunion plutôt qu’un futur en commun pour la paix, la prospérité et pour continuer à faire du vieux continent une grande puissance.
Bien sûr, il y a des inquiétudes sur ce qui va se passer et il est sûr que les mouvements extrémistes ainsi que tous les populistes démagogues vont, tels des charognards, demander la mort de l’UE comme l’a déjà fait Marine Le Pen.
Cependant, il faut bien se rappeler que la Grande Bretagne a joué contre l’Europe depuis qu’elle la rejointe, qu’elle a tout fait pour l’affaiblir de l’intérieur, qu’elle a constamment préféré ses intérêts, parfois très petits, très mesquins, à une volonté de construire une puissance indispensable pour les décennies à venir.
N’oublions pas Margaret Thatcher qui a été celle qui a commencé à tuer le rêve européen.
Admettons un instant que la Grande Bretagne ait voté pour son maintien dans l’Union européenne.
A très court terme, nous aurions sans doute poussé un ouf de soulagement.
Juste le temps de s’apercevoir que les Britanniques avaient réussi à faire le casse parfait en faisant chanter l’UE pour y demeurer tout en bénéficiant d’un statut spécial tout à fait exorbitant que tout autre Etat aurait pu réclamer en sa faveur.
De même, la Grande Bretagne aurait continué a freiné la construction européenne, voire l’aurait bloqué allègrement quand elle l’aurait voulu.
Avancer vers une Union européenne renforcée pour le bien de tous les Européens était impossible avec la Grande Bretagne à l’intérieur.
Un petit mot sur la Grande Bretagne qui se prépare des lendemains difficiles sur tous les plans même celui de sa cohésion avec le refus des Ecossais de quitter l’UE mais aussi des Nord-irlandais.
Désormais, tout redevient possible mais, pour cela, il faut que tous les leaders de l’Europe relancent la construction européenne le plus vite possible, c’est-à-dire dès aujourd’hui.
Peut-être que d’autres pays vont prendre l’exemple de la Grande Bretagne pour s’en aller.
Ce serait évidemment dommage mais tant que la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne vont dans le même sens, l’Union européenne demeure une magnifique idée et riches de potentialités qu’il faut évidemment transformer en concret pour les peuples qui la compose.
Oui, la purge était nécessaire mais la refondation, elle, est indispensable.

Alexandre Vatimbella
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mercredi 22 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Clinton: «Cette élection en dira beaucoup sur ce que nous sommes en tant que peuple»

