Il est faux de dire qu’il n’y a que deux partis politiques
aux Etats-Unis.
Il y en a autant, voire plus, que dans les autres
démocraties.
On trouve des partis communistes (dont le Communist party
USA), des partis socialistes (dont le Socialist party USA), des partis
centristes (comme le Modern whig party), un parti libertairien (Libertarian
party), un parti écologiste (Green party), des partis d’extrême-droite et
d’extrême-gauche comme le Socialist workers party ou le parti nazi, National
socialist movement.
Mais il est vrai que le Parti démocrate et le Parti
républicain dominent outrageusement la vie politique étasunienne.
C’est pourquoi, lorsque Bernie Sanders, socialiste
revendiqué, se présente à l’élection présidentielle, il préfère concourir à la
primaire démocrate que de se présenter sous la bannière du parti socialiste.
De même, le libertarien Rand Paul a préféré concourir à la
primaire républicaine plutôt que de se présenter à celle du Libertarian party.
Résultat, les deux grands partis couvrent, chacun, un large
spectre de l’échiquier politique.
Du côté républicain, jusque récemment, cela allait de
l’extrême-droite au centre-droit, voire au centre.
Aujourd’hui, la tendance centriste chez les républicains est
devenue quasi-inexistante.
Du côté démocrate, cela va de l’extrême-gauche au centre.
Ainsi, pour la primaire actuelle, les deux candidats représentent
deux grandes tendances qui agitent le parti depuis le début du XX° siècle,
surtout les deux seules restantes depuis le départ de l’aile conservatrice (et
souvent raciste) des démocrates du sud, les «dixicrats», à la fin des années
1960 pour rejoindre les républicains.
Si en matière sociétale, les deux ailes démocrates sont
libérales, la ligne de partage entre la tendance de gauche et celle du Centre
se fait surtout sur la politique économique et sociale ainsi que sur la
politique étrangère.
Ainsi, il y a une vraie différence entre les propos de
Bernie Sanders et le programme d’Hillary Clinton.
Le premier parle d’interventionnisme étatique, de
redistribution sociale, de lutter contre les milliardaires, de prendre nombre
de mesures protectionnistes et d’installer une social-démocratie européenne aux
Etats-Unis, tout en indiquant que le rôle de l’Amérique dans le monde ne sera
plus celui d’une grande puissance qui se mêle de toutes les affaires de la
planète et qu’il mettra un frein à la globalisation.
La deuxième, elle, parle, d’opportunités, de libéralisme
économique, de solidarité sociale et veut libérer les énergies
entrepreneuriales, tout en affirmant que les Etats-Unis continueront à être les
leaders du monde libre et qu’ils prendront toutes leurs responsabilités dans la
mondialisation.
C’est évidemment la différence entre un programme de gauche
et un programme centriste.
Actuellement, la majorité du Parti démocrate est sur la
ligne politique d’Hillary Clinton comme viennent de le montrer le résultat des
primaires du mardi 26 avril où celle-ci a remporté quatre scrutins sur cinq
dont la Pennsylvanie et le Maryland.
Elle est désormais pratiquement assurée d’être la candidate
du parti le 8 novembre prochain, démontrant que les démocrates ont choisi une
nouvelle fois une ligne modérée, pragmatiste et basée sur le réel.
Il faut dire qu’ils ont essuyé de sévères échecs quand ils lui
ont tourné le dos, préférant des candidats marqués à gauche.
Pour autant, la ligne socialiste et social-démocrate n’a pas
été enfoncée, loin de là.
Et même si elle a bénéficié du fait que Sanders était le
seul opposant à Clinton, ce qui a apporté des voix au sénateur du Vermont qui
se seraient portées sur des candidats moins à gauche s’il y en avait eu,
Hillary Clinton va devoir récupérer tous ceux qui soutiennent Sanders.
Sa chance est qu’elle aura en face d’elle un populiste
démagogue comme Donald Trump qui a remporté facilement les cinq primaires
républicaines du 26 avril, ce qui fait de lui, désormais l’ultra-favori pour
être le candidat du parti.
Car les sondages le disent, les pro-Sanders voteront pour
Clinton contre la menace Trump.
Mais même si c’était par un hasard extraordinaire Ted Cruz,
son extrémisme de droite et son personnage largement détesté par une majorité
d’Américains en fait un repoussoir encore plus puissant pour les électeurs
démocrates, «independents» et républicains modérés.
Surtout que, dans une dernière tentative pour survivre dans
cette élection, il vient de choisir celle qui serait sa vice-présidente, Carly
Fiorina, une républicaine très à droite et controversée qui a été une
dirigeante d’entreprise, à la fois, très antipathique et aux résultats
catastrophiques, ce qui ne devrait pas l’aider beaucoup s’il se présentait le 8
novembre prochain.
Alexandre Vatimbella
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