Mettre en place le rêve américain du XXI° siècle, voilà l’objectif qu’Hillary Clinton s’est assignée si elle est élue présidente des Etats-Unis le 8 novembre prochain, lors d’un discours à Columbus (Ohio).
Ainsi, chacun doit pouvoir construire et atteindre son rêve, pas en «détruisant» ceux des autres comme elle a accusé Donald Trump de le faire depuis qu’il est dans les affaires mais en collaborant à l’édification de ceux tous les autres.
Son nouveau message c’est donc «stronger together» (plus forts ensemble).
Dans son intervention, elle a dévoilé les grandes lignes de son programme économique qu’elle devrait détailler dans les semaines à venir.
Elle a répété qu’elle voulait une économie plus juste qui bénéficie à tous et pas seulement aux plus riches, avec des salaires plus élevés.
Elle a rappelé qu’elle s’était toujours battue dans sa vie et son parcours politique pour la justice sociale.
Et pour elle, une des missions qu’elle aura, une fois élue présidente des Etats-Unis, sera de faire en sorte que de nombreux emplois payés à un juste salaire soient créés, notamment pour les familles les plus défavorisées.
Elle a également annoncé qu’il y aurait de nouveaux impôts pour les super-riches et les entreprises, notamment celles du secteur de la finance, qui font d’énormes bénéfices, bénéfices qu’elle veut que les entreprises partagent en partie avec leurs salariés.
Elle a indiquée qu’elle lutterait pour étendre l’assurance santé à tous, expliquant qu’un enfant supplémentaire qui en bénéficiait était sûrement un détail à Washington mais que cela faisait une énorme différence pour sa famille.
Elle veut en outre augmenter les dépenses dans les infrastructures dont beaucoup sont en piteux état, voire inexistantes, mais aussi aider les entreprises à la pointe de la technologie ainsi que celles dans le secteur de l’énergie propre, sans oublier les petites et moyennes entreprises pourvoyeuses de la majorité des emplois.
Elle compte également s’attaquer aux dettes des étudiants qui résultent de l’obligation qu’ils ont de prendre des crédits pour être capables de financer leurs études et qui grèvent ensuite pendant des décennies leurs budgets afin de tenter de les rembourser.
Dans le même temps, elle souhaite pouvoir permettre à de nombreux Américains qui n’en ont pas les moyens d’aller à l’université.
Elle a, par ailleurs, déclaré qu’elle serait très attentive aux bonnes règles du commerce international afin d’éviter des accords de libre-échange qui ne seraient pas justes pour les Américains, tout en parlant des pratiques discutables de la Chine en matière de libre concurrence avec le dumping en faveur de ses propres entreprises et les barrières injustifiées à l’entrée de produits étrangers.
Quant Donald Trump attaque son propre pays en prétendant que c’est un «pays de perdants (loosers)» et que le monde entier se moque des Américains, elle a indiqué ne pas partager sa vision négative de ses compatriotes parce qu’elle croyait dans leur capacité à l’innover et à fabriquer des produits attractifs pour les 95% de consommateurs qui ne vivent pas aux Etats-Unis et qui envient ses habitants comme elle a pu le constater en visitant cent-douze pays lorsqu’elle était la secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Elle a ajouté que Trump voyait les Américains comme des gens qui ont peur, qui n’ont pas confiance en eux et qui préfèrent la division à l’unité, la construction de murs plutôt que de ponts.
Pour lui, a-t-elle continué, la meilleure façon d’aller de l’avant c’est de retourner en arrière en glorifiant les instincts les plus mauvais du peuple américain.
A l’inverse, elle s’est prononcée pour une Amérique unie qui regarde toujours vers le futur pour créer une société plus juste et plus moderne qui bénéficie à tous.
Une bonne partie de son discours a été de mettre en garde contre le projet économique et social de Donald Trump qui, dit-elle, est condamné par les «liberals» et les conservateurs, les démocrates et de très nombreux républicains ainsi que par des experts de tous bords qui pointent son inconséquence et son irresponsabilité qui pourrait conduire le pays dans une crise sans précédent.
La centriste a à nouveau pointé les graves incompétences de Donald Trump pour gouverner le pays en prenant en exemple, outre ses propositions, ses comportements répétés de voyou dans les affaires et vis-à-vis des gens qui travaillent ou ont travaillé avec lui.
Elle a rappelé qu’il avait mis exprès ses entreprises en faillite quatre fois après avoir accumulé des «montagnes de dettes» (elle l’a d’ailleurs baptisé le «roi de la dette»), mettant au chômage des centaines de personnes alors que lui s’en sortait sans dommage.
D’ailleurs, Trump a toujours revendiqué clairement ces pratiques qui jouent avec la loi sans véritablement la violer.
Selon elle, Trump serait encore plus «dangereux» pour l’économie des Etats-Unis qu’il ne l’a été pour ses nombreuses entreprises qui ont du fermer leurs portes.
Ses mesures creuseraient les déficits en centaines de milliards de dollars comme des experts indépendants l’ont calculé et le pays serait conduit à coup sûr à la faillite.
Elles feraient en sorte que le pays ne serait plus crédible et capable de travailler avec les autres pays dans le monde.
A l’intérieur, l’inflation serait énorme et le chômage augmenterait très fortement, le tout impactant d’abord les classes moyennes et les plus défavorisées pendant que son programme de baisse des impôts pour les plus riches creuseraient encore les inégalités au profit notamment des financiers de Wall Street.
Elle n’a pas oublié, non plus, de lui demander d’enfin publier sa feuille d’impôts comme tous les candidats à la présidentielle l’ont fait et le font depuis quarante ans, ce qu’il refuse de faire pour l’instant, entretenant la suspicion sur sa fortune et ses affirmations.
En effet, de forts doutes existent sur le montant qu’il a payé qui signifierait qu’il n’est peut-être pas aussi riche qu’il le prétend ou qu’il n’aurait pas donné autant d’argent qu’il l’affirme aux associations d’aide aux personnes en difficultés ou qu’il n’aurait pas payé d’impôt, voire les trois à la fois!
Une publicité politique d’Elisabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachussetts, a ainsi rappelé que la dernière fois que Trump l’avait publiée, il avait payé… zéro dollar d’impôt.
La stratégie de la candidate démocrate est désormais bien cernée.
Etre celle qui va faire barrage à Donald Trump à tous prix est en effet la posture qu’elle a décidé d’endosser en se présentant, non comme la favorite et la candidate de l’establishment, mais bien comme la challenger qui doit affronter l’homme à abattre parce qu’il embobine les électeurs avec ses mensonges, ses fausses promesses et ses logorrhées xénophobes, racistes et globalement contre tous ceux qui ne pensent pas comme lui.
Cette stratégie présente pour elle que des avantages en l’état actuel de la campagne.
Elle permet, en mettant en scène Trump comme l’élément central de l’élection, d’en faire le repoussoir en utilisant ses propos et ses actes présents et passés afin de montrer sa dangerosité pour le futur.
Elle permet aussi à Clinton de ne pas être catalogué comme la candidate à abattre.
Elle lui permet également de se présenter comme une sorte de nouvelle Hillary où son passé est bien moins important que son présent et son avenir face à un Trump qui a tellement plus de boulets aux pieds qu’elle.
Elle a terminé son discours en affirmant que Trump ne pouvait pas être élu président des Etats-Unis et qu’elle avait confiance dans les Américains pour lui barrer la route et l’empêcher de détruire leurs rêves au profit unique du sien:
«Nous ne pouvons pas mettre une personne comme lui avec toutes ses promesses vides dans une position de pouvoir vis-à-vis de nos existences; nous ne pouvons le laisser mettre en faillite l’Amérique comme si elle était l’un de ses casinos qui ont déposé leurs bilans; nous ne pouvons le laisser jouer l’avenir de nos enfants aux dés.»
Pendant ce temps, le promoteur newyorkais a envoyé de multiples tweets, répondant aux attaques factuelles de Clinton qui s’appuyaient sur des réalités avérées, par des grossièretés sur la personnalité d’Hilary Clinton et des insinuations sur de soi-disant pratiques frauduleuses sans la moindre preuve.
Comme d’habitude depuis le début de sa campagne face à tous ses adversaires…
Enfin, Hillary Clinton a déclaré avec emphase que «Cette élection en dira beaucoup sur ce que nous sommes en tant que peuple», signifiant l’importance du vote de novembre prochain pour l’avenir du pays.
Cette affirmation, elle l’avait déjà faite lors d’un discours précédent où elle avait expliqué que «Cette campagne est différente des autres, elle concerne ce que nous sommes en tant qu’Américains et qui nous sommes».

Alexandre Vatimbella

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lundi 20 juin 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Brexit ou la guerre de sécession européenne

Comme les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne est d’abord une idée.
Et même si Abraham Lincoln s’est battu pour garder son pays uni et contre l’esclavage, il s’est d’abord battu, comme il l’a dit avec tant de profondeur dans son fameux discours sur le champ de bataille ensanglanté de Gettysburg, pour que vivent l’idée de démocratie républicaine, celle d’un peuple libre, et celle d’«un gouvernement du peuple pour le peuple par le peuple», selon sa fameuse formule.
Car la construction américaine était alors unique dans le monde, ainsi que l’est aujourd’hui la construction européenne.
Tout comme le pose le Brexit pour l’idée européenne, la Guerre de sécession posait la question de la pertinence de l’idée américaine.
De même, une des grandes différences entre Hillary Clinton et Donald Trump pour la présidentielle américaine du 8 novembre est la bataille entre l’idée des Etats-Unis d’Amérique défendue par la centriste et la vision d’un pays fermé sur une interprétation étriquée de l’idée de nation qui fut récupérée au XIX° et au XX° siècles par l’extrême-droite pour exclure et désigner l’autre, celui qui est différent, comme l’ennemi à abattre.
C’est ce qui se passe avec le Brexit et les diatribes des antieuropéens britanniques, il suffit d’écouter le démagogue Boris Johnson, l’ancien maire de Londres, et encore il est un des plus modérés de son camp!
Et il n’est pas étonnant que l’idée des Etats-Unis d’Europe soit avant tout défendue par le Centre comme l’est l’idée des Etats-Unis d’Amérique.
Abraham Lincoln était un centriste, Robert Schuman aussi.
Ce n’est pas un hasard, non plus, que le président des Etats-Unis, Barack Obama, un centriste, est venu dire aux Britanniques qu’il fallait qu’ils votent pour le maintien de leur pays dans l’Europe.
Bien entendu, l’idée doit se concrétiser et les dysfonctionnements de l’Union européenne sont du pain béni pour tous ses adversaires.
Idem aux Etats-Unis où Trump fustige les ratés d’une société ouverte.
Mais l’idée demeure tant ici qu’outre-Atlantique.
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les défenseurs de l’Union européenne et d’une intégration plus poussée qui doit conduire vers une fédération sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique (avec, évidemment, des spécificités différentes), sont partagés sur la sortie du Royaume Uni.
Car si ce dernier demeure dans l’Union européenne, toute avancée majeure sera sans doute bloquée pour longtemps.
En revanche, s’il sort, le risque d’implosion existe.
Vaut-il mieux alors une Europe rachitique et sans espoir ou une implosion qui oblige à (re)construire un vrai projet d’union et de fédération?
La réponse est loin d’être évidente, tant l’implosion pourrait signifier que chacun s’en aille de son côté et non une prise de conscience de revitaliser, régénérer et redynamiser l’idée européenne.
C’est aussi en cela que le Brexit ressemble à la Guerre de sécession.
Si le Sud était sorti de l’Union, rien ne permettait de penser que les Etats-Unis d’Amérique auraient pu continuer à exister, même avec les 23 Etats qui formaient le Nord car chacun aurait pu, pour n’importe quel motif, s’en aller lui aussi, délitant petit à petit cette union jusqu’à sa disparition.
Et rien ne permet de penser que si le Royaume Uni quitte l’Union européenne, celle-ci saisira l’opportunité du départ de l’«ennemi intérieur» pour se réinventer, pire pour se rassembler pour ne pas sombrer dans un délitement progressif et le départ d’autres pays.
Néanmoins, une chose est sûre: quoi qu’il arrive le 23 juin, jour du vote des Britanniques, l’idée européenne se sera encore affaiblie.
Mais c’est également ce 23 juin que doit absolument commencer, quoi qu’il arrive, une reconstruction de cette idée.
C’était la volonté d’Abraham Lincoln une fois la victoire acquise mais son assassinat l’empêcha de le faire.
Heureusement, cahin-caha, les Etats-Unis d’Amérique purent aller de l’avant même si la plaie de la Guerre de sécession qui s’est terminée il y a 150 ans n’est toujours pas complètement refermée.
Le problème est que l’Union européenne manque cruellement à l’heure actuelle d’hommes et de femmes de la stature d’un Lincoln…
Enfin, pour tous ceux qui trouveraient choquant le parallèle entre le Brexit et la Guerre de sécession qui mit les Etats-Unis d’Amérique à feu et à sang et provoqua la mort de plus de 620.000 soldats, qu’ils n’oublient pas la mort de la députée britannique Jo Cox, assassinée uniquement parce qu’elle défendait l’idée de l’Europe unie.
Une mort ne se compare pas, évidemment, à des centaines de milliers mais elle est toujours de trop.


Alexandre Vatimbella
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mardi 14 juin 2016

Présidentielle USA 2016. Tuerie d’Orlando: Clinton, dame de fer d’une société ouverte et solidaire

«Après les attentats du 11 septembre, démocrates et républicains, nous ne nous sommes pas affrontés les uns les autres, mais nous nous sommes tous unis pour affronter le danger.»
Voilà ce qu’Hillary Clinton a déclaré lors d’un meeting à Cleveland dans l’Ohio, un peu plus de vingt-quatre heures après le massacre dans une boite de nuit gay d’Orlando qui a fait 50 morts et 53 blessés.
Et la centriste a espéré que les républicains feront ce qu’ont fait les démocrates en 2001 lors de l’effondrement des deux tours du World Trade Center, s’unir derrière le président place, George W Bush alors, Barack Obama aujourd’hui.
Mais c’était évidemment sans compter sur le populiste démagogue Donald Trump qui, au lieu de jouer la solidarité, a tenté de manière éhontée et par le mensonge de profiter de la situation.
Ainsi, il a demandé rien de moins que la démission de Barack Obama et le retrait de la campagne d’Hillary Clinton.
Puis, il a prétendu que le terroriste était né en Afghanistan alors qu’il est né à New York et donc était de nationalité américaine de naissance et a affirmé que son père avait fait allégeance aux Talibans, ce qu’aucune preuve ne vient étayer.
Sans oublier qu’il a déformé les propos de Clinton, lui faisant dire ce qu’elle n’avait pas dit…
L’irresponsabilité à son plus haut degré.
De son côté, Hillary Clinton a développé dans son discours tout un plan d’action pour éviter de nouveaux attentats de ce genre avec des propos très fermes notamment contre ceux qui financent les organisations comme l’Etat islamique, Al Qaida ou les Talibans, c’est-à-dire les Saoudiens, les Koweitiens et les Qataris en demandant à leurs gouvernements respectifs d’intervenir.
De même, elle a assuré qu’elle se battrait de toutes ses forces pour imposer un contrôle beaucoup plus strict sur la vente des armes à feu, l’interdisant pour tous ceux qui ont affaire au FBI ou qui ont des problèmes psychologiques.
En outre, elle ses prononcée une nouvelle fois contre la vente de fusils d’assaut comme celui qu’ont utilisé les tueurs de San Bernardino, d’Orlando mais aussi de Sandy Hook où vingt jeunes enfants avaient été tués par un malade mental.
Et à l’inverse de Trump – dont elle n’a pas nommé le nom une seule fois –, avec des accents centristes, elle a prôné l’unité du peuple américain en affirmant que «Nous sommes plus forts quand plus de gens peuvent participer à notre démocratie et nous sommes plus forts quand nous permettons à tous de partager les fruits de notre réussite économique».
Mais aussi en déclarant «Nous ne sommes pas un pays de gagnants et de perdants mais un pays où chacun doit pouvoir réaliser son potentiel dans l’égalité de tous».
En outre, elle a refusé de stigmatiser la communauté musulmane américaine en rappelant que George W Bush avait fait de même après les attentats du 11 septembre.
Enfin, elle a terminé son discours par cette promesse, «Nous remporterons le combat contre le terrorisme».

Alexandre Vatimbella

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lundi 13 juin 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie une nouvelle fois attaquée à Orlando

Bien sûr, l’assassin d’Orlando a d’abord ôté la vie à cinquante personnes et a gâché celle de nombre de blessés sans oublier le traumatisme de tous ceux qui se trouvaient dans la boite de nuit qu’il a attaqué avec les armes qu’il a pu librement acheté quelques jours avant ses crimes.
Mais il a également attaqué la démocratie républicaine et toutes ses valeurs comme l’avaient fait, à Paris, les assassins de Charlie hebdo et du supermarché casher, comme l’avaient fait ceux du Bataclan et des bars du XI° arrondissement.
En s’en prenant à un lieu où se réunissait dans cette ville de Floride, aux Etats-Unis, la communauté gay pour s’amuser, il s’en est pris comme ses tristes prédécesseurs à la liberté, à la tolérance, au respect sur lesquelles sont assises le vivre ensemble de nos sociétés démocratiques.
Peu importe qu’il était un individu instable et violent, il a trouvé dans l’idéologie de l’islam radical la justification pour ses crimes et la rapidité avec laquelle l’Etat islamique l’a adoubé montre bien que peu importe sa réelle foi, l’important est, pour ces islamistes fanatiques de tuer et de répandre la terreur dans les démocraties occidentales honnies.
Cependant, que l’on ne se méprenne pas, ces tueurs assassinent partout, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leur idéologie mortifère et totalitaire ou qui ne se plient pas à leur loi.
Et il ne faut surtout pas oublier le calvaire que vivent de tous ceux qui sont sous le joug de l’EI en Syrie, en Irak et en Libye, tous ceux qui sont massacrés par Al Qaida au Yemen, par Boko Haram en Afrique, par Morabitoun au Maghreb ou par les Talibans en Afghanistan et au Pakistan.
Et la liste n’est malheureusement pas exhaustive.
Mais ce sont bien les démocraties et plus particulièrement celles de l‘Occident, parce qu’elles sont un modèle pour un monde libre (avec tous leurs défauts et leurs manquements) qui sont avant tout dans leur ligne de mire.
Comme l’a si justement déclaré Barack Obama, c’est une action terroriste et haineuse que le tueur d’Orlando a perpétré.
Et tous les démocrates ne peuvent que reprendre l’affirmation du président américain, «Aucun acte de terreur et de haine ne peut changer qui nous sommes».
C’est pourquoi, tous ceux qui sont attachés à la démocratie républicaine et à ses valeurs, dont évidemment tous les centristes du monde entier, sont à nouveau en deuil mais prêts à se lever pour se défendre.
Et comme pour les journalistes de Charlie, les clients de l’Hyper casher, les spectateurs du Bataclan et les consommateurs des bars du quartier de la République, nous sommes aujourd’hui les noctambules gays du Pulse d’Orlando.
Et, demain, malheureusement, si d’autres actes monstrueux comme ceux-ci surviennent, nous serons tous ces innocents pris pour cible, seulement parce qu’ils sont libres et qu’ils entendent le rester.

Alexandre Vatimbella
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mercredi 8 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Clinton gagnante des primaires et dans les sondages

Trois nouveaux sondages donnent Hillary Clinton gagnante le 8 novembre prochain face à Donald Trump avec au moins quatre points d’avance.
- Clinton 48% - Trump 44% (NBC-Survey Monkey)
- Clinton 45% - Trump 40% (IBD-TIPP)
- Clinton 44% - Trump 40% (Morning consult)
Et dans la dernière grande journée de primaires, elle a remporté les plus importantes, celles de Californie (Clinton 56% - Sanders 43%), du New Jersey (Clinton 63,26% - Sanders 36,74%) et du Nouveau Mexique (Clinton 51,53% - Sanders 48,47%).
Elle a ainsi aujourd’hui près de 2800 délégués dont près de 2200 de «pledge delegates» (c’est-à-dire de délégués acquis grâce aux votes qu’elle a obtenus, le reste étant les «super-delegates», ceux qui sont délégués de droit) et ce chiffre devrait être supérieur quand les résultats définitifs des primaires du 7 juin seront connus mais aussi après la primaire de Washington DC.
Rappelons qu’il faut 2283 délégués pour obtenir l’investiture du Parti démocrate.
Dans son discours de victoire des primaires démocrates, elle a rappelé qu’elle voulait un pays où tous les citoyens auraient les mêmes chances de réussite, plus juste et un monde plus sûr.
Elle a affirmé qu’il fallait que le pays se réunisse au-delà des visions partisanes de chacun et cherche un maximum de consensus.
Elle a appelé au respect de chacun.
Un discours centriste.
Bien évidemment, elle a parlé de ce moment historique qui fait d’elle la première femme candidate d’un des deux principaux partis à la présidentielle expliquant qu’un plafond de verre venait d’être brisé mais qu’il y en demeurait bien d’autres en place.
Elle a rendu son traditionnel hommage à sa mère sans laquelle, a-t-elle expliqué, elle ne serait pas là où elle est aujourd’hui.
Une partie de son discours a été consacré à démontrer que Donald Trump n’est pas qualifié pour être président des Etats-Unis et de la première puissance mondiale.
Elle a détaillé tous les manquements du promoteur newyorkais qui a multiplié ces derniers temps les nouvelles provocations et les nouvelles déclarations honteuses, en particulier en matière de racisme.
Ces nouveaux dérapages ont notamment obligé le président (speaker) républicain de la Chambre des représentants, le très conservateur Paul Ryan, à intervenir publiquement en estimant que les propos du candidat de son parti à la présidentielle sur un juge dont les parents étaient d’origines mexicaines et qui doit présider une affaire d’escroquerie avérée dont il est partie prenante (l’affaire de la Trump university) étaient tout simplement «racistes», une déclaration étonnante et sans doute une première dans l’histoire des élections américaines.
Cela ne l’a pas empêché, dans la foulée, de renouveler son soutien à Trump!
Toujours est-il que la campagne stricto sensu pour la présidentielle du 8 novembre peut maintenant commencer.

Alexandre Vatimbella

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mardi 7 juin 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Hillary Clinton fait l’Histoire

Ça y est: selon les décomptes de l’Associated press, la principale agence de presse américaine, ainsi que de nombreux médias, Hillary Clinton a obtenu les 2383 délégués nécessaires pour être la candidate du Parti démocrate à l’élection présidentielle du 8 novembre prochain et ce, avant même les résultats des primaires de Californie et du New Jersey de ce mardi 7 juin.
La centriste est ainsi la première femme dans l’Histoire des Etats-Unis d’Amérique a être la représentante d’un des deux principaux partis de la vie politique qui se partagent le pouvoir pratiquement depuis l’indépendance du pays (avec des noms différents).
Et elle a de grandes chances d’être élue la première présidente des Etats-Unis à la fin de l’année.
Pour en arriver là, rien n’a été simple pour celle que tout le monde, soutiens et adversaires réunis, estime être une surdouée de la politique.
Tombée dedans depuis son adolescence, elle a eu un parcours brillant mais souvent chaotique pour en arriver là.
Si aujourd’hui elle est au centre de l’échiquier politique, elle a commencé en tant que républicaine conservatrice, comme son père, avant d’évoluer vers la gauche, notamment au moment de la guerre du Vietnam, puis de se positionner depuis son passage à la Maison blanche comme first lady lors de la présidence de son mari Bill, inventeur de la troisième voie et de la triangulation, comme une centriste assumée.
Ses idées sont libérales en matière sociétale (même si elle s’est ralliée au mariage homosexuel il y a peu).
En matière sociale, elle défend la capacité de chacun d’avoir les «opportunities» (égalité concrète des chances) pour réussir sa vie grâce à son mérite.
En matière économique, elle est plutôt pour un Etat régulateur pour ce qui est de l’organisation du capitalisme, notamment pour ce qui est d’une concurrence saine et honnête mais elle défend le libre marché.
Si elle était conservatrice en matière fiscale, elle a évolué ces dernières années avec l’enrichissement indécent des 1% les plus riches des Américains et milite maintenant pour une taxation des super-riches.
Pour ce qui est de la politique étrangère, elle est considérée plutôt comme un «faucon» pour la défense du pays mais aussi de la démocratie et de la liberté.
Cependant, son passage comme secrétaire d’Etat de Barack Obama, de 2009 à 2012, a montré que, dans tous les cas, elle privilégiait d’abord la négociation et l’accord avant la force.
Par rapport à la mondialisation, elle est pour une société ouverte – on le voit par rapport à ses prises de position en matière d’immigration, notamment.
Néanmoins, elle a monté quelques réticences quant à la globalisation économique et son possible impact négatif sur les Etats-Unis.
Défenseure sans relâche de la cause des femmes mais, ce que l’on sait moins, de la cause des enfants qu’elle a embrassée depuis fort longtemps et pour laquelle elle est reconnue comme ayant permis des avancées légales fort importantes grâce à ses prises de positions et ses écrits juridiques.
Car Hillary Clinton est également une avocate reconnue qui aurait sans doute une carrière des plus remarquables, ainsi qu’en politique beaucoup plus rapidement, si elle n’avait pas choisi, au sortir de l’université de Yale de suivre son mari en Arkansas pour qu’il devienne gouverneur de l’Etat, ce qui a servi à ce dernier de marche pied pour Washington.
Mais Bill Clinton a reconnu depuis longtemps – et sans coquetterie – que la plus capable était sa femme.
C’est d’ailleurs pourquoi, en 1992, lors de son élection, il avait vendu un «ticket» de deux Clinton pour le prix d’un à la Maison Blanche.
Dans un environnement mondial perturbé et face à la montée des populismes démagogiques dans les démocraties représentées jusqu’à la caricature aux Etats-Unis avec la candidature de Donald Trump, sa vision centriste, ses capacités, son expérience et son caractère sont nécessaire pour son pays, pour le monde libre et la planète.


 Alexandre Vatimbella
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dimanche 5 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Clinton: des sondages favorables et une attaque contre la dangerosité de Trump

Alors que se profilent les primaires de Californie, du New Jersey, du Nouveau Mexique, du Montana et du Dakota du Sud, mardi 7 juin, qui devraient lui permettre d’être enfin la candidate officielle du Parti démocrate, qu’elle les gagne ou non, Hillary Clinton est en tête dans les quatre derniers sondages publiés et vient de prononcer un discours qui a été globalement salué pour son sérieux afin de pointer la dangerosité de Donald Trump en matière de politique étrangère.
- Derniers sondages
Les quatre derniers sondages publiés montrent une avance d’Hillary Clinton sur Donald Trump qui varie de un point à neuf points.
Pour IPSOS Reuters, Clinton 43%, Trump 34%.
Pour Quinnipiac University, Clinton 45%, Trump 41%.
Pour Morning Consult, Clinton 42%, Trump 39%.
Pour Rasmussen, Clinton 39%, Trump 38%.
A noter, par ailleurs, que tous les derniers sondages sur le choix du candidat démocrate pour le 8 novembre montre une large avance de Clinton sur Sanders, de 14 points (ABC -Washington Post et Quinnipiac), 8 points (NBC-Wall Street Journal) et 7 points (CBS-New York Times).
- Discours de politique étrangère
Le 2 juin, Hillary Clinton a donné un discours à San Diego en Californie pour attaquer la crédibilité de toutes les assertions de Donald Trump en matière de politique étrangère.
Pendant une trentaine de minutes, elle a montré par des exemples précis des dires du candidat républicain que si celui-ci parvenait à la Maison blanche, la communauté internationale et donc les Etats-Unis vivraient dans un monde nettement plus dangereux, à la merci d’une décision d’humeur de celui-ci, suggérant qu’il pourrait utiliser l’arme atomique simplement parce que quelqu’un lui aurait déplu.
«Les idées de Donald Trump, a-t-elle ainsi expliqué, ne sont pas juste différentes, elles sont dangereusement incohérentes. Ce ne sont même pas vraiment des idées, ce sont juste une série de discours emphatiques bizarres, de règlements de compte personnels et de purs et simples mensonges.»
Puis elle a ajouté, «Il loue des dictateurs comme Vladimir Poutine et se querelle avec nos amis, y compris le premier ministre britannique, le maire de Londres, la chancelière allemande, le président du Mexique et le pape».
Comme l’a expliqué le magazine Time, «Hillary Clinton a démontré une capacité remarquable à attaquer Donald Trump en présentant sa politique étrangère en termes saisissants. Présenté comme un discours majeur de politique étrangère, c'était plus un discours politique majeur pour faire valoir que Trump est un danger sur la scène internationale».
- Primaires
Mardi 7 juin se dérouleront plusieurs primaires dont celles du New Jersey et, surtout, de Californie.
C’est dans ce dernier Etat, le plus peuplé du pays, que Bernie Sanders espère retourner une dernière fois la situation en sa faveur en s’y imposant face à Clinton.
Même s’il a réduit son retard ces dernières semaines pour certains instituts de sondage, le dernier en date réalisé par le principal quotidien local, le Los Angeles Time, donne une avance de dix points (49%-39%) à Clinton.
L’acharnement que met le sénateur du Vermont à continuer un combat qu’il va perdre, et ce même s’il gagne toutes les dernières primaires, tout en tenant des discours hargneux – ce que Clinton n’avait pas fait en 2008 face à Obama – montre qu’il est plus préoccupé par une guerre interne dans le Parti démocrate, dont il n’est pas membre, que de battre Donald Trump en novembre prochain.

Alexandre Vatimbella

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mercredi 1 juin 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Hillary Clinton, sa campagne, ses problèmes, ses handicaps

Il est bon ton d’affirmer que la centriste Hillary Clinton mène une mauvaise campagne, que si elle est une politique compétente, elle est, en revanche, une mauvaise candidate, qu’elle a une personnalité qui est tout sauf charismatique, qu’elle n’est pas capable de se faire aimer ou même d’inspirer confiance, que ses choix stratégiques et tactiques ne sont pas toujours très heureux.
En un mot, elle ne serait ni «likable» (suscitant la sympathie), ni «electable» (provoquant l’envie de voter pour elle) pour nombre de commentateurs, deux défauts rédhibitoires pour qui se présente devant le peuple pour être élu et le gouverner.
Ces déficits expliqueraient en grande partie pourquoi la centriste, face à des trublions de second ordre, Donald Trump à sa droite et Bernie Sanders à sa gauche, ne parviendrait pas à faire prévaloir la raison, mais aussi son expérience et ses qualités dans cette campagne présidentielle et ne serait pas capable de tailler en pièces les deux populistes démagogues farfelus qui lui sont opposés.
D’ailleurs, les sondages montrent qu’elle inspire plutôt la méfiance, voire l’hostilité, d’une majorité d’Américains quant à sa personne (mais pas quant à ses qualités de dirigeante).
Il est certain que son parcours actuel dans les primaires démocrates est tout sauf une marche triomphale vers la Maison blanche.
Et que si elle est élue, ce ne sera pas par un raz-de-marée et dans une liesse populaire même si peu de candidats l’ont été sauf circonstances particulières.
On pourrait expliquer ses difficultés par le cumul sur sa personne de plusieurs handicaps indépendants de ce qu’elle est.
Le premier serait que défendre une politique centriste, c’est-à-dire équilibrée et responsable, ne colle pas avec une emphase dont se servent les clientélismes de droite et de gauche pour annoncer les lendemains qui vont soi-disant chanter et le rasage gratis.
C’est en partie vrai mais l’on se rappelle qu’en 2008, Barack Obama – certes surfant sur quelques malentendus et flous artistiques – aussi centriste qu’Hillary Clinton, voire même un peu moins à gauche qu’elle, est parvenu à donner une dynamique populaire incroyable à sa campagne, à sa candidature, à sa personne pour se retrouver le premier président afro-américain de l’Histoire des Etats-Unis, même s’il fut favorisé à l’époque par le bilan désastreux des années George W Bush et de la volonté du peuple américain de faire une sorte d’acte de rédemption en élisant un afro-américain.
Le deuxième handicap serait que les démocrates centristes sont depuis huit ans à la Maison blanche avec Barack Obama.
Elire Hillary Clinton serait, pour nombre d’Américains, une sorte de troisième mandat (voire quatre si elle est réélu en 2020) pour le président en place.
Et même si ce dernier a une popularité non-négligeable après plus de sept ans de pouvoir, l’envie de changement pour le changement qui existe dans toutes les démocraties du monde depuis toujours, mais qui est devenu une sorte de règle où ce sont plutôt les règnes longs d’un parti ou d’une personnalité qui deviennent l’exception, joue en défaveur de Clinton.
Le troisième handicap serait qu’elle est une femme.
Or si les Américains ont élu un afro-américain en 2008 (contre une femme, Hillary Clinton!), il faut rappeler que le score de Barack Obama face à John Mc Cain, le candidat républicain, fut très médiocre au vu de la situation politique d’alors et du rejet de tout ce qui était républicain dans le sillage d’un George W Bush largement détesté.
Comme l’on disait à l’époque, même un âne (emblème du Parti démocrate) aurait été élu à la Maison blanche tellement le ressentiment vis-à-vis du pouvoir en place était puissant.
Sans faire de parallèle entre le genre et une minorité ethnique («raciale» dans la terminologie américaine), l’élection d’une femme rencontre les mêmes préventions auprès d’une partie de l’électorat que celle d’un afro-américain, en l’occurrence ici celui des hommes blancs des classes défavorisées et des classes moyennes basses, par exemple, mais pas seulement.
S’en surajoutent d’autres différentes.
Le «plafond de verre» contre lequel se bat Hillary Clinton depuis des années existe toujours même si elle s’apprête à en détruire une partie en étant la première femme candidate d’un des deux partis majeurs à une élection présidentielle.
Le quatrième handicap serait qu’elle est identifiée à l’establishment de Washington ce qui est toujours un désavantage d’autant plus dans une année où le populisme et la démagogie sont devenus les clés du succès politique.
Bien sûr, Donald Trump fait partie des milliardaires qui a toujours eu des relations proches avec le monde politique et s’en est servi sans aucune gêne; bien sûr, Bernie Sanders est un sénateur et fait partie, de facto, de cet establishment de la capitale.
Mais l’un et l’autre ont réussi, grâce à leur posture populiste et à leurs propos démagogiques, à apparaître comme des «outsiders», ceux qui «vont botter les fesses de Washington».
Barack Obama, face à Hillary Clinton, puis face à John Mc Cain avait réussi le même tour de force par certaines postures et certains propos qui lui avaient été largement reproché, lui qui était un centriste avec un programme éminemment centriste et qui se faisait passer pour une sorte de «Mr Smith au Sénat», c’est-à-dire un ingénu pur et honnête venant nettoyer Washington de la fripouille, comme le héros du film de Franck Capra interprété par James Stewart.
Le plus étonnant est que Clinton pâtit indirectement de cette stratégie électorale d’Obama en 2008 puisqu’une partie des fans de Sanders (et sans doute quelques uns de Trump), lui ont tourné le dos, justement en souvenir d’avoir été «trompés», voire «trahis» par Obama!
Ils attendaient de lui une «révolution» – comme celle que promet Sanders – et ils ont eu la réforme, comme il le disait pour ceux qui voulaient réellement l’écouter.
Le cinquième handicap serait qu’elle aurait les médias contre elle or il est extrêmement difficile, mais pas impossible, de remporter la présidentielle sans leur soutien dans l’ère moderne.
Le désamour des journalistes vis-à-vis d’Hillary Clinton remonte à loin, depuis le début des années 1990, voire même avant, sans que l’on puisse réellement avoir une explication rationnelle de celui-ci.
Toujours est-il qu’il a grossi au cours des années et s’est installée une sorte d’incompréhension entre l’ancienne secrétaire d’Etat d’Obama et les médias.
Il suffit de lire les quotidiens et de regarder les chaînes de télévision pour se rendre compte que toutes les nouvelles négatives vis-à-vis de la candidate démocrate sont montées en épingle alors que toutes les bonnes sont peu développées.
Dernier exemple en date, le rapport du département d’Etat sur l’utilisation par Hillary Clinton d’une boite aux lettres personnelles lorsqu’elle en était la cheffe.
Ainsi que l’ont expliqué quelques experts sérieux, sa publication n’a strictement rien apporté de plus à ce que l’on ne savait déjà.
Cela n’a pas empêché les journaux d’en faire des gros titres et les chaînes de télévision d’en faire des «breaking news» avec nombre de journalistes venant affirmer que les «révélations» du rapport étaient un coup dur pour Clinton.
Donald Trump et Bernie Sanders, en bons populistes, se plaignent, eux aussi, d’une couverture négative des médias.
Cela fait même partie de leur posture anti-Washington.
Sauf que Donald Trump a pu bâtir sa campagne grâce à une couverture 24 heures sur 24 qui en a scandalisé plus d’un et qui a été quantifié voici plusieurs semaines – les chiffres doivent donc être beaucoup plus élevés désormais – à plus de deux milliards de dollars de publicité politique gratuite.
A titre de comparaison, le chiffre d’Hillary Clinton était aux alentours de 500 millions de dollars.
De même, Bernie Sanders a bénéficié d’une couverture énorme mais aussi d’une bienveillance étonnante de la part de nombre de journalistes, beaucoup de ceux qui ne se privent pas de faire de l’«Hillary bashing» dès qu’ils en ont l’occasion.
On le voit, avec ces cinq handicaps, la tâche d’Hillary Clinton est déjà extrêmement ardue.
Mais quand est-il de ce qu’elle est, de ses qualités et de ses défauts, c’est-à-dire de sa responsabilité directe dans son image auprès de ses concitoyens et de ses difficultés à se faire aimer?
Avant de les passer en revue, rappelons tout de même qu’elle est largement en tête des primaires démocrates avec plus de trois millions de votes en sa faveur de plus que Bernie Sanders et que l’énorme majorité des sondages la donne en tête de l’élection du 8 novembre, comme les deux derniers en date, le premier publié le 31 mai par NBC (47% contre 45% à Trump) et le second publié le 1er juin par Quinnipiac (45% contre 41% à Trump).
Le premier problème d’Hillary Clinton est… sa compétence.
Evidemment, ce n’est pas le fait qu’elle possède cette qualité mais que celle-ci l’empêche souvent d’avoir un message simple, percutant et efficace pour faire passer ses idées.
De ce point de vue, elle peut être perçue comme une mauvaise communicante.
Cela se voit d’autant mieux qu’elle a eut face à elle un Barack Obama en 2008 et aujourd’hui qu’elle fait face à Donald Trump qui ont, tous deux, un don en la matière même si, paradoxe, elle est sans doute plus proche de ses électeurs que ne l’a été Obama – très dans l’introspection et plutôt un cérébral introverti – et ne l’est Trump – qui a une aversion certaine pour les bains de foule et la promiscuité avec ses fans.
Le deuxième problème est qu’elle n’a pas énormément de charisme, ce qui n’en fait pas une leader naturelle.
Même si Trump est faux et Sanders plus dans la hargne, il est évident qu’en la matière, ils sont beaucoup plus efficace qu’elle.
Le troisième problème est qu’Hillary Clinton a été souvent vu comme cassante avec la presse dans le passé.
Mais, comme nous l’avons vu, ce comportement est avant tout une réponse à l’agressivité des médias à son encontre.
Néanmoins, aujourd’hui, elle est prise dans un engrenage où elle peut apparaître à certains aussi fautive que ses contempteurs médiatiques.
Car, même si elle a essayé de recoller les morceaux avec les journalistes, chacune de leurs attaques ou simplement chacun de leurs questionnements, légitimes ou non, réveillent en elle une certaine paranoïa qui, si elle est compréhensible, la met dans une position de défense mais surtout la fait apparaître comme rigide et peu ouverte au dialogue.
Et elle n’est nullement capable de charmer les journalistes comme Obama et, encore moins, les insulter et les diffamer comme le fait tous les jours Trump et comme s’y essaye à périodes répétées, Sanders.
Deux comportements qui, eux, donnent des résultats très positifs pour ceux qui les adoptent…
Le quatrième problème va de pair avec le troisième.
Ainsi, Clinton n’a jamais su tordre le coup définitivement à toutes les attaques sur son honnêteté.
Quand Trump la baptise «crooked Hillary» (Hillary la corrompue), il ne s’appuie sur aucun fait démontré, sur aucune condamnation de justice.
Mais l’attaque porte parce qu’une majorité des Américains ne pensent pas que Clinton soit honnête.
Et peu importe que rien n’est démontré sa malhonnêteté jusqu’à présent car les médias entretiennent systématiquement le flou en la matière ce qui suffit, en général, à l’opinion publique pour avoir plus que des doutes.
Le cinquième problème est qu’elle a parfois paru hésiter sur son programme, voire s’est contredite.
Mais tous les candidats à la présidence sont dans le même cas depuis la création des Etats-Unis.
Ainsi, Trump, surtout, Sanders également, se sont contredits et manquent de clarté sur les mesures qu’ils soutiennent et la façon dont ils les mettront en place s’ils sont élus.
Pourtant, vu son statut de «candidate sérieuse», on le lui reproche plus qu’aux deux autres.
Le sixième problème est sûrement une des bases des cinq autres: Hillary Clinton ne sait pas se faire aimer.
Si les fans de Donald Trump et de Bernie Sanders leur pardonnent tout et sont aussi fanatiques dans leurs soutiens, c’est qu’ils aiment leurs héros.
Ils sont prêts à tout pour les défendre, même à mentir, même à insulter, même à utiliser la violence.
Peu de tout cela avec Hillary Clinton.
Ceux qui la soutiennent parlent de sa compétence, de sa brillance intellectuelle, de sa capacité à diriger les Etats-Unis mais peu s’enflamment et lui font une déclaration d’amour.
Pour terminer, on pourrait se demander si Hillary Clinton serait encore en vie politiquement parlant si elle avait dit autant de mensonges et d’imbécillités que Trump et si elle avait adopté les positions irresponsables et la hargne de Sanders.
Sans doute pas et c’est peut-être la meilleure preuve que, quoi qu’elle soit, elle a un plafond de verre beaucoup plus haut que n’importe quelle autre personnalité politique sans que cela ne soit réellement justifié.

Alexandre Vatimbella

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